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photo de Guy Pannetier

Guy Pannetier

Paris

Nous découvrons ici le parcours de Guy Pannetier, animateur de cafés-philo, fondateur du site Cafes-Philo.org.

Etudes, lectures, projets... Voici son témoignage !


Pouvez-vous vous présenter ? Que faites vous actuellement ?

J’ai 80 ans. Les circonstances font qu’à l’âge de quatorze ans je suis apprenti cuisinier dans l’un des plus grands restaurants de Paris. C’est le début d’un parcours atypique ; métiers différents, situations différentes. Tour à tour employé, patron, puis cadre supérieur dans un groupe de presse. Une vie riche, très riche de rencontres et d’expériences ; du monde artistique, au monde industriel. Une vie professionnelle pleine et entière pour quitter le monde du travail quarante ans plus tard.

C’est là, que la fréquentation des livres, des auteurs, des philosophes, ne laisse pas place à un vide.


En décembre 1999 le journal municipal de ma ville, annonce le premier débat d’un café-philo. J’y retrouve tous mes questionnements. D’un débat à un autre, armé des lectures, des études antérieures, et du désir de comprendre pour faire comprendre, du goût du partage, de la conceptualisation de ce qui est clair « dans ma tête », tout cela fait qu’un participant va devenir animateur. 

Sans avoir aucun diplôme dont je puisse me réclamer pour être animateur de débats philosophiques, j’ai ressenti un vif intérêt pour le débat, pour faire connaître, faire aimer toute philosophie qui peut nous apporter, qui peut nous être de quelque utilité pour orienter notre vie.  Et puis on ne choisit pas d’être animateur, ce sont la plupart du temps les participants qui vous choisissent. 

Actuellement j’anime des cafés-philo, des ateliers philo, sur Paris ou sur la banlieue parisienne. Cette activité qui est d’abord du plaisir, nécessite que toujours on s’informe, qu’on consacre du temps à étudier les sujets que l’on va proposer.  J’enregistre et je restitue les débats d’un café-philo que je publie sur un site Internet. Je suis également président d’une association philosophique depuis 2005.

Quel souvenir gardez-vous de vos études ? de vos professeurs ?

Autodidacte, j’aurais bien peu à dire sur ce sujet, sauf à rendre hommage à cette dame, mon institutrice. Institutrice de ce village de campagne, qui accueillait, enseignait à des enfants de six à quatorze ans, dans une même classe. (Bien peu accédaient à des études secondaires).

Depuis l’adolescence j’ai conservé le goût de la lecture, des romans, des auteurs classiques, comme des essais, et d’ouvrages philosophiques. Etudes que j’ai pu prolonger pendant deux années et demie à l’armée, pour que cette période ne soit pure perte de temps.  Tout au long de ma vie professionnelle je me suis astreint à conserver du temps pour la lecture.

Bien sûr, j’aurais aimé avoir des professeurs de philo, comme André Comte-Sponville, Luc Ferry, ou un maître comme Henri Pena Ruiz qui est d’une telle clarté du propos qu’il me donne presque l’idée d’être tout à coup plus intelligent. 

Quel est le livre de philo qui vous a particulièrement passionné ? l’auteur pour qui vous avez eu un véritable coup de foudre ?

Après avoir beaucoup hésité pour n’en choisir qu’un seul, le livre qui m’a le plus passionné, suscité le plus d’intérêt (que j’emmènerai sur l’île déserte), reste Les Essais de Montaigne. Je l’ai lu et relu, à diverses époques de ma vie. J’y ai retrouvé le prolongement des grands courants de pensée, des grecs aux romains. J’y ai retrouvé nombre de mes questionnements. J’y ai découvert une philosophie à vivre, du comment « vivre à propos » comment « être à soi, se conserver une arrière boutique », et surtout un message humaniste, tout entier résumé dans ce conseil que je fais mien : Être humain, c’est pardonner aux hommes de n’être que ce qu’il sont.

Quels sont vos projets ? Vos travaux de recherche ?

Mes projets qui toutefois ne sont plus à si long terme, (je rappelle mon âge) sont de continuer à étudier, à parcourir le champ philosophique pour partager, donner envie de débattre, être modestement un passeur. Pour, comme nous y invitait Diderot : …rendre la philosophie populaire, pour faire vivre une philosophie moins académique dans la cité, pour que des participants parviennent à mieux conceptualiser, pour visiter avec eux cette Thèbes aux cent portes.

Un corps n'est vivant que si l'ensemble participe à son processus de vie, ceci est également valable pour la philosophie. Les nouvelles pratiques philosophiques actuelles, quelle que soit leur forme, leur évolution, sont hors une demande, et un besoin, peut-être un début de réponse au souhait de Diderot : Rapprocher le peuple du point où en sont les philosophes.



Merci Guy, pour ce témoignage !

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