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couverture du livre la Métaphysique d'Aristote

Résumé de la Métaphysique (page 4)

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La pensée doit, pour mener à bien cette étude essentielle, utiliser les principes les plus solides. Or quel peut être le plus inébranlable de tous les principes 1 ?


Il s’agit du principe de non-contradiction, qu’Aristote, sans le nommer comme tel, définit ainsi :

Il est impossible qu’une seule et même chose soit, et tout à la fois ne soit pas, à une même autre chose, sous le même rapport 2.

Cela ne concerne pas seulement les choses, mais aussi les idées : les hommes ne se contredisent pas dans leurs pensées : ils ne peuvent donner leur assentiment en même temps à deux thèses adverses.

Le principe de non-contradiction est pourtant nié par certains philosophes. Aristote se réfère ici à Héraclite.


Aristote ne va pourtant pas chercher à démontrer ce principe. En effet, en tant que principe, il est indémontrable (sinon, on pourrait remonter dans la série des causes, et ce ne serait justement pas un principe) : Il est bien impossible qu’il y ait démonstration de tout sans exception, puisque ce serait se perdre dans l’infini, et que de cette façon, il n’y aurait jamais de démonstration possible 3.

En fait, il n’y a pas à le fonder contre une attaque. Il est inattaquable – donc il n’y a pas à le fonder, ou le démontrer.

En effet, la proposition qui attaquerait ce principe de non-contradiction ne peut être vraie ou fausse, elle n’a pas de sens. C’est ne rien dire que de faire une telle proposition :

Un tel homme, en se conduisant ainsi, n’a guère plus de rapport avec nous que n’en a une plante 4.

Le mot lui-même fonde le principe de non-contradiction. En effet, on ne peut exprimer le nom d’une chose sans dire que la chose est ou n’est point telle chose 5.

Il faudrait donc que l’adversaire s’arrête de parler.

Pourtant, un même mot n’a-t-il pas plusieurs sens, qui se contredisent ? En fait, chaque sens lui-même ne se contredit pas. Il suffit de choisir le sens que l’on souhaite donner au mot dans telle ou telle phrase.

Si le principe de contradiction était faux, alors tout serait confondu avec tout 6. Ainsi, ce serait une seule et même chose qu’une trirème, un mur, un homme, si l’on peut indifféremment ou tout affirmer ou nier tout 7.


Aristote rapproche cette doctrine de Protagoras : l’homme est la mesure de toute chose.

D’après cette idée, si quelqu’un trouve que l’homme n’est pas une trirème, l’homme évidemment n’est pas une trirème. Mais il l’est, si la contradictoire est également vraie 8.

C’est là également une doctrine proche de celle d’Anaxagore : Toutes choses sont confondues les unes avec les autres 9.

Aristote répond dans la Métaphysique que cette doctrine montre que l’indéterminé est contradictoire, ce qui est vrai ; mais que pour invalider le principe de non-contradiction, il faudrait montrer que le déterminé est contradictoire.

D’autre part, l’action fonde le principe de non-contradiction. En effet, même notre adversaire juge soit bon soit mauvais de tomber dans un précipice puisqu’il fait attention de ne pas y tomber.

De ce fait on peut assurer, à ce qu’il semble, que tout le monde croit à quelque chose d’absolu 10.


Certains disent qu’il n’existe que du plus ou moins vrai (par exemple, 4=5 serait plus vrai que 4=1000). Or la notion de « plus ou moins vrai » implique celle de vérité absolue, dont on se rapproche plus ou moins.

Si une chose peut être son contraire en puissance, elle ne peut l’être en acte.

D’où vient que le principe de non-contradiction est nié par certains ? Du spectacle des choses sensibles : S’ils ont adopté cette opinion, à savoir que les contradictoires et les contraires peuvent coexister, c’est en observant que les contraires peuvent sortir d’une seule et même source 11.

Les sens nous amènent en effet des informations contradictoires : Le même aliment flatte le goût des uns et révolte le goût des autres 12.

Mais en fait, cela révèle la faiblesse des sens, facilement trompés. Pour revenir sur l’exemple des aliments, si le vin peut sembler agréable à l’un et désagréable à l’autre, la saveur elle-même ne change pas.


Voilà donc le principe de non-contradiction fondé : Ainsi nous avons établi comme le principe le plus assuré de tous les principes que jamais les deux assertions opposées ne peuvent être vraies à la fois 13.

C’est sur ce principe que peut s’édifier la science de l’être en tant qu’être.

Aristote présente un nouveau principe indubitable : celui que les scolastiques appelleront « principe du tiers exclu » : Il n’est pas possible davantage qu’entre deux propositions contradictoires, il y ait jamais un terme moyen 14.

On peut donner, pour l'expliciter, cet exemple classique : « Une porte est soit ouverte, soit fermée ». Il n'y a pas de troisième solution.


1 livre Γ, 3, p.132
2 ibid.
3livre Γ, 4, p.133
4 livre Γ, 4, p.134
5 livre Γ, 4, p.135
6 livre Γ, 4, p.139
7 ibid.
8 ibid.
9 ibid.
10 livre Γ, 4, p.143
11 livre Γ, 5, p.144
12 livre Γ, 5, p.145
13 livre Γ, 6, p.154
14 livre Γ, 7, p.154