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photo de Jean Barbier

Jean Barbier

Lyon

Nous découvrons ici le parcours d'un nouvel acteur de la scène philosophique française, Jean Barbier.

Etudes, lectures, projets... Voici son témoignage !


Pouvez-vous vous présenter ? Que faites-vous actuellement ?

Mon parcours est loin d’être linéaire. J’ai d’abord étudié la philosophie puis passé les concours du capes et de l’agrégation au début des années 2000 afin d’enseigner cette discipline. Mes multiples tentatives se sont malheureusement soldées par un échec.

J’hésitais à l’époque entre devenir professeur de philosophie ou journaliste, ayant eu l’opportunité de réaliser plusieurs stages en presse écrite. J’ai donc opté pour le journalisme. Pendant cinq ans, j’ai travaillé en CDI dans un magazine mensuel. Ces années m’ont permis d’interviewer des personnes passionnantes mais aussi de comprendre à quel point la philosophie me manquait. Elle m’est apparue comme essentielle, vitale même.

J’ai fini par démissionner de mon poste de journaliste pour tenter à nouveau, et finalement réussir, le capes externe de philosophie. Après avoir soutenu mon doctorat de philosophie, je suis aujourd’hui chargé de cours en esthétique à l’Université catholique de Lyon et enseigne dans un lycée de l’agglomération lyonnaise.

Quel souvenir gardez-vous de vos études ? De vos professeurs ?

Mes années d’hypokhâgne-khâgne à l’Externat Sainte-Marie de Lyon ont été marquées par la rencontre d’un grand professeur de philosophie, Jean-Noël Dumont. Il a su me montrer à quel point la philosophie et la vie étaient indissociables. Il m’a donné l’envie d’enseigner cette discipline, tout simplement.

La préparation des concours m’a également donné la chance d’assister aux cours de Patrick Wotling, consacrés à Nietzsche. Je parle de chance parce que jusqu’ici j’avais une vision caricaturale de la pensée nietzschéenne. Wotling m’en a révélé toute la complexité. Un professeur d’une grande classe, à l’humour ravageur.

Malgré ces belles rencontres, je garde un souvenir mitigé de ces longues années d’étude. La compréhension des auteurs et des concepts se produit réellement lorsque l’on commence à enseigner. J’aurais dû enseigner la philosophie beaucoup plus tôt, même sans avoir le concours, en tant que remplaçant.

Quel est le livre de philosophie qui vous a particulièrement passionné ? L’auteur pour qui vous avez eu un véritable coup de foudre ?

J’ai été fasciné par Bergson dès mes premières années d’étude. La clarté et la fluidité de son style m’ont immédiatement séduit. Partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. Cette phrase tirée de la conférence « la conscience et la vie » et publiée dans L’énergie spirituelle a été décisive dans mon parcours. Là était l’essence même de la philosophie, selon moi : une manière de comprendre quel est le sens de la vie et quelles conditions donnent accès aux plus grandes joies.

Avec le recul je me rends compte que j’ai relu tous les autres philosophes à la lumière de Bergson, en les situant par rapport à sa propre pensée, comme des inspirateurs, des adversaires ou encore des continuateurs.

Avez-vous déjà essayé d’écrire ? Pourriez-vous nous parler de vos créations ?

La pensée de Bergson a précisément suscité mon désir d’écrire une thèse. J’ai consacré mon doctorat à la question des rapports entre contemplation et création. Beaucoup de philosophies opposent les deux démarches. Nous serions soit destinés à contempler mais pas à créer, soit destinés à créer mais pas à contempler.

Il s’agissait alors de dépasser ce schéma d’exclusion, de penser contemplation et création comme deux pôles entre lesquels la vie joyeuse oscille. La contemplation inspire la création qui en retour donne à contempler ce qui vient de naître. Cette alternance vaut dans le domaine de la production (l’artiste crée une œuvre) comme dans le domaine de l’action (après avoir contemplé le malheur d’autrui, un individu charitable l’aide à renaître).

Mon travail d’écriture actuel consiste à transformer cette longue et laborieuse thèse en un livre qui serait accessible à tous.


Une fois ce projet terminé, j’aimerais publier quelques articles, et pourquoi pas un livre, concernant la philosophie de Luigi Pareyson, penseur italien peu connu en France et que j’ai pu découvrir en rédigeant ma thèse.

En définitive, j’essaye aujourd’hui d’être un enseignant chercheur. La recherche et l’enseignement sont pour moi indissociables et se nourrissent mutuellement.



Merci Jean, pour ce témoignage !

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