photo d'Emilie Brusson

Emilie Brusson

Paris

Nous découvrons ici le parcours d'Emilie Brusson, assistante d'édition et chargée de communication aux éditions Vrin.

Etudes, lectures, projets... Voici son témoignage !


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Pouvez-vous vous présenter ? Que faites-vous actuellement ?

Je m’appelle Émilie Brusson, je suis actuellement assistante d’édition et chargée de communication aux éditions Vrin, également traductrice en tant qu’autoentrepreneur en allemand et anglais américain.

Côté parcours et études, j’ai un curriculum assez long, m’étant relativement cherchée ces dernières années, professionnellement du moins : je pense aujourd’hui être sur la bonne voie – la mienne, si je puis dire.

Pour faire simple, j’ai d’abord étudié au lycée franco-allemand de Buc, dans les Yvelines, avant d’entrer en classes préparatoires littéraires au lycée Henri IV puis sur concours à l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, en lettres, où j’ai surtout étudié la philosophie, les langues et le droit. J’ai beaucoup voyagé ces années-là, passant entre autres un an en Caroline du Nord en tant que lectrice au département d’études romanes de Duke University, et un mois au Bénin, comme bénévole dans une école primaire.

Il y a cinq ans, j’ai démissionné de la fonction publique pour poursuivre un cursus professionnalisant en édition, d’abord avec un stage à Flammarion en littérature étrangère, puis en alternance avec l’Université Paris-Sorbonne et les éditions Hatier, l’année de la réforme du bac. J’ai enfin eu une opportunité en start-up que j’ai saisie, ayant passé dix mois chez Ÿnsect, désormais entreprise à part entière consacrée notamment à la transformation de produits à base d’insectes, destinée à l’alimentation animale, humaine et aux engrais végétaux.


Côté professionnel à ce jour, je travaille depuis plus de deux ans à la Librairie philosophique Joseph Vrin, maison d’édition indépendante centenaire fondée par le libraire Joseph Vrin en 1911, et devenue dans les années 1920 la maison d’édition qu’elle est aussi aujourd’hui, avec la collaboration d’Étienne Gilson, un philosophe médiéviste, également homme politique, dont Vrin est en train d’éditer, avec plusieurs collaborateurs, les œuvres complètes.

Je collabore notamment en ce moment avec Irene Soudant en gestion éditoriale, nouvellement collègue après un stage de six mois aux éditions Vrin, qui est aussi passée par votre Agora…

Quel souvenir gardez-vous de vos études ? De vos professeurs ?

De très bons souvenirs, multiples, riches. Au collège et au lycée, en prépa, à l’ENS, à la Sorbonne, de tous mes professeurs, mais aussi mes « mentors » en entreprise et à l’international, ainsi que mes encadrants ou « managers », qui m’ont énormément formée ces dernières années.

Globalement j’ai souvent été bonne élève et en admiration face à l’autorité de mes professeurs, dont j’ai eu du mal à me détacher, parfois encore à trente ans aujourd’hui. Apprendre à tutoyer en tant qu’éditrice mes anciens professeurs est un de mes défis du moment.

Pour ne citer qu’un souvenir, Charles Girard et Jean-François Kervégan m’ont beaucoup soutenue lors de la rédaction de mon mémoire de master 2 à Paris I et à l’ENS Ulm, consacré à la liberté d’expression et la question du négationnisme, qui me hantait un peu depuis mes études au lycée franco-allemand … Elle a resurgi à la faveur de la polémique autour de l’humoriste Dieudonné en 2014 et de la question de l’interdiction de son spectacle Le Mur, qui ont initié ma réflexion. Ces deux professeurs m’ont aidée à structurer ma pensée philosophique et juridique, ainsi que Jean-Louis Halpérin sur les aspects de l’histoire du droit : ils ont largement contribué à la création de mes premiers travaux philosophiques.

Quel est le livre de philosophie qui vous a particulièrement passionné ? L'auteur pour qui vous avez eu un véritable coup de foudre ?

En philosophie, je n’ai jamais véritablement eu de coup de cœur. J’aime beaucoup Ricœur, Nietzsche, Pascal, et bien d’autres, mais je n’ai jamais eu de « coup de foudre » pour un livre, à proprement parler. Peut-être Le rire, de Bergson, si je devais véritablement citer quelque chose. Ou alors Aurore, de Nietzsche. J’adore les spectacles d’humour en tous genres, et le concept de mécanique plaquée sur le vivant est un thème auquel je reviens souvent, sous diverses formes.

J’aime aussi beaucoup les notions d’interprétation et d’herméneutique chez Ricœur, que je retrouve professionnellement sur le plan des relations interpersonnelles avec les auteurs et autrices. Il n’est pas toujours aisé, dans un métier d’écrit, de comprendre les intentions de celles et ceux que nous aidons à publier – ce pourquoi je chéris personnellement les rendez-vous au café, à l’ancienne !

Plus sérieusement, en hypokhâgne et khâgne, première et deuxième années de classe préparatoire, on nous incitait souvent dans nos cours de philosophie à citer des œuvres littéraires, des films, des références plus populaires. Je tire mon inspiration aujourd’hui, notamment en communication, de spectacles d’humoristes bien sûr, mais aussi de vidéos que je chine sur les réseaux sociaux.

Avez-vous déjà essayé d'écrire ? Pourriez-vous nous parler de vos créations ?

Sur mon temps libre, j’écris quelques poèmes, qui m’aident à canaliser mon énergie. Lors de mon master professionnel de création éditoriale à la Sorbonne en 2018-2019, nous avons co-réalisé avec une trentaine d’étudiantes et d’étudiants un ouvrage sur le thème de la métamorphose. J’y ai publié mon premier poème sur l’ambiance dans le métro parisien, « Métrographie », et une traduction du début de La Métamorphose de Kafka.

Je poétise toujours un peu, mais surtout je traduis : j’ai plusieurs traductions en cours, dont celle de la thèse d’un auteur allemand, Christian Volk, sur la pensée politique et juridique d’Hannah Arendt. Je reviens aux thèmes qui me sont chers depuis mes années de bénévolat auprès de migrants au foyer Pinel et à MigrENS (une association de l’ENS à laquelle je participais activement pendant mes études) : l’étranger, l’accueil, le dialogue...



Merci Emilie, pour ce témoignage !

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