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couverture du livre l'Esprit des Lois de Montesquieu

Résumé : De l'Esprit des Lois

De l’Esprit des lois est publié en 1748, à Genève et sans nom d’auteur, de manière à éviter la censure. Ce livre présente les réflexions politiques de Montesquieu. Il décrit les différentes formes de gouvernement (monarchie, aristocratie, république, despotisme…) et les lois qui conviennent à celles-ci. On y trouve sa célèbre théorie de la séparation des trois pouvoirs.



Il s’agit dans L'Esprit des Lois de saisir les grands principes qui régissent l’histoire des sociétés politiques.
Dans nos sociétés, les événements ne se déroulent pas au hasard. Il y a des lois générales, qu’il s’agit d’identifier :

J’ai posé les principes et j’ai vu les cas particuliers s’y plier comme d’eux-mêmes, les histoires de toutes les nations n’en être que les suites 1.


Montesquieu définit les lois comme les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses 2. De ce fait toutes choses (animaux, hommes, Dieu, etc.) ont leurs lois. C’est là la condition nécessaire pour que le monde, une fois créé, subsiste et ne s’effondre pas sur lui-même. L’existence de ces lois est donc prouvée par la persistance du monde.

Ces lois existent de tout temps, même les lois humaines, car elles existent en puissance avant que d’être promulguées.

L’homme en tant qu’être intelligent et libre, a néanmoins le pouvoir de violer les lois qui le caractérise : Il s’en faut bien que le monde intelligent soit aussi bien gouverné que le monde physique 3.


Les lois de la nature, qui précèdent les lois politiques sont celles qui régissent un homme avant l’établissement des sociétés. Quelles peuvent-elles être ?

Cela revient à décrire l’état de nature, thème politique popularisé par Hobbes. A la différence de ce dernier, Montesquieu ne décrit pas celui-ci comme un état de guerre, dans lequel chaque homme serait un loup pour l’homme.

Dans cet état, chacun se sent inférieur 4 et fuit farouchement la compagnie des autres hommes. De ce fait, l’état de nature est un état de paix.

Certes Hobbes demande pourquoi les hommes ferment leur maison à clé s’ils sont naturellement amis. Mais Montesquieu montre qu’il s’agit là d’une question mal posée : en effet, c’est là leur attribuer des éléments de la société civile (une maison, une clé), donc des désirs qui ne peuvent avoir lieu dans l’état de nature.

Dans cet état de nature, quatre déterminations fondamentales caractérisent l’homme : il a l’idée de Dieu, il cherche à se nourrir, il désire se reproduire et il a le désir de vivre en société (mêlé à la peur).

Ce sont donc là les quatre lois naturelles de l’homme.


Dès que l’homme entre en société, l’état de guerre commence. Montesquieu décrit donc un processus historique inverse de celui de Hobbes, pour lequel les hommes rentrent en société précisément pour échapper à l’état de guerre qui caractérise l’état de nature.

Pour Montesquieu, l’état de guerre est double : les hommes, à l’intérieur d’une même société, entrent en guerre entre eux, car chacun perd le sentiment de sa faiblesse ; de même, les nations entrent en guerre entre elles.


De ce fait, des lois de trois sortes apparaissent (constituant trois sortes de droits différents) :

- celles qui gouvernent les relations entre les peuples : le droit des gens

- celles qui régissent les rapports des gouvernants aux gouvernés : le droit politique

- celles qui régissent les rapports des citoyens entre eux : le droit civil


Quel est le gouvernement le plus adapté à la nature de l’homme ?

Nombreux sont les commentateurs politiques qui avant Montesquieu, ont attribué cette caractéristique à la monarchie. En effet, le monarque commande à ses sujets, comme le père commande à ses enfants. Il semble donc que ce soit le système politique le plus naturel.

Mais Montesquieu objecte qu’après la mort du père, le pouvoir se transmet aux fils ou aux frères, et laisse place à un gouvernement de plusieurs. La famille n’est donc pas le paradigme à partir duquel on peut déterminer le gouvernement le plus naturel.


On pourrait s’attendre à ce que Montesquieu dise dans l'Esprit des Lois que la démocratie est le système politique le plus conforme à la nature humaine. Mais tel n’est pas le cas. Le gouvernement le plus naturel est celui qui s’adapte le mieux au peuple pour lequel il est établi.

En effet, la diversité des peuples entraîne une grande diversité de lois, et par contrecoup un grand nombre de régimes politiques différents : il y a peu de lois universelles et donc il n’y a pas un régime politique qui serait universellement valable :

Les lois doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites, que c’est un très grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre 5.

1 De l’Esprit des Lois, Gallimard, Folio Essais, 2003, préface, p.81
2 livre I, chap.1, p.87
3 ibid., p.89
4 livre I, chap.2, p.92
5 livre I, chap.3, p.95