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couverture du livre l'Ethique à Nicomaque d'Aristote

Résumé de l'Ethique à Nicomaque (page 2)

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Aristote montre l’ampleur de ce désaccord : Les uns jugent que c’est un bien évident et visible tel que le plaisir, la richesse, les honneurs, pour d’autres la réponse est différente ; et souvent pour le même individu elle varie : par exemple malade il donne la préférence à la santé, pauvre à la richesse 1, etc.


Une science doit se fonder sur des principes, sur ce qui est évident par soi, et le principe, en cette matière [l’éthique], c’est le fait 2. Il semble donc qu’Aristote va s’appuyer sur l’expérience pour parler d’éthique.


Il distingue trois genres de vie : l’une orientée vers le plaisir (c’est là une existence toute animale, partagée par la foule), une autre orientée vers les honneurs (il s’agit de la vie politique active de l’élite), et la dernière vise la contemplation.

Les honneurs ne sont pas le vrai bien suprême parce qu’on ne les reçoit que pour notre mérite. Le mérite (la vertu) est donc supérieur aux honneurs. Mais la vertu n’est pas non plus le bien suprême parce que l’homme vertueux peut subir de grands maux (par exemple Socrate, condamné malgré ses mérites) ; il serait paradoxal de dire qu’un homme qui souffre autant connaisse le bien suprême.


Aristote passe du plan de l’opinion à celui de la philosophie en examinant la doctrine du Bien en soi de Platon. Faut-il accepter cette théorie ? Aristote n’est pas convaincu par celle-ci, et dans une phrase restée célèbre, il montre qu’ on peut avoir de l’affection pour les amis et la vérité ; mais la moralité consiste à donner la préférence à la vérité 3.

Ce qui empêche Aristote de donner son assentiment à l’idée platonicienne d’un Bien en soi unique et général, c’est que le bien comporte autant de catégories que l’être 4.

On sait que dans son ouvrage les Catégories, Aristote a identifié plusieurs genres de l’être, par exemple : la quantité, la substance, l’accident, etc.

Or de même le bien est exprimé dans son essence, dans sa qualité et sa relation. Aussi ne pourrait-on attribuer à ces diverses catégories d’idée commune 5.

Aristote donne plusieurs exemples :

En tant que substance, le bien suprême s’appelle Dieu et l’intelligence ; en tant que qualité, les vertus ; en tant que quantité, la juste mesure ; en tant que relation, l’utile ; dans le temps, on l’appelle occasion […] et ainsi de suite 6.

La conclusion s’impose : Aussi est-il bien évident que le bien ne saurait être quelque caractère commun, général et unique 7.


Si d’autre part il y avait un seul et unique Bien en soi, il y aurait une seule science de tous les biens. Or on voit qu’il y en a plusieurs : la stratégie, la médecine ou la gymnastique sont des disciplines qui prennent pour objet ce qu’il est bien de faire dans les domaines de la guerre, de la santé ou du corps.

Le Bien en soi n’est rien d’autre que le bien. La notion platonicienne d’en soi est vide : L’homme en soi et un homme admettent une seule et même définition : celle de l’homme. S’il en va ainsi, il en est de même pour le bien 8.

Le Bien platonicien est éternel : certes mais le fait que le bien est éternel n’accroîtra pas sa nature, de même que la blancheur d’un objet ne sera pas accrue si cet objet dure plus longtemps qu’un autre, lequel n’est blanc qu’un seul jour 9.

L’Idée de Bien en soi apparaît finalement comme inutile :

On est bien embarrassé de préciser l’utilité que retirerait un tisserand ou un charpentier de la connaissance de ce bien en soi ou dans quelle mesure la contemplation de cette idée faciliterait la pratique de la médecine ou de la stratégie 10.


On voit qu’Aristote continue ici la critique de la théorie platonicienne des Idées, qu’il avait initié dans d’autres ouvrages comme par exemple la Métaphysique.

1 ibid.
2 ibid., p.25
3 I, 6, p.27
4 ibid.
5 ibid.
6 ibid.
7 ibid.
8 ibid., p.28
9 ibid.
10 ibid., p.30