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couverture du livre l'Ethique de Spinoza

Résumé de l'Ethique (page 9)


Une solution est que les hommes renoncent à leur droit naturel et s’assurent mutuellement de ne pas se nuire, en entrant en société.

Puisqu’en effet un affect ne peut être contrarié que par un affect plus fort, on résistera à un affect (désir de voler quelqu’un) par un autre affect (la crainte d’un dommage plus grand, à savoir celui d’une punition par la société).


Rappelons que ce livre IV est consacré à l’exposé des raisons de la servitude humaine, l’homme étant assujetti à la puissance des affects. Or dès ce livre IV, Spinoza présente les moyens par lesquels l’homme peut conquérir sa liberté, en luttant contre la puissance des affects.

Il suffit d’utiliser cette puissance même des affects en tournant celle des uns contre celle des autres, afin qu’ils se neutralisent.


Spinoza présente un second moyen de se libérer : A toutes les actions auxquelles nous détermine un affect qui est une passion, nous pouvons être déterminés sans lui par la raison 1.

Notre raison peut créer en nous certains désirs, et ceux-ci, en tant qu’ils procèdent de la raison nous détermineront à faire ce qui est le mieux pour nous, autrement dit ce qui se conçoit adéquatement par la seule essence de l’homme 2. En effet, un Désir qui naît de la raison ne peut être excessif 3.

Nous pouvons donc nous libérer des affects, en en créant d’autres plus adaptés ou plus utiles, par la raison.


La peur ne fait pas partie des affects raisonnables : Qui est mené par la crainte, et fait le bien pour éviter le mal, n’est pas mené par la raison 4.

Agir par la raison est agir par joie ou désir. Ce sont les superstitieux qui cherchent à contenir le mal par la peur de la mort. Ainsi, le sage est celui qui a dépassé cette peur de la mort, et qui n’y accorde même aucune pensée :

L’homme libre ne pense rien moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie 5.

Enfin, il s’agit de supporter d’une âme égale ce qui nous arrive, y compris les événements tristes, que nous n’avons pas pu éviter du fait de notre puissance limitée : La puissance de l’homme est extrêmement limitée et infiniment surpassée par la puissance des causes extérieures 6. On peut rapprocher ce dernier point (subir, se résigner, sans passion négative –tristesse, peur, envie…) du stoïcisme.

Livre V : de la puissance de l’intellect, autrement dit, de la liberté humaine

Ce livre se consacre à l’autre partie de l’Ethique, qui porte sur la manière ou voie qui mène à la liberté 7.


Spinoza a montré la puissance des affects : à la différence de ce que pensaient les stoïciens, on n’a pas sur nos affects un empire absolu 8.

Spinoza critique la théorie cartésienne de la glande pinéale et des esprits animaux, telle que Descartes la développe dans les Passions de l’âme. Ce n’est donc pas dans le libre-arbitre cartésien que se situe la réelle liberté de l’homme.

C’est ailleurs qu’il faut chercher la manière dont on peut se libérer, de la puissance des affects.


Tout d’abord, un affect est toujours lié à l’idée d’une cause extérieure. Si donc on parvient à supprimer en soi l’idée de cette cause extérieure, nous sommes libérés de l’affect en question : Si nous éloignons une émotion de l’âme, autrement dit un affect de la pensée d’une cause extérieure, et la joignons à d’autres pensées, alors l’Amour ou la Haine à l’égard de la cause extérieure, ainsi que les flottements de l’âme qui naissent de ces affects seront détruits 9.

Puisque l’amour ou la haine viennent de la joie ou de la tristesse qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure, il suffit de ne plus penser à cette cause extérieure (l’être aimé d’un amour déçu ou une personne que l’on déteste) pour que ces passions négatives ne nous affectent plus.


1 livre IV, prop.59, p.433
2 livre IV, prop.61, démonstration, p.437
3 livre IV, prop.61, p.437
4 livre IV, prop.63, p.439
5 livre IV, prop.67, p.445
6 livre IV, appendice, chap.32, p.477
7 livre V, préface, p.479
8 ibid.
9 livre V, prop.2, p.487