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sculpture du Laocoon

Ethique et philosophie morale


Liberté, devoir, bonheur...

Retrouvez les principaux auteurs et ouvrages concernant ce domaine de la philosophie, ainsi que les principales problématiques rencontrées.


Définition

La philosophie morale est l’une des branches traditionnelles de la philosophie.

On peut définir la philosophie morale comme cette discipline qui cherche à répondre à la question : que dois-je faire ? Et pourquoi ? Donc qui cherche le contenu proprement dit de la morale, mais également son fondement, ce sur quoi repose sa légitimité de ses obligations.

Souvent on utilise éthique et morale comme deux synonymes, ayant un seul et même sens ; néanmoins, certains auteurs les différencient : l’éthique chercherait à identifier les principes à suivre pour atteindre le bonheur, la morale les règles à suivre pour faire son devoir.

Bibliographie : pour commencer

Voici les principaux ouvrages à lire si vous commencez à vous intéresser à ce domaine de la philosophie :


l'Ethique à Nicomaque d'Aristote

L'Ethique à Nicomaque

Quel est le souverain bien, le bien suprême ? Il s'agit du bonheur, mais Aristote montre que les hommes divergent sur les moyens pour atteindre ce but

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les Pensées pour moi-même

Les Pensées pour moi-même

Ce chef-d'œuvre de la philosophie stoïcienne expose les préceptes à suivre pour atteindre la liberté du sage, et par delà, le bonheur

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l'Ethique de Spinoza

L'Ethique

Spinoza expose, à la manière des mathématiciens, sous forme de propositions qui se déduisent les unes des autres, sa conception du monde et de l'homme sage

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le Crépuscule des idoles

Le Crépuscule des Idoles

Dans cet ouvrage, Nietzsche montre qu'à l'origine de la morale et de la religion, on trouve un nihilisme sous-jacent, auquel il faut résister

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Pour aller plus loin

couverture du livre

Faire la morale aux robots Martin Gibert

Peut-on traduire les principes de nos théories morales en code informatique ? C'est là précisément l'objet d'étude de l'éthique des algorithmes En savoir +


couverture du livre

Des valeurs - Une approche sociologique Nathalie Heinich

Quelles sont les différentes étapes de l'acte évaluatif, celui par lequel on attribue une valeur à quelque chose ?

Cette question amène N. Heinich à repenser la sociologie des valeurs : à quoi pourrait ressembler une sociologie axiologique ? En savoir +


couverture du livre

Questions de vie ou de mort Jonathan Glover

Existe-t-il certaines circonstances dans lesquelles on a le droit de tuer un homme ? Par exemple, dans le cas de la légitime défense ?

Glover examine ici des situations bien particulières, telles que l'euthanasie, l'avortement... En savoir +


couverture du livre

Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale Collectif

Plus de 275 chercheurs internationaux ont collaboré à cet ouvrage, devenu, au fil des années et des éditions successives, une référence en son domaine.


couverture du livre

Leçons sur l'histoire de la philosophie morale John Rawls

Cet ouvrage, fruit d'un enseignement de trente ans à Harvard, présente les grandes lignes de l'histoire de la philosophie dans le champ éthique : Hume, Leibniz, Kant, Hegel...



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Vidéos recommandées

Interviews, conférences, émissions de radio... voici 10 vidéos qui vous aideront à mieux comprendre la philosophie morale.

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Contribution

photo de Nayef Al-Rodhan La neuro-philosophie de la nature humaine Nayef Al-Rodhan

Qu'est-ce que les neurosciences révèlent de la nature humaine, du point de vue moral ? En savoir +


photo de Cécile Voisset

Harassment Cécile Voisset

Une réflexion pleine de saveur sur le harcèlement moral... En savoir +

Principaux concepts et problématiques

La responsabilité

La morale n’a de sens que si l’homme est responsable, c’est-à-dire que si sa volonté est cause libre de son action. Si l’homme est irresponsable, inconscient ou agit par contrainte, contre sa volonté, on ne peut le blâmer pour son action, il n’y a pas de morale.

L’obligation morale suppose donc la volonté et la rationalité. Mais est-ce le cas ? L’homme n’agit-il pas, en certaines circonstances au moins, sous l’impulsion de son inconscient ?

Auteur à consulter : Freud


La liberté

La morale présuppose la liberté comme nous venons de le voir, mais sommes-nous réellement libre ?

Nous pensons communément que nous choisissons volontairement d’agir de telle ou telle manière. Notre volonté serait la cause de nos actions.

