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couverture du livre

Qu'est-ce qu'un Dieu ?

Dans cet ouvrage, l’auteur se propose d’exposer les principales difficultés que l’on rencontre quand on cherche à déterminer ce qu’est un Dieu 1.

L’anthropomorphisme est l’un de ces obstacles : concevoir Dieu comme un homme, lui prêter naïvement des traits humains.

Contre cela, la métaphysique prétend fournir un concept plus rationnel de Dieu ; mais n’est-ce pas là une nouvelle illusion ?


La critique philosophique de l’anthropocentrisme

Comment le concept de Dieu apparaît-il en notre esprit ? Qu’est-ce qui en est à l’origine ? L’anthropocentrisme, selon certains philosophes tels que Xénophane, Hume ou Spinoza.

Ainsi on connaît le célèbre mot de Xénophane :

Si les bœufs, les chevaux et les lions avaient aussi des mains, et si avec ces mains, ils savaient dessiner et savaient modeler les œuvres, qu’avec art seuls les hommes façonnent, les chevaux forgeraient des dieux chevalins, et les bœufs donneraient aux dieux forme bovine : chacun dessinerait pour son dieu l’apparence imitant la démarche et le corps de chacun 2.

C’est donc l’imagination, plutôt que la raison, qui forge une telle représentation.

Le problème est le suivant : Concevoir des Dieux comme des humains tout en affirmant qu’ils ne sont pas de simples êtres humains paraît tout simplement contradictoire 3.

Est-il possible d’élaborer un concept de Dieu qui ne soit pas une simple projection anthropomorphique ? Tel est le défi que prétend relever le théisme.

Dieu des croyants et dieu des philosophes

Certains penseurs récusent la possibilité d’élaborer philosophiquement un tel concept. Dieu ne dépasse-t-il pas toute possibilité de conceptualisation rationnelle ? N’est-il pas l’indéfinissable, l’inexprimable, ainsi qu’en témoigne la graphie (imprononçable) « YHWH », qui désigne Dieu dans la tradition judaïque ?

Yann Schmitt convoque plusieurs auteurs emblématiques de cette position :

  • J.L. Marion, qui développe une conception du silence théologique dans son ouvrage Dieu sans l’être
  • Heidegger et sa critique de l’onto-théologie définissant Dieu comme un étant privilégié, au lieu de le saisir dans son rapport à l’être
  • et Pascal, qui récuse le Dieu des philosophes pour celui d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.


L’auteur propose d’articuler la réflexion sur Dieu autour d’une idée régulatrice : la définition qu’en donne Saint Anselme, dans le Proslogion : L’être tel que rien de plus grand ne peut être pensé 4.

Cette formule mène vers le concept d’un Dieu unique : plusieurs dieux ne pourraient coexister sans venir limiter leur toute-puissance.

De ce fait, la question : qu’est-ce qu’un Dieu ? » devient donc « qu’est-ce que Dieu (s’il existe) ? 5.

Les quatre paradigmes

Yann Schmitt identifie quatre paradigmes pour penser philosophiquement la nature de Dieu 6, autour desquels se sont construites les principales oppositions :


1°) Dieu est-il l’être premier ? C’est Aristote qui est à l’origine d’un tel paradigme « maximaliste », en définissant Dieu comme le premier moteur. De cette définition découle plusieurs attributs : la nécessité, le statut de créateur, l’infinité… chacun posant des problèmes spécifiques (par exemple, la distinction entre l’infini positif, et sa version négative, l’indéfini).


2°) Dieu est-il au-delà de l’être ? Dans le paradigme « super-transcendantaliste », dont Platon est un digne représentant, Dieu est conçu comme au-delà des séries de perfection, et non comme le point maximal d’une série 7. La théologie mystique aurait la charge de penser ce Dieu au-delà de l’être. Pseudo-Denys L’Aréopagite montre quelles voies doit suivre la réflexion pour parvenir à atteindre cet objet transcendant.


3°) Dieu est-il absolument simple ? C’est ici Saint Thomas qu’il nous faut suivre. Dieu ne peut être composé de parties plus simples, la partie étant cause du tout, et Dieu n’ayant point de causes préexistantes. Cela nous mène à examiner la subtile distinction thomiste entre analogie de proportion et analogie d’attribution.


4°) Dieu est-il dans le temps ou au-delà du temps ? Les difficultés autour de l’atemporalisme sont examinées à partir d’auteurs contemporains tels que Kenny, Stump et Kretzmann, Swinburne… Dieu peut-il venir s’inscrire dans le temps sans que cela ne vienne altérer sa perfection ?


La réflexion se conclut par le commentaire de deux textes, l’un de Leibniz, l’autre de Feuerbach. Le premier, en effet, cherche à développer un concept rationnel de Dieu qui fonde la perfection de celui-ci ; et le second soutient que Dieu n’est qu’une projection humaine, la religion étant un exemple privilégié d’anthropomorphisme.

Ces deux textes viennent donc illustrer la problématique qui parcourt tout le livre.

Conclusion

Un ouvrage synthétique, assez court, clair et pédagogique, qui permet de se faire une vue d’ensemble des principales approches philosophiques autour de la question de Dieu.

Nous vous en recommandons donc la lecture, si vous commencez à étudier la philosophie de la religion, ou la métaphysique.


1 p.124
2 Les Présocratiques, J.-P. Dumont, Paris, Gallimard, 2008
3 p.14
4 Proslogion, Paris, Garnier-Flammarion, 1993, chap.2
5 p.38
6 p.39
7 p.53