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couverture du livre les Règles pour la direction de l'esprit de Descartes

Résumé des Règles pour la direction de l'esprit (page 4)

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Dans cette perspective la règle VI, qui enjoint d’identifier dans une série de vérités déduites les unes des autres celle qui est la plus simple, est le principal secret de la méthode, et il ne s’en trouve point de plus utile dans tout le présent traité 1.


Pourquoi ? Elle correspond à une sorte de vision du monde, assez vertigineuse en effet, selon laquelle toutes les choses peuvent se disposer sous forme de séries […] en tant qu’elles peuvent se connaître les unes à partir des autres 2.

De ce fait, les choses sont soit absolues, soit relatives, du point de vue de la connaissance. Elles sont absolues lorsqu’elles sont connaissables par elles-mêmes (Descartes dit : lorsqu’elles contiennent en elles-mêmes à l’état pur et simple, la nature sur laquelle porte la question 3, ou encore le plus simple et le plus facile, en vue de l’usage que nous en ferons dans la résolution des questions 4).

Le relatif participe à l’un des aspects de l’absolu, en vertu de quoi on peut l’en déduire en parcourant une série 5.

Descartes donne des exemples : sont absolus la cause, le simple, l’universel, l’un, l’égal, le semblable, le droit. Sont relatifs le composé, le particulier, le multiple, l’inégal, le dissemblable, l’oblique, etc.


Voici donc le cœur de la méthode exposée dans les Regulae :

Ces termes relatifs s’éloignent d’autant plus des absolus qu’ils contiennent plus de relations de cette sorte, subordonnées les unes aux autres ; et la présente règle nous avertit qu’il faut distinguer tous ces rapports, et respecter leur connexion mutuelle comme leur ordre naturel, en sorte que nous puissions parvenir du dernier terme jusqu’à celui qui est le plus absolu, en passant par tous les autres 6.

Pour synthétiser, le secret de toute la méthode est là : en toutes choses, repérer soigneusement ce qui est le plus absolu 7.


Descartes remarque qu’il n’y a que peu de natures pures et simples, dont on puisse avoir l’intuition immédiatement et par elles-mêmes 8. Ce sont celles-ci qu’il faut repérer soigneusement 9 car elles sont au départ de chaque série.


Descartes poursuit par une série de règles mineures qui ne font que préciser certains points particuliers de la règle fondamentale exposée ici.


Ainsi la règle VII insiste sur le fait qu’une science achevée est celle dans laquelle on a embrassé en un mouvement ininterrompu l’ensemble de la chaîne des propositions qui se déduisent les unes des autres, cette énumération devant être suffisante et ordonnée 10.

En effet, dès qu’un chaînon, fût-il insignifiant, est oublié, voilà la chaîne aussitôt rompue, et toute la certitude de la conclusion s’effondre 11.

La règle VIII prévient de s’arrêter dans une recherche si l’on ne trouve pas une intuition satisfaisante qui puisse fonder la validité du passage d’une proposition à l’autre dans une déduction (autrement dit, dans une chaîne de propositions).


La règle IX revient sur l’idée de s’intéresser aux choses insignifiantes et faciles plutôt qu’aux problèmes complexes. Il s’agit d’inverser le réflexe psychologique naturel du savant.

Il faut inciter l’esprit à s’entraîner sur des questions déjà résolues par d’autres savants, pour qu’il gagne en sagacité (règle X). Descartes nous confie que c’est là un exercice auquel il s’est adonné dès le plus jeune âge.

On trouve dans l’explication de cette règle ce passage remarquable la méthode […] n’est le plus souvent rien d’autre que l’observation scrupuleuse d’un ordre 12.

Il critique à nouveau la scolastique, et particulièrement la dialectique enseignée dans ces écoles (dispute lors desquelles on défend une thèse en utilisant des raisonnements ou syllogismes). Descartes montre en effet que le syllogisme est purement formel, et que celui qui l’utilise ne peut conclure à la vérité de ce qu’il déduit que s’il connaît déjà la réponse, ou la vérité matérielle de celle-ci. Autrement dit : le syllogisme est stérile.


Dans la Règle XII, Descartes présente l’imagination, les sens et la mémoire comme pouvant « secourir » l’entendement dans la recherche de la vérité. Il faut néanmoins s’en servir avec circonspection, car ils peuvent également être sources d’erreurs : L’entendement seul, il est vrai, a le pouvoir de percevoir la vérité ; il doit pourtant se faire aider par l’imagination, les sens et la mémoire 13.

Il examine le mécanisme général de la sensation, reprenant l’image aristotélicienne de la cire sur laquelle viennent se graver les formes des objets.


Chose surprenante, c’est ici (et non dans une éventuelle introduction) que Descartes expose le plan de l’ouvrage.

Il différencie les propositions simples et les questions.

Celui-ci se divise en trois : les douze premières règles, que nous venons de voir, concernent les propositions simples, évidentes par elles-mêmes.

La seconde partie est composée des douze règles suivantes, qui concernent les questions qui sont comprises, même si on en ignore la solution 14.

Cette partie, moins philosophique, renferme des questions qui ne se présentent guère qu’en arithmétique et en géométrie ; aussi paraîtront-elles de peu d’utilité à ceux qui ne sont point versés dans ces sciences 15. Elle ne nous intéressera donc pas ici.

La troisième partie, prend pour objet les questions imparfaitement comprises 16. Elle ne sera jamais rédigée par Descartes.


Ici prend donc fin notre présentation de cet ouvrage, qui ne sera publié qu’à titre posthume. Texte de jeunesse inachevé, il sera retravaillé tout au long de sa vie. On peut y voir la plus ancienne formulation du projet cartésien dans son ensemble.


1 p.99
2 Ibid.
3 p.100
4 Ibid.
5 Ibid.
6 p.101
7 Ibid.
8 p.102
9 Ibid.
10 p.106
11 p.107
12 p.124
13 p.131
14 p.152
15 p.153
16 p.152