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couverture du livre les Pensées pour moi-même de Marc Aurèle

Résumé de : Les Pensées pour moi-même

Les Pensées pour moi-même ont été rédigées en grec par l’empereur romain Marc Aurèle, entre 170 et 180 ap. J.C., souvent pendant ses campagnes militaires. Elles étaient à l’origine destinées à être détruites à la mort de son auteur. Mais elles ont dépassé le statut de simple journal intime, pour devenir un ouvrage majeur de la philosophie stoïcienne.



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Comment atteindre le bonheur ? Pour le stoïcisme, cela passe par la sérénité, l’impassibilité, l’absence de trouble face aux événements tristes ou angoissants de la vie.


Les Pensées pour moi-même de Marc Aurèle illustrent admirablement cette doctrine.

Mais comment rester calme ou heureux face à un événement tragique, comme la mort d’un proche ?

Lisons Marc Aurèle pour saisir le secret de l’impassibilité stoïcienne.


Il s’agit tout d’abord de s’engager dans une conception déterministe du monde. Ce n’est pas par hasard que se produit tel ou tel événement. Ce n’est que l’effet d’une cause qui l’a produit, et cette cause a eu elle-même une cause, qui elle-même n’est que l’effet d’une cause antérieure, etc.

De ce fait, tous les événements du monde étaient contenus dans la première cause, et tout arrive nécessairement. Il est obligé que chaque événement se produise :

Quoi que ce soit qui t’arrive, cela t’était préparé de toute éternité, et l’enchaînement des causes avait filé ensemble pour toujours et ta substance et cet accident 1.


Prenons un exemple : supposons qu’aujourd’hui je sorte de chez moi, qu’une brique me tombe sur la tête et que je meure. Cet événement semble s’être produit par le plus pur des hasards. Or en fait, il n’est que la conséquence d’un ensemble de causes.

Si cette brique m’est tombée sur la tête, c’est parce qu’elle a été posée et oubliée là par un ouvrier. S’il l’a posé là sur le toit, c’est parce qu’il voulait l’utiliser pour construire une nouvelle cheminée. S’il voulait construire une nouvelle cheminée, c’est parce que le propriétaire de l’immeuble souhaitait engager de nouveaux travaux. Pourquoi ? Parce qu’un locataire s’est plaint. Pourquoi s’est-il plaint ? Etc, on remonte la chaîne des causes.

De même, si la brique est tombée, c’est parce qu’il y a eu un coup de vent. Pourquoi y a-t-il eu ce coup de vent ? Parce qu’il y a une dépression qui provoque un tel mouvement des masses d’air. Pourquoi y a-t-il une telle dépression ? Là encore cet événement a ses causes, et on remonte la chaîne des causes.

C’est cette chaîne de causalité que Marc Aurèle décrit ainsi toutes les choses sont entrelacées les unes avec les autres ; leur enchaînement est saint 2.

Le hasard n’existe donc pas, mais on a un destin, au sens où le cours des événements qui vont nous affecter est déjà programmé.


Pourquoi maintenant le déterminisme, qui n’est qu’une conception métaphysique ou ontologique du monde, a-t-il une portée éthique ? Pourquoi reste-t-on calme et serein dans un monde déterministe, par opposition à un monde régi par le hasard ?

Parce que si tel ou tel événement triste avait pu se passer autrement, alors il est légitime de se lamenter, parce que cette douleur aurait pu être évitée. Tout autre aurait pu être le cours des choses. Tel être proche, qui vient de décéder, aurait pu avoir la vie sauve, si sa mort est arrivée par hasard.

En revanche, si rien n’arrive par hasard, mais que sa mort procède mécaniquement de la chaîne des causes, tendant inexorablement à cette issue, dès le départ, alors toute tristesse est vaine, parce qu’elle ne repose sur aucun fondement. Aucun monde n’est possible, où cette mort ne soit pas.

Pour généraliser : on peut se plaindre ou se lamenter d’une douleur qui aurait pu être évitée, mais il est absurde de se plaindre ou de se lamenter de quelque chose d’inévitable. Car il n’y a aucun autre état existant qui soit souhaitable.

Marc Aurèle résume cela ainsi dans les Pensées pour moi-même :

Il faut aimer ce qui t’arrive […] parce que cela était fait pour toi, te correspondait et survenait en quelque sorte à toi, d’en haut, de la chaîne des plus antiques causes 3.


Pour rester impassible et heureux, il faut d’autre part restreindre nos ambitions, au sens où il ne faut pas trop demander aux hommes. Si l’on considère que les hommes sont bons, alors nous serons forcément déçus et malheureux.

1 Pensées pour moi-même, GF-Flammarion, Paris, 1964, trad. M. Meunier, livre X, 5, p.162
2 livre VII, 9, p.114
3 livre V, 8, p.84