Mais le déterminisme est une doctrine philosophique qui soutient que tout événement est provoqué par une cause, qui elle-même a une cause, qui a une cause à son tour, etc.

Ainsi tout dérive nécessairement de la première cause, et c’est une illusion de croire que tel événement se produit du fait d’une action volontaire de notre part : nous ne pouvons modifier cette chaîne de causes et d’effets, nous ne pouvons qu’en être spectateur. Nous croyons choisir, mais notre choix est lui-même provoqué par une cause extérieure à nous, qui nous dépasse.

Auteur à consulter : Marc Aurèle


le Baiser de Gustave Klimt
Tableau le Baiser de Klimt
Les passions / le désir

Le désir nous rend vivant : mon cœur bat la chamade, je suis sur un nuage, etc.

Mais bientôt, des obstacles peuvent surgir, et le désir ne peut se réaliser. Alors apparaît l’angoisse, la souffrance, la frustration…

La question se pose donc : le sage qui souhaite atteindre le bonheur doit-il laisser libre cours à ses passions, en recherchant le plaisir ?

Ou au contraire les fuir comme quelque chose de dangereux, menant droit au malheur, et privilégier la raison ?

Auteurs à consulter : Platon, Epicure, Marc Aurèle



Les valeurs

Ce monde a-t-il une valeur ? Ou n’y a-t-il rien à en tirer, comme le postule le pessimisme ou le nihilisme (rien n’a de valeur) ?

Quel est le fondement des valeurs ? Sont-elles subjectives, projetées par l’homme sur le monde ?

Y a-t-il une valeur absolue, une valeur suprême, un souverain bien ? Ou faut-il le nier, comme le pense le relativiste ?

Auteurs à consulter : Aristote, Nietzsche, Cioran


Le bien et le mal

Pourquoi le mal existe-t-il, si le monde a été créé par Dieu ? N’est-ce pas le signe d’une imperfection de celui-ci, donc de son Créateur ?

Les théodicées sont précisément des tentatives pour concilier ces énoncés apparemment contradictoires : Dieu est parfait, le mal existe.

D’où vient le mal ? L’homme en est-il responsable ? Ou vient-il de quelque chose qui en lui échappe à sa volonté (inconscient, etc) ?

Auteur à consulter : Leibniz


Meta éthique / Ethique appliquée

On distingue communément la meta-éthique, considérant le fondement dernier et le sens ultime des concepts de cette discipline, des éthiques appliquées, qui se penchent sur des problèmes concrets, rencontrés dans la vie quotidienne.

Voici quelques exemples de questions examinées par ces dernières :

Le droit des animaux : peut-on tuer les animaux pour les manger ? Les utiliser pour des expériences médicales, afin de guérir, grâce à celles-ci, des êtres humains qui souffrent ?

Bioéthique : peut-on prélever des cellules souches sur des embryons pour guérir des adultes malades ? Peut-on se servir d’embryons comme des réservoirs de cellules souches à des fins thérapeutiques ?

Ethique médicale : la relation de soin est-elle une relation d’amitié ? Que penser de l’euthanasie, lorsqu’un malade souffre sans espoir de guérison ?

Ethique des affaires : y a-t-il des valeurs universelles à adopter comme fondement du comportement des entreprises dans le commerce international ?

Etc


Le fait et le droit

Pourquoi oppose-t-on le fait et le droit ?

Quelle est la différence entre les jugements de valeur et les jugements de fait ? Peut-on vraiment distinguer les jugements descriptifs et jugements prescriptifs ?

Qu’est-ce qui caractérise en propre les jugements moraux ?

Auteur à consulter : Putnam


Le juste

Y a-t-il des lois injustes ? Ou une loi, en tant qu’elle constitue le droit et précisément ce qui est juste, ne peut qu’être conforme à la justice ?

Existe-t-il un droit naturel, comme le soutiennent les partisans du jusnaturalisme, ou ne faut-il supposer qu’un droit positif, celui qui existe de fait dans tel ou tel pays, ainsi que le positivisme juridique le suppose ?

Auteurs à consulter : Aristote, Kelsen, Rawls


le Cri d'E. Munch
Tableau le Cri d'E. Munch
L’existence

L’homme existe, et c’est même là ce qui le caractérise en propre, par opposition aux animaux, ou aux simples objets. A la différence de ces derniers, il ne peut être défini, n’a pas d’essence.

Qu’est-ce que cela signifie, l’idée que l’homme soit existence ? Qu’est-ce qui en découle ? L’existentialisme est la doctrine qui prend là le point de départ de sa réflexion.

