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couverture du livre

La grande histoire du féminisme

Comment le mouvement féministe est-il apparu, et s'est-il développé pour atteindre sa forme contemporaine, celle que l'on connaît ?

Quels obstacles a-t-il rencontré, quels combats ont dû être menés ?

C'est tout cela que raconte cet ouvrage, qui nous livre ici une précieuse vue d'ensemble sur ce mouvement d'idées, à travers l'Histoire...


Les quatre grandes périodes

Raconter de manière claire et pédagogique l’histoire du féminisme de ses origines à nos jours, tel est le pari de ce livre.

Le féminisme est un mouvement pluriel, qui comprend de nombreux groupes aux opinions parfois divergentes : féminisme libéral vs socialiste, internationaliste vs nationaliste, anticolonial, réformiste vs radical, universel vs différentialiste, black feminism, féminisme musulman…

Par-delà sa diversité, ce mouvement a irrigué l’histoire des sociétés occidentales :

Porte ouverte à d’autres manières de percevoir la vie collective et la place de chacun, le féminisme n’a pas fini d’écrire son histoire et d’apporter un autre regard sur notre commune humanité 1


Ouvrage collectif avec des contributions de spécialistes du sujet (historiennes, sociologues, philosophes…), le livre retrace l’histoire des mouvements féministes occidentaux durant quatre périodes :

- de la fin du 18e siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec les revendications pour le droit de vote féminin
- de la Seconde Guerre mondiale aux années 1980, avec l’émergence des « mouvements de libération des femmes » dans les pays occidentaux
- des années 1990 à nos jours, avec la mondialisation de la cause des femmes, notamment sous l’impulsion des organisations internationales.
- une dernière partie revient sur le féminisme dans les sciences humaines.

Au début de chaque période, des frises chronologiques présentent les dates clés.

Du 18e au milieu du 20e siècle

De la fin du 18e siècle jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le féminisme se caractérise par des flux et des reflux.

En France, par exemple, il éclot à la Révolution française, avec Olympe de Gouges entre autres qui réclame le droit de voter pour les femmes. En vain, car le siècle des Lumières s’achève par une révolution conservatrice des rapports de genre. Les espoirs renaissent brièvement en 1848, alors que tous les hommes conquièrent le droit de vote, comme l’explique notamment l’historienne Michèle Riot-Sarcey. Espoirs vains puisque le droit de vote demeure finalement masculin.

Tout au long du 19e siècle, des figures du féminisme émergent comme la philosophe Maria Deraismes (1828-1894), la militante suffragiste Hubertine Auclert (1848-1914), l’écrivaine André Léo (1824-1900), l’anarchiste Louise Michel (1830-1905), la journaliste Marguerite Durand (1864-1936), la médecin Madeleine Pelletier (1874-1939) ou encore l’ouvrière Jeanne Bouvier (1865-1952). La cause des femmes est défendue par des militantes issues de la plupart des milieux sociaux.

Les mouvements féministes convergent dans la plupart des pays occidentaux à la fin du 19e siècle : les congrès internationaux favorisent la circulation des idées, catalysent les mobilisations pour le droit de vote.

Cette « longue marche pour le droit de vote » aboutit dans la plupart des pays occidentaux au tournant du siècle, rappelle Françoise Thébaud, à l’exception notable de la France, pays dans lequel le suffragisme féminin est pourtant fort. Il faudra attendre la fin des conflits mondiaux pour que les Françaises obtiennent le droit de voter.

De 1950 aux années 80

La seconde moitié du 20e siècle est marquée par les mouvements de libération des femmes.

Ils émergent d’abord au Royaume-Uni et aux États-Unis puis en France, dans l’après Mai 68 comme le relate l’historienne Bibia Pavard. Les revendications se centrent sur le droit à l’avortement et plus largement le droit à disposer librement de son corps. Des droits que les femmes acquièrent dans la plupart de ces pays.

En France, le mouvement de libération des femmes (MLF), autonome et non-mixte, promeut un féminisme festif, drôle et volontairement provocateur, à l’instar de son journal « menstruel » Le Torchon brûle.

Le livre s’arrête aussi sur quelques personnalités françaises célèbres du mouvement : l’avocate Gisèle Halimi (1927-2020), la ministre Simone Veil (1927-2017), les militantes féministes Antoinette Fouque (1936-2014) et Monique Wittig (1935-2003). Émergent aussi à cette période les courants black féminism et écoféminisme…

Les années 1970-1980 sont aussi l’occasion de mobilisations d’organisations internationales comme l’ONU qui enclenche la décennie de la femme (1976-1985) et des programmes d’action pour développer leurs droits.

D’un mouvement autonome, le féminisme s’engouffre alors dans les institutions d’État et internationales (ONU, Union Européenne).

Ce tournant dans l’histoire du mouvement a pour corollaire de mettre en veille (temporairement) les mobilisations collectives telles que les manifestations dans la rue.

Des années 90 à aujourd'hui

À partir des années 1990, le mouvement ne constitue plus vraiment une entité homogène.

En France, des revendications ponctuelles et spécifiques se font entendre, par exemple, autour de la parité dans les années 1990, pour les femmes dans les cités au début des années 2000 ou encore les mouvements LGBTQI+++.

Sur le plan international, la marche mondiale des femmes essaie bon an, mal an, de fédérer les féministes des différents pays.

Dans les années 2010, la cause des violences sexuelles constitue un nouveau catalyseur des féministes, les mobilisant internationalement grâce aux réseaux sociaux notamment : c’est le mouvement #Metoo qui a des répercussions sur tous les continents.

La « bataille de l’intime » comme l’appelle la philosophe Camille Froidevaux, s’ouvre ainsi, avec les questions des violences gynécologique, la question du consentement,…

En proie aux mouvements réactionnaires qui regagnent en vigueur y compris dans les pays occidentaux, les féministes doivent se battre aussi pour sauvegarder leurs acquis, à l’instar du droit à l’avortement remis en question aux États-Unis en 2022…


En parallèle, la pensée féministe inspire plusieurs champs d’études dans les sciences humaines comme la question du genre, du care, des trans studies, … Comme le racontent dans la dernière partie du livre les spécialistes du sujet Fabienne Brugère, Michelle Perrot, Joan Scott ou encore Manon Garcia.


En somme, une riche et foisonnante histoire du féminisme qui continue encore de s’écrire aujourd’hui !

Auteure de l'article :

Maud Navarre, docteur en sociologie, cheffe de rubrique à la revue Sciences Humaines.

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