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photo de Stéphanie Lehuger

Stéphanie Lehuger

Paris

Nous découvrons ici le parcours de Stéphanie Lehuger, animatrice d'un podcast de philosophie.

Etudes, lectures, projets... Voici son témoignage !


Pouvez-vous vous présenter ? Que faites-vous actuellement ?

Je suis Stephanie Lehuger et je me sens vivante quand je parviens à construire une réflexion qui donne du sens au monde. En particulier, je m’efforce d’éclairer l’impact social et existentiel de la technologie sur le sens de nos vies, la construction de notre identité et la définition de notre humanité.

J’anime depuis 2020 le podcast “Le chemin de ma philosophie” où je cherche à répondre à des questions concrètes de la vie réelle en articulant des idées exigeantes dans un langage accessible. Les questions qui m’animent en particulier sont celles autour de la notion d’identité, de sens, de responsabilité, et celles qui mettent en perspective notre condition humaine avec le prisme des nouvelles technologies.

Mon approche n'est pas dogmatique, elle fait au contraire dialoguer des systèmes de pensée variés parce que je ne prêche pas pour une doctrine. Je souhaite plutôt encourager les personnes qui suivent mon podcast à exercer leur esprit critique et construire leur propre opinion. J’estime que leur écoute est fructueuse si leurs certitudes ont été bousculées et qu’elles ont fait un pas de côté, qu’elles ont infléchi et nourri leurs idées.


Comme je fais tout sur ce podcast, le contenu bien sûr mais aussi le mixage ou encore les créations graphiques associées, le résultat pourrait être meilleur sur certains aspects. Après plusieurs années d’existence, je me dis maintenant qu’il mérite que je me penche sur la forme, au-delà du contenu.

J’ai par exemple fait une tentative dont j’aime bien le résultat qui est sortie il y a quelques semaines. Il s’agit d’une série en quatre épisodes qui analyse une série de Netflix, Altered Carbon, et dans laquelle j’utilise une intelligence artificielle pour lire des extraits et j’ajoute un fond sonore qui immerge dans l’univers futuriste dans lequel s’ancre la réflexion. J’ai appelé la série “Survivre à la mort”.

J’y plonge dans un futur où les avancées technologiques permettent d'échanger nos corps. Dans cette série captivante en quatre épisodes, on se demande si nous serions toujours nous-mêmes avec un autre corps mais la même conscience ? Les révolutions technologiques rendent de plus en plus concrète cette vieille question philosophique qui explore la frontière entre notre corps et notre esprit.


Mon désir de saisir les multiples perspectives du monde m'a conduite à un parcours riche professionnellement, académiquement et géographiquement. Avant de me consacrer pleinement à la philosophie, j'ai travaillé au cours des 15 dernières années dans des startups, des ONGs, dans le conseil en stratégie et à l’ONU. Pour considérer le monde sous différents angles, j'ai étudié la philosophie à l’Université de Reims, le commerce à l’ESSEC, les politiques publiques à l’ENA et l'informatique à 42. J'ai également vécu et travaillé à San Francisco, Paris, Mexico, Rome, New York, en Inde ou encore Boston. Ce parcours a façonné ma perspective unique sur les défis éthiques, sociaux et existentiels contemporains.

Quel souvenir gardez-vous de vos études ? De vos professeurs ?

J’aime tellement les études que j’en ai fait beaucoup ! Philo, commerce, informatique, politiques publiques, finance… Je pense que j’en ai fait autant aussi parce que j’ai commencé par des études plus sécurisantes financièrement que la philosophie. Alors j’ai navigué longuement avant de m’autoriser à me tourner pleinement vers ce qui m’anime profondément : la réflexion.

Les professeurs que j’ai préférés sont celles et ceux avec qui il était possible d’avoir des débats passionnés et de partager des opinions non conventionnelles. Plusieurs m’ont fait faire des bonds en avant dans ma vie parce qu’ils et elles ont vu en moi quelque chose que je ne voyais pas moi-même. Leur regard encourageant m’a poussée à réaliser des choses dont je ne me sentais pas capable et m’ont fait réaliser l’ampleur de mes capacités.

Je me souviens également de mon échange avec un professeur à qui j’ai fait lire différents textes introspectifs et qui m’a fait “rencontrer” Václav Havel. D’après lui, ses questionnements et sa sensibilité ressemblaient à mes états d’âme et il m’a introduite à cet auteur un peu comme un ami nous présente quelqu’un en nous annonçant : “je suis sûr que vous allez bien vous entendre”.

Quel est le livre de philosophie qui vous a particulièrement passionné ? L'auteur pour qui vous avez eu un véritable coup de foudre ?

Je me souviens très bien avoir été physiquement agitée en lisant Humain, trop humain de Friedrich Nietzsche. L'ayant lu à la fin de mon adolescence, je pense qu'il a joué un rôle essentiel dans la formation de l'adulte que j’étais en train de devenir. La volonté de Nietzsche d’émanciper les individus des oppressions morales a considérablement interrogé mes valeurs au cours de cette période. En particulier l'impératif d'une pensée indépendante et la remise en question des dogmes et des conventions sociales. Depuis, j’insiste à mon tour sur l'importance de former une pensée qui nous soit propre, et j’ai notamment défendu cette nécessité dans une conférence où j’ai proposé une manière concrète de s’y prendre.

Avez-vous déjà essayé d'écrire ? Pourriez-vous nous parler de vos créations ?

Oui, j’ai terminé il y a peu de temps la rédaction d’un livre sur Václav Havel. Fascinée par sa manière de voir le monde, j’ai rédigé l’essai philosophique que son humilité l’a empêché d’écrire. J'ai envie de faire rayonner la philosophie de cet homme qui a su anticiper la crise de nos sociétés occidentales et y proposer un remède. Dramaturge, prisonnier politique et président de la République, il constitue une source d’inspiration en nous montrant que la peur et l'angoisse devant les défis actuels de notre monde peuvent devenir une source d'inspiration pour agir.

Malgré les obstacles qui se dressent devant nous, il nous encourage à ne jamais abandonner nos efforts pour changer le monde. Dans notre époque marquée par des crises écologiques, des pandémies et des conflits, Havel soulève des questions essentielles sur notre place et notre responsabilité dans ce monde. Il croit fermement que notre identité se forge à travers notre responsabilité envers celui-ci. Sa perspective philosophique, imprégnée d'action, offre des réponses tangibles à la crise de sens qui caractérise notre époque. Il nous démontre ainsi comment la philosophie peut être à la fois théorique et pratique, une boussole pour notre cheminement personnel et notre engagement envers le monde.

Pour les personnes curieuses de découvrir sa pensée philosophique, je l’ai présentée dans l’épisode 19 de mon podcast.



Merci Stéphanie, pour ce témoignage ! Vous pouvez retrouver ses écrits et ses conférences sur son site : www.stefets.com.

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