Heidegger
Philosophie contemporaineHeidegger (1889-1976) est un philosophe allemand du 20ème siècle. Elève de Husserl, il donne à la phénoménologie une orientation radicalement différente, consistant en une analytique existentiale de l'homme entendu comme Da-sein, c'est-à-dire "l'être-là" ou "celui par lequel l'être survient". Après la rédaction de son ouvrage fondamental, Etre et Temps, il se compromet avec le régime nazi. Sa pensée prend des orientations différentes : c'est le tournant (Die Kehre), qui l'amène à s'intéresser au langage, à la poésie et aux œuvres des présocratiques.
Les œuvres de Heidegger résumées sur ce site
Introduction à la recherche phénoménologique
Une critique en profondeur des orientations données à la phénoménologie par Husserl, qui amène Heidegger à examiner la pensée de Descartes...
Le maître ouvrage de Heidegger : qu'est-ce que l'être ? Comment repenser à nouveaux frais cette question originaire, et sur quelle base ?
Commentateurs
La pensée esthétique de Heidegger Stéphan VaqueroLe rejet heideggérien de la métaphysique amène celui-ci à reconsidérer à nouveaux frais l'esthétique : comment la définir, si l'homme est Dasein ? En savoir +
Heidegger et l'école de Kyôto Bernard Stevens
Quels sont les liens de Heidegger avec l’école de Kyôto, la mouvance philosophique la plus significative du Japon du XXème siècle ? En savoir +
Anecdotes
Correspondance avec Karl Jaspers
De 1920 à 1963, Heidegger et Jaspers ont entretenu une correspondance. Mais l'itinéraire de ces deux penseurs finit par diverger... Voici le récit de cette amitié brisée.
Bibliographie
Voici les livres incontournables si vous souhaitez mieux comprendre la pensée de cet auteur :
Biemel W., Le concept de monde chez Heidegger, Vrin, Paris, 2015
Zarader M., Lire Être et temps de Heidegger, Vrin, Paris, 2012
Vaysse J.M., Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie de Heidegger, Ellipses, Paris, 2005
Dubois C., Heidegger, introduction à une lecture, Seuil, Paris, 2000
Grondin J., Le tournant dans la pensée de Martin Heidegger, PUF, Paris, 2011
Caron M., Pensée de l'être et origine de la subjectivité, Cerf, Paris, 2005
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Vidéos recommandées
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Biographie détaillée : vie de Heidegger
Jeunesse
Martin Heidegger naît en 1889 à Messkirch, une ville allemande proche du Danube et du lac de Constance, dans un milieu catholique.
Il étudie au séminaire de Constance, puis de Fribourg ; c’est là qu’il lit De la diversité des acceptions de l'être d'après Aristote, une dissertation de Brentano qui résonne en lui comme une révélation. C’est cet ouvrage, analysant la fameuse idée aristotélicienne que l’être se dit de plusieurs manières
, qu’il considère comme son premier guide à travers la philosophie grecque
.
Une question fondamentale lui apparaît alors : Si étant se dit en guises diverses, quel est donc l'un de ce divers
? Heidegger va consacrer plus de vingt ans de sa vie à réfléchir à ce problème, la question de l’être : ces réflexions constitueront la matière de son ouvrage Etre et temps.
Deux ans après la découverte de Brentano, Heidegger se plonge dans les Recherches logiques d’Husserl. Il se destine à devenir prêtre, mais des problèmes de santé l’amènent à retarder ce projet. En convalescence, il réalise que c’est la philosophie qui l’intéresse avant toute autre matière, et se consacre pleinement à cette dernière, abandonnant religion et théologie.
En 1913, il rédige sa thèse de doctorat : Doctrine du jugement dans le psychologisme.
Le professeur
Il est autorisé à enseigner à l’université de Fribourg après la rédaction de sa thèse d’habilitation Traité des catégories et de la signification chez Duns Scot. Il rencontre Husserl et devient son assistant personnel. Il l’admire mais s’en détache rapidement, ses pensées prenant une autre orientation, à partir de ce sol commun qu’est la phénoménologie.
Il se marie, et de cette union naissent deux enfants.
En 1923, il est nommé professeur à l’université de Marbourg, haut lieu du néo-kantisme : il exerce une profonde influence sur la plupart de ses étudiants, dont Gadamer, Hannah Arendt, Léo Strauss, Hans Jonas.
En 1926, il prend la succession d’Husserl à l’université de Fribourg, qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite, déclinant de nombreuses offres de postes dans des universités plus prestigieuses, comme Berlin. En 1927, Etre et temps est publié.
Le tournant
Commence alors sa compromission avec le nazisme : aux élections de 1932, il vote pour le parti nazi et y adhère en 1933. Il devient recteur de l’université et déclare dans son Appel aux étudiants de 1933 que Seul le Führer lui-même est la réalité et la loi de l'Allemagne d'aujourd'hui et de demain
. Des autodafés de livres juifs et marxistes sont organisés dans l’université dont il a la charge.
Néanmoins, il démissionne un an plus tard seulement de son poste : s’agit-il d’un acte de résistance, ou de condamnation implicite du nazisme ? Jusqu’à la fin de la guerre, il continue ses cours.
Du point de vue spirituel, cette longue période (1932-1944) peut être considérée, même si ce point est discuté, comme un tournant (Kehre), au cours duquel la pensée d’Heidegger prend une direction fondamentalement distincte de celle que l’on pouvait trouver à l’œuvre dans Etre et temps. Il s’intéresse au langage, à la poésie (en particulier Hölderlin), aux présocratiques, et va chercher dans les œuvres de ces derniers une intuition fondamentale qui se serait perdue, celle de l’Etre.
A la libération, il est interdit d’enseignement jusqu’en 1951.
Il profite de cette période d’inactivité pour écrire sa Lettre sur l’humanisme, en réponse à la lecture que certains philosophes français, tels Jean-Paul Sartre, font de son œuvre.
Fin de vie : voyage et séminaires
Lorsqu’il reprend son enseignement, il donne des séminaires restés célèbres tels que Qu’appelle-t-on penser ?, Qu'est-ce qu'une chose ? ou la Question de la technique. Il considère en effet la technique comme un symptôme du nihilisme dans lequel la métaphysique, telle qu’elle se conçoit depuis Aristote, a enfermé l’esprit occidental.
A l’invitation de Jean Beaufret ou du poète René Char, il vient donner quelques séminaires en France. Il meurt en 1976 à Fribourg-en-Brisgau, laissant derrière lui plus d’une centaine d’œuvres, peu à peu publiées et traduites.
En 2014, la publication posthume des Cahiers noirs, reprenant certains des thèmes antisémites classiques, fit scandale.
Principaux ouvrages
Phénoménologie de la vie religieuse, Gallimard, Paris, 2012
Être et Temps, Gallimard, Paris, 1986
Qu'est-ce que la métaphysique ?, Nathan, Paris, 2009
Approche de Hölderlin, Gallimard, Paris, 1996
Questions I et II, Gallimard, Paris, 1990
Lettre sur l'humanisme, Aubier, Paris, 1992
Chemins qui ne mènent nulle part, Gallimard, Paris, 1986
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