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couverture du livre l'Existentialisme est un humanisme de Sartre

Résumé de : L'Existentialisme est un humanisme

Publié en 1946, cet ouvrage de Sartre cherche à préciser de manière pédagogique ce qu’est l’existentialisme. Il s’agit du compte rendu d’une conférence effectuée à Paris l’année précédente. Ce texte facilement accessible, souvent étudié en classe de terminale, ne constitue pour Sartre qu’une simple introduction à sa pensée.


Du même auteur : l'Etre et le Néant  l'Imaginaire


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Sartre expose les reproches que le courant philosophique dont il a été l’un des initiateurs, l’existentialisme, a suscités : quiétisme (inutilité de l’action), pessimisme, individualisme… Pour répondre à ces objections, Sartre se propose de montrer que l’existentialisme est un humanisme.

On peut distinguer deux types : l’existentialisme chrétien (Jaspers, G. Marcel) et l’existentialisme athée (Heidegger ou Sartre). Le point commun de ces approches diverses est leur adhésion à l’idée selon laquelle l’être humain se définit par le fait que l’existence précède l’essence.


Cela signifie qu’il n’y a pas de concept d’homme préétabli auquel je pourrais et devrais me conformer. Je suis libre de devenir ce que je veux ; je vais choisir, tout au long de ma vie, ce que je serai ; et je peux à chaque instant devenir autre chose que ce que je suis à ce moment là.

L’homme n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait 1. De là le premier principe de l’existentialisme : L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait 2.

Pour les objets c’est l’inverse. Sartre prend l’exemple du coupe-papier ; il existe un concept de coupe-papier qui définit une certaine utilité, une fonction précise de cet objet. C’est son essence, ce qu’il est. Cette essence précède son existence : on va construire cet objet, le faire venir à l’existence, de manière à ce qu’il réponde à cette fonction. Et il n’évoluera pas.


Si l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait 3, premier principe de l’existentialisme, alors, l’homme devient entièrement responsable de ce qu’il est. De plus, il est responsable de tous les hommes. En effet, faire un choix, c’est implicitement dire que ce qui est choisi a une valeur, et une valeur pour tous les hommes : En me choisissant, je choisis l’homme 4. Notre responsabilité est donc absolue, dans l’Existentialisme est un humanisme, ce qui engendre l’angoisse chez l’homme.

L’existentialisme sartrien prend pour point de départ que Dieu n’existe pas. De ce fait, il n’y a plus de nature humaine, il n’y a plus de normes morales, plus de bien ni de mal a priori. En effet, il n’y a plus d’intellect suprême qui ait pu forger ces notions. C’est à l’homme de décider ce qui est bien, ce qui est mal, et ce que doit être l’homme :

Si Dieu n’existait pas, tout serait permis, dit Dostoïevski : c’est là le point de départ de l’existentialisme 5.

Ou encore : Nous sommes seuls, sans excuses. C’est ce que j’exprimerai en disant que l’homme est condamné à être libre 6.


Sartre prend un exemple afin d’illustrer l’idée selon laquelle l’homme est condamné à chaque instant à inventer l’homme 7. Voici un dilemme : dois-je abandonner ma mère malade et devenir résistant ? Rien ne peut m’aider : les morales chrétiennes ou kantiennes sont trop abstraites et trop vagues pour répondre à cela. La seule solution est de prendre une décision et d’en assumer la responsabilité.

On voit alors pourquoi l’existentialisme n’est pas un quiétisme : loin de paralyser l’action, je dois m’engager. L’homme n’a de réalité que dans son action. L’homme n’est rien d’autre que la somme de ses actes, de sa vie. C’est là une doctrine peu consolatrice envers l’homme qui a raté sa vie. Si j’ai raté ma vie, je suis responsable de cet échec.

D’autre part, il n’y a pas de doctrine moins pessimiste, puisque le destin de l’homme est en lui-même 8. C’est une conscience libre, et non une chose, comme pour le matérialisme, qui en fait un objet parmi les autres, déterminé par l’économie.


L’existentialisme n’est pas un individualisme ; il part simplement de la vérité du cogito, le « je pense donc je suis » cartésien, parce qu’il s’agit d’une proposition certaine. Mais le cogito inclut non seulement l’expérience de la conscience qui se saisit elle-même, mais qui saisit aussi la certitude de l’existence des autres consciences. Avec l’existentialisme, l’homme n’est pas enfermé dans sa subjectivité, mais dans le monde de l’intersubjectivité.


1 L’existentialisme est un humanisme, Gallimard, Folio, Paris, 2010, p.29
2 p.30
2 p.31
4 p.33
5 p.39
6 ibid.
7 p.40
8 p.56