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couverture du livre l'Ethique à Nicomaque d'Aristote

Résumé de l'Ethique à Nicomaque (page 3)

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Si Aristote rejette l’idée d’un Bien en soi unique et général, il ne rejette en rien l’idée d’un Bien suprême.

C’est celui en vue duquel on fait tout le reste 1, le dernier terme de la série des fins. C’est celui que nous cherchons pour lui-même et pas pour autre chose. Comme on l’a vu, il s’agit du bonheur.


Mais comment devenir heureux ? En faisant ce qui est propre à l’homme. Or une vie de sensation n’est pas propre à l’homme, mais est partagée par les animaux. Ce qui est spécifique à l’homme, c’est la raison (ou la vertu) : Le propre de l’homme est l’activité de l’âme en accord complet ou partiel avec la raison 2.

Donc le bonheur est, suivant nous, l’activité de l’âme dirigée par la vertu 3.

Comme on le voit, notre question initiale « qu’est-ce que le bonheur » (ou « comment être heureux ? ») doit laisser place à une nouvelle question : qu’est-ce que la vertu ? (ou comment être vertueux ?).


Aristote fait remarquer que la vertu n’a de réalité qu’en acte. On n’est vertueux que si concrètement on agit selon des principes éthiques (et non si on se contente de les professer) :

De même qu’aux Jeux Olympiques, ce ne sont ni les plus beaux, ni les plus forts qui obtiennent la couronne, mais ceux-là seuls qui prennent part aux compétitions – de même ce sont ceux qui dans la vie agissent comme il faut qui deviennent dans la vie possesseurs du Beau et du Bien 4.

La vertu apporte en elle-même un véritable plaisir 5 car nul n’est bon s’il n’éprouve la joie des bonnes actions 6. De ce fait la vie des gens vertueux ne réclame nullement le plaisir comme je ne sais quel accessoire ; le plaisir, elle le trouve en elle-même 7.

Toutefois le bonheur ne saurait se passer des biens extérieurs 8. Les richesses ne sont pas inconciliables avec la vertu, mais nécessaires à sa réalisation en acte : Il est impossible ou tout au moins difficile de bien faire si l’on est dépourvu de ressources. Car bien des actes exigent, comme moyen d’exécution des amis, de l’argent, un certain pouvoir politique 9.


Ni les animaux, ni les enfants ne connaissent le bonheur, car ils n’ont pas de raison ou ne peuvent encore en faire usage.

Doit-on attendre la mort d’un homme avant de pouvoir établir si sa vie fut heureuse ? Non : le bonheur ne réside pas dans le fait de ne subir aucun coup du sort, mais de les prendre avec sagesse non par insensibilité, mais par générosité et grandeur d’âme 10.

Livre II

Aristote distingue les vertus intellectuelles, qui viennent de l’instruction et les vertus morales, filles des bonnes habitudes 11.


La vertu ne vient pas de la nature : Aucune vertu morale ne naît naturellement en nous 12. En revanche, nous sommes naturellement prédisposés à les acquérir, à condition de les perfectionner par l’habitude 13.

Nous n’obtenons de la nature que des tendances, des dispositions en puissance et c’est à nous ensuite de les faire passer à l’acte 14.

D’où l’importance de la volonté et de l’action : Par exemple, c’est en bâtissant que l’on devient architecte, en jouant de la cithare que l’on devient citharède. De même, c’est à force de pratiquer la justice, la tempérance, et le courage que nous devenons justes, tempérants et courageux 15.

C’est à force d’affronter les situations dangereuses que nous devenons courageux, ou lâches à force de les fuir.

Il faut donc prendre garde lorsqu’on agit, parce que cela forme notre caractère. La manière dont on est élevé dans l’enfance a également une importance fondamentale.


C’est ici qu’on trouve exposée l’idée célèbre selon laquelle la vertu est un juste milieu. L’action est morale lorsqu’elle ne tombe ni dans l’excès ni dans le défaut.

Le corps peut être affecté par une insuffisance ou une surabondance de nourriture ou de boissons. Or il en va de même de la tempérance, du courage, et des autres vertus 16.

Ainsi par exemple celui qui goûte à toute espèce de plaisirs, sans s’en refuser aucun, montre de l’intempérance, tandis que celui qui les fuit tous, comme font les rustres, devient complètement hébété 17.

On peut prendre aussi l’exemple du courage, à mi-chemin entre la lâcheté et la témérité (un courage excessif, qui amène à faire des choses complètement irrationnelles).

1 I, 7, p. 30
2 ibid., p.32
3 I, 8, p.35
4 ibid.
5 ibid.
6 ibid., p.36
7 ibid., p.35
8 ibid., p.36
9 ibid.
10 I, 10, p.40
11 II, 1, p.51
12 ibid.
13 ibid.
14 ibid.
15 ibid., p.52
16 II, 2, p.54
17 ibid.