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couverture du livre l'Ethique de Spinoza

Résumé de l'Ethique (page 8)


Il est faux donc de croire que la nature soit parfaite ou imparfaite puisqu’elle ne vise pas un but ; les notions de perfection et d’imperfection ne sont que des fictions introduites par les hommes.

De même bien et mal ne désignent pas non plus rien de positif dans les choses, mais rien d’autre que des manières de penser ou notions que nous formons de ce que nous comparons les choses entre elles 1.


Pourtant, il faut conserver ces termes, pour pouvoir former une idée de la nature humaine.

Ce pourquoi Spinoza commence le livre IV en définissant ainsi les concepts moraux : Par bien et mal, j’entendrai ce que nous savons avec certitude être un moyen d’approcher ou de s’éloigner du modèle de la nature humaine que nous nous proposons 2.

De ce fait, la notion de bien ne recouvre d’autre signification que celle d’utilité : Par bien, j’entendrai ce que nous savons avec certitude nous être utile 3, ou encore de ce qui nous est bénéfique :

Nous appelons bien ou mal ce qui sert ou bien nuit à la conservation de notre être 4.

Enfin, Spinoza rapproche les notions de bien et de mal de celles de joie et de tristesse, telles qu’il les a définies au livre précédent, comme passage à une perfection plus ou moins grande : La connaissance du bien et du mal n’est rien d’autre que l’affect de joie ou de tristesse, en tant que nous en sommes conscients 5.


Notons que c’est dans la proposition 4 de ce livre que l’on trouve la célèbre assimilation de Dieu à la nature : […] la puissance même de Dieu, autrement dit de la Nature 6 (Deus sive natura).


Ce qui fait la servitude humaine, c’est que nous ne pouvons, en vertu du déterminisme, maîtriser un affect, ou y échapper, de par notre volonté. En fait, un affect ne peut être contrarié ou supprimé que par un affect contraire et plus fort que l’affect à contrarier 7.

Spinoza consacre plusieurs propositions d’ordre psychologiques à préciser la manière dont un affect s’empare de nous. Par exemple : Un affect par rapport à une chose que nous imaginons comme nécessaire est toutes choses égales d’ailleurs, plus intense qu’à l’égard d’une chose possible ou contingente, autrement dit non nécessaire 8.


Spinoza annonce à partir de la proposition 18, qu’il va maintenant montrer ce que la raison prescrit, à savoir quels sont les affects qui conviennent avec les règles de la raison humaine et quels sont au contraire ceux qui leur sont contraires 9.

Or la raison ne demande rien contre la nature, c’est donc elle-même qui demande que chacun s’aime lui-même, recherche ce qui lui est utile, et aspire à tout ce qui augmente notre perfection, et que chacun s’efforce autant qu’il est en lui de conserver son être 10.

Spinoza appelle vertu le fait d’ agir d’après les propres lois de sa nature, et donc le fondement de la vertu est l’effort même pour conserver son être propre 11.

Ce qui nous est le plus utile, c’est ce qui est de même nature que nous. Donc à l’homme rien de plus utile que l’homme 12. De ce fait, l’homme que gouverne la raison, c’est-à-dire celui qui recherche son propre bonheur, n’aspire à rien d’autre qu’au bonheur général de tous les hommes.

Spinoza remet donc en cause le principe selon lequel agir vertueusement est agir de manière désintéressée. L’égoïsme, bien compris, est le fondement de l’altruisme, pourrait-on dire, puisque autrui nous est foncièrement utile.


Si tous les hommes vivaient sous la conduite de la raison, chacun agirait selon le souverain droit de nature, c’est-à-dire ferait tout ce qui suit de la nécessité de sa nature ; mais à cause des affects, qui surpassent la puissance ou vertu de l’homme, ils se trouvent entraînés diversement, contraires les uns aux autres 13.

1 ibid., p.341
2 ibid.
3 livre IV, définition 1, p.343
4 livre IV, prop. 8, démonstration, p.355
5 ibid.
6 livre IV, prop.4, p.349
7 livre IV, prop.7, p.353
8 livre IV, prop.11, p.359
9 livre IV, prop.18, scolie, p.369
10 ibid.
11 ibid.
12 livre IV, prop.35, corollaire 1, p.391
13 livre IV, prop.37, scolie 2, p.399