Résumé des Méditations métaphysiques (page 3)
Or il doit y avoir autant de réalité dans la cause totale que dans son effet, car d’où est-ce que l’effet peut tirer sa réalité, sinon de sa cause
1.
C’est pour cela que le néant ne peut rien produire : rien ne vient de rien. De même, le plus parfait ne peut être effet du moins parfait.
C’est de cet argument sur les rapports entre la cause et l’effet que Descartes déduit l’existence de Dieu. Si l’idée de Dieu est en moi, Dieu existe ; car seule une cause parfaite, Dieu lui-même, peut être à l’origine de cet effet parfait : l’idée de Dieu.
Je ne peux avoir forgé moi-même cette idée (auquel cas, Dieu n’existerait pas), car cela voudrait dire qu’une cause imparfaite est à l’origine d’un effet parfait.
Descartes reformule cet argument en utilisant le concept d’infini plutôt que celui de perfection :
Il faut nécessairement conclure que Dieu existe ; car je n’aurais pas l’idée d’une substance infinie, moi qui suis un être fini, si elle n’avait été mise en moi par quelque substance qui fût véritablement infinie 2.
Cette idée de l’infini que j’ai, n’est pas simplement négative (comme l’idée de ce qui n’est pas fini).
Cette idée est innée en moi. Dieu en me créant, a mis en moi cette idée pour être comme la marque de l’ouvrier empreinte sur son ouvrage.
Cette idée d’un être parfait et infini en moi prouve à la fois l’existence et la perfection de Dieu. Ce pourquoi, ce n’est pas un Dieu trompeur, puisque ce serait une imperfection.
Au livre IV des Méditations métaphysiques, Descartes reprenant cette dernière réflexion se demande alors d’où vient que l’on se trompe parfois. Si Dieu est parfait, n’aurait-il pas dû me faire tel que je ne me trompe jamais ? Or le fait est que je me trompe souvent.
Il faut donc revenir sur les causes de l’erreur, ce que Descartes va faire, dans ce chapitre consacré au vrai et au faux.
L’erreur a pour origine le concours de deux causes : la faculté de connaître qui est en moi, et le libre arbitre (c’est-à-dire mon entendement et ma volonté). L’entendement, par lui seul, n’affirme ni ne nie rien, mais conçoit seulement les idées des choses (qui vont être l’objet d’une affirmation ou d’une négation de la part de la volonté).
Il est donc parfait, en ce qu’en lui ne se trouve jamais aucune erreur.
La volonté est également parfaite, en ce qu’elle est infinie : Je l’expérimente si ample et si étendue qu’elle n’est renfermée dans aucune borne
3, à la différence de la mémoire ou de l’imagination, bornées.
Cette perfection fait que c’est elle principalement qui me fait connaître que je porte l’image et la ressemblance de Dieu
4, car elle est aussi grande que celle de Dieu.
Descartes distingue le libre arbitre de la liberté d’indifférence, incarnée par le célèbre âne de Buridan, cet animal qui placé à égale distance de nourriture et d’eau se laissait mourir, puisqu’il n’était pas plus porté d’un côté que de l’autre.
C’est là le plus bas degré de la liberté. Le degré le plus haut consistant dans le fait de choisir délibérément le meilleur :
Afin que je sois libre, il n’est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l’un ou l’autre des deux contraires, mais plutôt, d’autant plus que je penche vers l’un, en connaissant évidemment que le bien et le vrai s’y rencontrent 5.
Ni la faculté de vouloir, ni la faculté de concevoir, prises isolément, ne sont causes de mes erreurs.
L’erreur vient de ce que la volonté est infinie, ce que n’est pas l’entendement. Ce qui nous conduit à donner notre assentiment à des idées que nous ne maîtrisons pas. L’erreur naît de ce que la volonté étant beaucoup plus ample et étendue que l’entendement, je ne la contiens pas dans les mêmes limites, mais que je l’étends aussi aux choses que je n’entends pas
6.
Pour éviter l’erreur, il suffit de pratiquer en quelque sorte ce qui a conduit Descartes au cogito dans les Méditations métaphysiques : suspendre son jugement, douter pour trouver des vérités certaines.
1 Ibid.
2 p.128
3 p.150
4 p.151
5 p.152
6 p.153