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couverture du livre les Confessions de Saint Augustin

Résumé des Confessions (page 2)

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Le livre VII des Confessions est le passage central du livre puisqu’il présente la conversion d’Augustin, sa rencontre avec Dieu.

Il revient sur sa conception du monde, issue de la doctrine manichéenne. Pour résumer : Dieu est un corps, le mal est un corps. Ces deux corps sont en lutte, car s’ils ne le sont pas, Dieu n’est pas bon. Mais s’ils le sont, c’est que le mal peut nuire à Dieu donc celui-ci n’est pas parfait. D’autre part, Dieu n’est plus infini, mais limité par cet élément auquel il s’oppose.

Cette conception manichéenne du mal a pour conséquence nécessaire l’imperfection de Dieu, et c’est cela qui ne satisfait pas Augustin.


D’autre part, le problème de l’origine du mal tourmente Augustin : d’où vient le mal ? De l’homme ? Du démon ?

En fait je cherchais l’origine du mal, mais je la cherchais mal, et je ne voyais pas le mal dans ma recherche même 1.


Il se représente avec difficulté les rapports de Dieu et du monde. Sa conception reste obscure et empreinte du panthéisme naïf des manichéens :

Je fis de votre création une grande masse unique, où se distribuaient les différentes espèces de corps. Cette masse, je la conçus immense, et cependant finie de toute part. Et vous Seigneur, vous l’entouriez, vous la pénétriez de tous côtés, mais vous restiez infini dans tous les sens. Telle serait une mer qui s’étendant sans limites dans l’immensité […] renfermerait une éponge, aussi grande qu’il vous plaira, mais d’une grandeur finie, et pleine dans toutes ses parties de l’immense mer. 2



Tout bascule lorsque Augustin détourne son regard du monde, dans lequel il avait vainement jusqu’à présent cherché Dieu, et le tourne vers lui-même, dans une introspection qui le mène à la conversion.

Il lit en effet les Platoniciens, et averti par ces lectures de faire un retour sur moi-même, j’entrai sous votre conduite dans mon for intérieur 3.

C’est en lui-même, et non dans le monde, qu’il rencontre Dieu. Voici comment il décrit cette illumination :

J’y entrai et je vis avec l’œil de mon âme la lumière immuable ; non pas cette lumière vulgaire qu’aperçoit toute chair, non plus qu’une lumière du même genre, mais apparemment plus puissante, beaucoup plus éclatante, et remplissant de sa force tout l’espace. Vous avez ébloui la faiblesse de mes regards par la violence de votre rayonnement, et j’ai tremblé d’amour et d’horreur 4



Cette rencontre avec Dieu lui donne une meilleure compréhension du monde, et du rapport de celui-ci avec Dieu. Tout d’abord, le statut ontologique des choses du monde se voit relativisé : Je regardai alors toutes les choses qui sont au-dessous de vous, et je vis que ni elles ne sont absolument, ni elles ne sont pas absolument. Elles sont, venant de vous ; elles ne sont pas, n’étant pas ce que vous êtes. Car cela est vraiment qui demeure immuablement 5.

D’autre part, le problème du mal, à l’œuvre dans le monde, reçoit sa solution : Tout ce qui est est bon et le mal, dont je cherchais l’origine, n’est pas une substance, car s’il était une substance, il serait bon 6. La perfection de Dieu, en tant que créateur, n’est donc pas ainsi remise en cause. Le mal serait l’une de ses créations s’il était une substance, et le mal serait un problème. Or ce n’est pas le cas, ce qui résout le problème.


Mais qu’est alors le mal ? Augustin donne deux réponses.

Tout d’abord le mal n’existe pas, mais ne renvoie qu’à une incompréhension de notre intellect, trop limité pour saisir la perfection du Tout, et la nécessité de l’action jugée mauvaise ; celle-ci participe à cette perfection, d’un certain point de vue que nous ne pouvons avoir du fait de notre caractère fini :

Et pour vous le mal n’existe point du tout, non seulement pour vous, mais pour l’ensemble de votre création, car il n’y a rien en dehors d’elle qui puisse rompre et corrompre l’ordre que vous y avez établi. Mais parce que dans le détail, certains éléments ne s’harmonisent pas avec certains autres, on les tient pour mauvais. Or ces mêmes éléments s’accordent avec d’autres et en cela ils sont bons. Ils le sont aussi par eux-mêmes. Loin de moi l’intention de dire : « ces choses ne devraient pas être ». A les voir séparément sans doute, je les désirerais meilleurs ; mais même à les voir ainsi, je devrais vous louer à leur propos. 7


1 livre VII, chap.5, p.134
2 ibid.
3 livre VII, chap.10, p.143
4 ibid.
5 livre VII, chap.11, p.144
6 livre VII, chap. 12, p.145
7 livre VII, chap. 13, p. 145