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couverture du livre les Confessions de Saint Augustin

Résumé des Confessions (page 4)

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Il remarque ce phénomène étonnant : nous pouvons nous souvenir d’une tristesse passée sans devenir triste, ou d’une joie passée sans contentement : Parfois au contraire, je me souviens avec joie de ma tristesse ancienne et avec tristesse de ma joie 1. Ce qui amène à penser que la mémoire ne ferait peut-être pas partie du Moi : La mémoire serait-elle étrangère à l’esprit ? Qui le prétendrait ? 2.

Saint Augustin préfère utiliser une métaphore pour expliquer ce phénomène :

Sans doute la mémoire est-elle comme l’estomac de l’âme, et la joie ou la tristesse comme un aliment doux ou amer ; lorsque ces sentiments sont confiés à la mémoire, après avoir passé, en quelque sorte, dans cet estomac, ils peuvent s’y enfermer, mais ils ont perdu leur saveur 3.


La mémoire fait donc bien partie du Moi :

Il y a un je ne sais quoi d’effrayant, ô mon Dieu, dans sa profonde et infinie multiplicité. Et cela c’est l’esprit, et cela, c’est moi-même ! 4.


Pourtant est-ce réellement dans la mémoire que l’on rencontrera Dieu, puisque les animaux l’ont aussi ? Saint Augustin affirme que l’on a tous en nous un souvenir du bonheur, qui est la marque de la présence de Dieu en nous.


Dans le livre XI, Saint Augustin pose le problème du temps, maintenant que le problème du mal est résolu. Il le formule ainsi : Que faisait Dieu avant de créer le ciel et la terre ? ou S’il était oisif, s’il ne faisait rien, pourquoi ne s’est-il pas toujours ainsi abstenu de toute œuvre dans la suite des temps comme dans le temps précédent ? 5.


Ce problème semble fonder la contingence de la Création divine, c’est-à-dire le fait que Dieu agisse non par nécessité, par bonté ou de manière intelligente, mais par hasard. D’autre part, il semble impliquer le paradoxe d’un temps avant le temps (de la Création).


Augustin propose une solution à ce problème. Dieu est éternel or dans l’éternité, rien n’est successif, tout est présent […] L’éternité n’est ni future, ni passée, mais détermine le futur et le passé 6.

Il serait faux de croire que c’est dans le temps que vous précédez le temps. Mais vous précédez tout le passé de votre hauteur de votre éternité toujours présente 7.

Ainsi votre jour […] est un perpétuel aujourd’hui. […] Votre aujourd’hui, c’est l’éternité. Tous les temps sont votre œuvre, vous êtes avant tous les temps, et il ne se peut pas qu’il y eût un temps où le temps n‘était pas 8.

Le problème n’a donc pas de signification, car il est mal posé : En aucun temps, vous n’êtes donc resté sans rien faire, car vous aviez fait le temps lui-même 9.


Ce problème en soulève un autre, celui de la définition du temps. Qu’est-ce que le temps ? Augustin remarque :

Si personne ne me le demande, je le sais, mais si on me le demande, et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant […] je sais que si rien ne se passait, il n’y aurait pas de temps passé 10.


Il rappelle un paradoxe déjà mis en avant par Aristote : le temps semble être composé du passé, du présent et du futur, or le passé n’est plus, l’avenir n’est pas encore et le présent ne peut être qu’en cessant d’être ce qui paraît aboutir à l’inexistence du temps : Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus 11.


Pour résoudre ce problème, Augustin développe l’idée célèbre selon laquelle ni l’avenir ni le passé n’existent. Il y a trois temps : le présent du passé, le présent du présent, le présent du futur 12. On a accès au premier par la mémoire, au second par l’intuition directe, et au dernier par l’attente.

1 livre X, chap. 14, p. 216
2 ibid., p. 217
3 ibid.
4 livre X, chap.17, p.220
5 livre XI, chap. 10, p. 261
6 livre XI, chap.11, p.261
7 livre XI, chap.13, p.263
8 ibid.
9 livre XI, chap. 14, p. 263
10 ibid., p.264
11 ibid.
12 livre XI, chap. 20, p.269