On trouve l’existentialisme chrétien, mais aussi un existentialisme athée parvenant, à partir d’un même postulat, à des conclusions bien différentes.

Auteurs à consulter : Kierkegaard, Sartre


Ethique conséquentialiste / déontologique

Un homme en aide un autre, en comptant sur un service en retour. Est-ce moral ?

Oui, pour une éthique conséquentialiste, qui ne retient que les conséquences d’une action pour déterminer si elle est morale. L’homme a bien rendu un service, améliorant objectivement la vie du second, donc elle est morale.

Non, pour une éthique déontologique, qui considère qu’une action est morale lorsqu’elle est faite par devoir, et non dans le but d’obtenir un quelconque avantage.

Le critère déterminant, c’est donc le devoir, cet impératif catégorique qui s'impose à moi sans conditions. Seule une action désintéressée (faite par devoir) est morale ; si ce n’est pas le cas, c’est simplement une ruse, ou de l’habileté, pour atteindre un but égoïste. L’homme n’a cessé de penser à lui-même en rendant ce service, c’est donc de l’égoïsme immoral et non de l’altruisme.

On voit donc que ces deux types d’éthiques sont fondamentalement opposées. On a coutume de voir en Kant le meilleur représentant du déontologisme, et en l’utilitarisme celui du conséquentialisme.

Auteurs à consulter : Kant, J.S. Mill

Un peu d'histoire

Les premiers philosophes, les présocratiques, étaient plutôt des physiciens. Ils s’intéressaient à la nature du principe qui est à l’origine de toute chose. Etait-ce le feu, l’eau, les quatre éléments, les nombres ? etc.


Statue de Socrate
Statue représentant Socrate à Athènes

C’est avec Socrate que l’on voit apparaître l’intérêt proprement éthique. Détournant son regard du monde, il le tourne vers l’homme, vers lui-même, affirmant dans le Charmide son intérêt pour cette maxime inscrite au fronton du temple de Delphes : Connais-toi toi-même.


Dans les premiers dialogues platoniciens, on le voit interroger ses interlocuteurs sur la vertu en général (Ménon), ou des vertus particulières : le courage (Lachès), la piété (Euthyphron).

Enfin, son choix de ne pas fuir et de s’exposer à la mort en buvant la cigüe en fait un modèle éthique, qui impressionnera les écoles philosophiques ultérieures.


Ainsi les cyniques, dont Diogène est le plus célèbre représentant, visent à imiter ce modèle, en adoptant un mode de vie conforme à ce qu’ils estiment être l’idéal éthique : pauvreté, rejet des codes et conventions sociales (Diogène dort dans un tonneau), etc.


Le disciple direct de Socrate, Platon, accorde à l’Idée du Bien la plus haute place dans le monde Intelligible, cette seule et vraie réalité dont notre monde n’est qu’un reflet imparfait.

Aristote est le premier à rédiger des traités d’éthique (Ethique à Nicomaque, et à Eudème) dans lesquels les concepts fondamentaux de la morale sont définis : le bonheur comme bien suprême, la vertu comme juste milieu, la délibération comme précédant l’acte, la justice, l’amitié, etc.


Les deux doctrines qui s’opposent dans le monde hellénique puis romain, l’épicurisme et le stoïcisme, divergent d’un point de vue éthique, présentant des conceptions contraires sur ce qu’il faut faire pour atteindre le bonheur, concernant le plaisir, le désir, les richesses, etc.


Avec le christianisme apparaissent de nouveaux concepts moraux : le péché, en particulier le péché originel, la confession, le repentir, etc. La pitié, le pardon, deviennent des vertus essentielles.

Le fondement de la morale est Dieu : il faut être moral parce que Dieu nous l’a ordonné, dans les Tables de la loi : tu ne tueras point, tu ne connaîtras point l’adultère…


Avec la modernité, et son rejet critique de la notion de Dieu, le fondement de la morale devient problématique. Pourquoi faut-il faire le bien plutôt que le mal, s’il n’y a pas de Dieu, ou si la pensée doit prendre son indépendance vis-à-vis de cette notion ? La morale se fonde-t-elle sur la nature (Spinoza) ? La raison (Kant) ? La société (Durkheim) ? La liberté (Sartre) ?

Parallèlement, les valeurs évoluent : Nietzsche parle de transmutation de toutes les valeurs, un effet direct du fait que Dieu est mort.

De cette évolution naît une multiplicité de doctrines morales modernes, qu'il serait trop long de présenter ici, mais que nous allons aborder transversalement dans la rubrique suivante.