Bertrand Russell
Philosophie contemporaineCette figure incontournable de la philosophie anglo-saxonne enseigne à l'université de Cambridge.
Partisan de l'atomisme logique, il s'intéresse à la question du fondement des mathématiques, ainsi qu'aux rapports entre logique et mathématique.
Intellectuel engagé, il affiche des positions libérales. Athée, pacifiste convaincu, il fera quelques jours de prison, après l'obtention du prix Nobel.
Bibliographie
Voici les livres incontournables si vous souhaitez mieux comprendre la pensée de cet auteur :
Vernant D., Bertrand Russell, Garnier Flammarion, Paris, 2003
Benmakhlouf A., Bertrand Russell : l'Atomisme logique, PUF, Paris, 1996
Vernant D., La philosophie mathématique de Bertrand Russell, Vrin, Paris, 2000
Rivenc F., Recherches sur l'universalisme logique : Russell et Carnap, Payot, Paris, 1993
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Biographie détaillée
Jeunesse
Bertrand Russell est né en 1872 à Trellech, dans le Pays-de-Galles, dans une famille de l’aristocratie britannique. Ses parents sont des libéraux progressistes, athées, favorables à la contraception. Ils demandent à leur ami John Stuart Mill d’être parrain de l’enfant.
Sa mère et sa sœur meurent lorsqu’il n’a que trois ans, son père l’année suivante. Il est recueilli par ses grands-parents, le comte et la comtesse Russell. C’est cette dernière qui l’élèvera, après le décès de son mari deux ans plus tard.
Russell grandit dans une atmosphère religieuse et rigoriste ; il ne va pas à l’école, mais est éduqué à la maison par des précepteurs. Adolescent solitaire aux pulsions suicidaires, il passe un temps considérable dans la bibliothèque familiale, et se passionne pour les mathématiques.
En 1890, à 18 ans, il obtient une bourse pour aller étudier à Trinity Collège, le collège principal de l’université de Cambridge. Il y étudie les mathématiques et la philosophie, et fait la connaissance de Moore. Il devient athée après avoir lu une autobiographie de son parrain John Stuart Mill.
Il se marie avec une jeune puritaine en 1894, mais se sépare d’elle rapidement et entretient alors de multiples liaisons ; le divorce ne sera pourtant prononcé qu’une vingtaine d’années plus tard.
Maturité
En 1896, il enseigne à la London School of Economics et commence à travailler sur la question des fondements des mathématiques. Il s’intéresse en particulier à la théorie des ensembles, ce qui l’amène à formuler le célèbre « paradoxe de Russell ». Il rédige The Principles of Mathematics, un livre dans lequel il expose son intuition fondamentale : mathématiques et logique sont en réalité une seule et même science.
Amoureux en secret de la femme de Whitehead, il éprouve une crise mystique lorsqu’il voit celle-ci souffrir d’une angine de poitrine. Toute la misère de la condition humaine lui apparaît alors, et il cherche une philosophie qui puisse rendre la vie humaine supportable
, au-delà de ses recherches scientifiques qui lui paraissent désormais futiles.
En 1908, à 36 ans, il est élu à la Royal Society, puis se plonge dans l’écriture, avec Whitehead, des Principia Mathematica, qui le rendent mondialement célèbre. Cet ouvrage développe le projet annoncé dans les Principle of Mathematics : le logicisme, autrement dit la réduction des mathématiques à la logique.
En 1910, il enseigne à l’université de Cambridge. Il devient directeur de recherche du jeune Wittgenstein, une rencontre qui va également s’avérer pour lui déterminante, du point de vue philosophique. Celui-ci partage son intérêt pour l’atomisme logique, auquel Russell consacre un ouvrage, visant à déterminer quels sont les éléments ultimes du langage à partir desquels se construisent les propositions.
En 1916, il est renvoyé du Trinity College, en raison de son pacifisme. En 1920, il fait partie d’une délégation envoyée en Russie bolchevique, afin d’enquêter sur la nature du régime. Il rencontre Lénine et Trotsky, et en revient convaincu de la nature totalitaire du régime.
En 1921, il se marie avec Dora Blake et fonde une école expérimentale.
En 1931, il siège à la Chambre des Lords. En 1932, il se sépare de Dora, et se marie quatre ans plus tard avec Patricia Spence.
Vieillesse
Il donne des conférences en Amérique, à l’Université de Chicago, de Los Angeles, et enfin de New York, mais doit démissionner de cette dernière, en raison du scandale provoqué par ses opinions progressistes, en particulier sur la sexualité.
La seconde guerre mondiale met son pacifisme à l’épreuve. En effet, il considère qu’il faut s’opposer à Hitler de manière à ce que la menace sur la démocratie ne soit pas permanente si celui-ci conquiert l’Europe entière.
En 1945, il publie son Histoire de la philosophie occidentale, qui suscite un grand intérêt et se vend massivement.
Sur la fin de sa vie, c’est la consécration : il reçoit l’ordre du Mérite des mains du Roi en personne, et le prix Nobel de littérature en 1950.
Mais paradoxalement, il fait également sept jours de prison, à 89 ans, pour avoir participé à une manifestation anti-nucléaire à Londres.
En 1952, il divorce et se marie, en quatrième noce, avec Edith Finch, quelques mois plus tard.
Il meurt en 1970 à Penrhyndeudraeth, dans son pays natal le Pays de Galle, des suites d’une grippe.
Principaux ouvrages
Principia Mathematica, Scholar's Choice, Londres, 2015
Signification et vérité, Flammarion, Paris, 2013
La Méthode scientifique en philosophie, Payot, Paris, 2002
Introduction à la philosophie mathématique, Payot, Paris, 1991
Histoire de la philosophie occidentale, Les Belles Lettres, Paris, 2011
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