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couverture du livre l'Ethique de Spinoza

Résumé de l'Ethique (page 4)


Si l’homme pense, il n’est pas une substance mais l’essence de l’homme est constituée par des modifications précises des attributs de Dieu, quelque chose qui est en Dieu, et qui sans Dieu ne peut ni être ni se concevoir, autrement dit une affection qui exprime la nature de Dieu de manière précise et déterminée 1.

On voit donc que Spinoza se distingue fondamentalement de Descartes sur ce point, pour qui l’homme est formé de deux substances, la substance pensante et la substance étendue.


Pour Spinoza, l’esprit humain n’est pas une substance, mais une partie de l’intellect infini de Dieu 2. Ce qui permet cette belle affirmation : Dieu constitue la nature de l’Esprit humain 3.

Le corps quant à lui est l’objet de l’idée constituant l’esprit humain ou encore une manière de l’Etendue précise et existant en acte, et rien d’autre 4.


Cette conception permet de donner une solution au problème de l’union du corps et de l’esprit fondamentalement différente de celle de Descartes.

Tout d’abord, il y a bien union : Que l’Esprit est uni au Corps, nous l’avons montré de ce que le Corps est objet de l’Esprit 5.

Ensuite il n’y a pas deux choses distinctes, mais une seule et même chose, envisagée sous deux points de vue différents :

L’idée du Corps et le Corps, c’est-à-dire l’Esprit et le Corps, est un seul et même individu, que l’on conçoit tantôt sous l’attribut de la Pensée, tantôt sous celui de l’Etendue 6.


Cette solution résolument novatrice du problème de l’esprit et corps amène Spinoza à reconsidérer la nature de deux facultés : la connaissance et la volonté. Ces deux facultés sollicitent en effet, dans leur acception traditionnelle, le corps et l’esprit.

Les philosophes ont en effet essayé de déterminer l’importance du corps dans le processus de la connaissance. Comment connaît-on une chose ? Au moins dans un premier temps grâce à la perception du corps.

Pour Spinoza, nous percevons par les sens les choses extérieures, et nous en formons des concepts universels. Mais les sens nous les présentent de manière mutilée et confuse, et sans ordre pour l’intellect 7. Ce pourquoi ce premier genre de connaissance est imparfait : J’ai l’habitude d’appeler de telles perceptions connaissance par expérience vague 8.

Cette connaissance du premier genre regroupe ce qu’on l’on entend par opinion ou imagination.

Elle est l’unique source de fausseté.


La connaissance du second genre désigne la raison, c’est-à-dire le fait d’atteindre les notions communes et les idées adéquates des propriétés des choses.

La connaissance du troisième genre est une science intuitive, qui procède de l’idée adéquate de l’essence formelle de certains attributs de Dieu vers la connaissance adéquate de l’essence des choses 9.

Ces deux derniers genres de connaissance sont nécessairement vrais.


La vérité d’une idée apparaît dans son évidence : Qui a une idée vraie, en même temps sait qu’il a une idée vraie, et ne peut pas douter de la vérité de la chose 10.

Puisque notre esprit est une partie de l’intellect infini de Dieu, il est tout aussi nécessaire que les idées claires et distinctes de l’esprit soient vraies, que cela est nécessaire des idées de Dieu 11.

La raison perçoit les choses telles qu’elles sont en soi. Elle saisit donc leur caractère nécessaire ; de même il est de la nature de la raison de percevoir les choses sous une certaine espèce d’éternité 12 -sub specie aeternitatis.


Spinoza doit également, suite à sa nouvelle conception de l’union de l’esprit et du corps, revisiter la notion traditionnellement admise de volonté. En effet la volonté est classiquement une faculté par laquelle l’esprit agit sur le corps. Mais qu’est la volonté, si corps et esprit sont une même chose, envisagée sous deux angles différents ?

1 livre II, prop.10, corollaire, p.111
2 livre II, prop. 11, corollaire, p.113
3 ibid.
4 livre II, prop. 13, p.117
5 livre II, prop. 21, démonstration, p.143
6 livre II, prop.21, scolie, p.143
7 livre II, prop. 40, scolie II, p.169
8 ibid.
9 ibid.
10 livre II, prop. 43, p.171
11 ibid., scolie, p.175
12 livre II, prop. 44, corollaire 2, p.177