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couverture du livre de l'Ame d'Aristote

Résumé du traité De l'âme (page 3)

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Livre II

Aristote cesse son examen des doctrines traditionnelles de ses prédécesseurs sur l’âme.

Il va tâcher d’en proposer une définition positive : Efforçons nous de déterminer ce qu’est l’âme et quelle peut être sa définition la plus générale 1.


Pour Aristote l’âme est une substance. Il rappelle le sens ambigu de cette notion, tel qu’il l’a établi dans d’autres ouvrages comme la Physique : la substance désigne à la fois la matière d’une chose, mais aussi peut signifier la forme de celle-ci, ou encore le composé matière forme (toute chose étant finalement une matière ayant pris une certaine forme).

L’âme selon Aristote est une substance au deuxième sens : c’est une forme, la forme du corps, qui représente la matière. Le composé des deux est l’être vivant.

Ainsi l’âme est nécessairement substance en ce sens qu’elle est la forme d’un corps naturel ayant la vie en puissance 2.


De plus la forme est acte (ou entéléchie), tandis que la matière est puissance (ainsi que l’a montré Aristote dans la Métaphysique) l’âme est donc l’entéléchie d’un corps ayant la vie en puissance 3.

Matière et forme d’une chose ne peuvent être séparées : Il n’y a pas à rechercher si l’âme et le corps sont une seule chose, pas plus qu’on ne le fait pour la cire et l’empreinte 4. Ce n’est pas le corps ou l’âme qui existe, mais le corps et l’âme ou plus exactement le corps animé.

Ou encore : l’âme est forme ou acte du corps :

Par conséquent c’est à bon droit que des penseurs ont estimé que l’âme ne peut être ni sans un corps, ni un corps, car elle n’est pas un corps, mais quelque chose du corps 5.

On pourrait dire que la « hachéité », le tranchant est à la hache ce que l’âme est au corps ou encore que l’âme est au corps ce que la vue est à l’œil.


Aristote passe en revue les différentes facultés de l’âme, en allant de l’inférieure à la supérieure : ce sont les facultés nutritives, désirantes, sensitives, locomotrices et dianoétiques.

Certains êtres (comme les plantes) n’ont que la faculté nutritive, d’autres y ajoutent le toucher, ou d’autres sens, l’homme développe les facultés supérieures.

La sensation est à la base de l’organisation de l’animal. Le toucher est la sensation privilégiée, parce qu’il appartient primordialement à tous les animaux, et sans le toucher, aucun autre sens n’existe, tandis que le toucher existe sans les autres sens 6.

C’est par la faculté nutritive, la première et la plus commune des facultés que la vie appartient à tous les êtres : elle regroupe à la fois l’assimilation de la nourriture et la reproduction : La même faculté de l’âme est à la fois nutritive et génératrice 7.


A partir d’un paradoxe apparent (pourquoi des organes eux-mêmes n’y a-t-il pas sensation ?) Aristote explique le mécanisme de la perception : la faculté sensible (par exemple la vue) n’existe pas en acte mais seulement en puissance, et c’est l’objet perçu qui l’actualise.

La vue est possible grâce au diaphane, le fondement de tous les phénomènes de couleur ; composé d’air et d’eau, il est un médium transparent entre l’objet et l’œil.

Aristote note que l’on peut parler grâce au larynx et que notre odorat est moins développé que celui de la plupart des bêtes. Par contre, par la finesse du toucher, l’homme est de loin supérieur à tous les autres. Et c’est pourquoi il est le plus intelligent des animaux 8. Le goût est une sorte de toucher.


Le mécanisme général de la sensation est le suivant : Le sens est le réceptacle des formes sensibles sans la matière, comme la cire reçoit l’empreinte de l’anneau sans le fer ni l’or 9.


1 II, 1, 412a, p.65
2 ibid., p.67
3 ibid., p.68
4 ibid., 412b, p.69
5 II,2, 414a, p.79
6 II, 3, 415a, p.84
7 II, 4, 416a, p.90
8 II, 9, 421a, p.123
9 II, 11, 424a, p.139