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couverture du livre la Physique d'Aristote

Résumé de : La Physique

La Physique est un ouvrage d’Aristote consacré à l’étude de la nature. Considéré par Heidegger comme « le livre fondamental de la philosophie occidentale », on y trouve la célèbre distinction des quatre types de cause, une réflexion sur la nature du hasard, du mouvement, de l’infini… C’est ici qu’est énoncé le fameux paradoxe du temps.


Du même auteur : l'Ethique à Nicomaque  De l'Ame  la Métaphysique  la Poétique


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Livre I

Nous estimons connaître une chose quand nous en connaissons les causes, les principes et les éléments. Ce pourquoi la science de la nature a vocation à trouver les causes, principes et éléments des étants naturels.


On connaît d’abord les choses, dans leur globalité, mais l’apprentissage est un processus qui nous amène à découvrir leurs parties : c’est pourquoi il faut aller des choses en général vers les choses particulières 1, des choses claires pour nous aux choses claires par nature.


Le principe est l’origine d’une chose. Aristote cherche à identifier les caractères du principe à l’origine de toute chose. Celui-ci est soit un soit multiple. S’il est un, il doit être immobile (Parménide ou Mélissos) ou mû (les physiciens). S’ils sont multiples, sont-ils finis ou infinis ? Sont-ils d’un même genre ou de genres contraires ?


Contre Parménide et Mélissos, Aristote affirme que le mouvement existe, et que toutes choses ou du moins quelques-unes sont mues. D’autre part, il est faux de soutenir, comme ceux-ci, que toute chose est une. Quelle est cette unité, demande Aristote ? Celle-ci demeure indéterminée.

En fait, Aristote a montré dans les Catégories que l’être est plurivoque : on trouve l’être en puissance, en acte, l’être par soi, par accident, etc.

D’ailleurs le principe est toujours principe de quelque chose : le terme même de principe implique une dualité (qu’il y ait deux choses).

Cet Un ne peut être ni qualité ni quantité car ces deux prédicats se rapportent toujours au sujet ; là encore, cela implique une dualité.

Soit l’Un est continu, soit il est indivisible. S’il est continu, l’Un est multiple car le continu est divisible à l’infini. S’il est indivisible, il n’aura ni quantité ni qualité. Il ne sera donc ni infini comme le dit Mélissos, ni fini comme le soutient Parménide.


Enfin, quel est le sens exact de l’idée selon laquelle toutes choses sont unes ? Si « être Un » veut dire « être synonyme », alors ils emploient le langage d’Héraclite, ce sera même chose que l’être du bien et du mal 2. Et leurs discours ne concernera pas le fait que les étants sont Un, mais bien qu’ils ne sont rien 3.


En fait, les présocratiques étaient réunis par un même refus : celui de l’idée que l’étant soit plurivoque, à savoir qu’une même chose soit à la fois une et multiple. Car alors cela serait une contradiction, et cela introduirait la contradiction au cœur de l’être.

Pour Aristote au contraire, les étants sont multiples soit par la définition (la définition de « blanc » diffère de celle de « rapide »), soit par la division (le tout est composé de plusieurs parties). Il refuse donc le monisme de Parménide.


Comment, puisque tout n’est pas Un, se forment les différentes choses ? Aristote examine les doctrines des différents physiciens : faut-il croire qu’elles se forment par condensation et raréfaction, par altération (Anaxagore), etc.


Après avoir critiqué l’idée d’un principe Un (monisme), Aristote examine la doctrine soutenue par plusieurs présocratiques selon laquelle il existe deux principes contraires, et que c’est de leur opposition que naît la pluralité des étants.

Tous ces penseurs sont d’accord sur le fait que les principes sont les contraires mais diffèrent sur le choix des contraires.

Par exemple, pour Démocrite, il s’agit du plein et du vide. Pour d’autres, le chaud et le froid, le pair et l’impair, etc.


En fait, pour Aristote, les principes ne peuvent être ni un (ainsi qu’en témoigne sa réfutation du monisme), ni en nombre infini (car le réel serait inconnaissable), ni deux. En effet, seul, un contraire ne peut produire son contraire : il faut un troisième principe différent des deux contraires.


Aristote a déterminé, à la suite de cette enquête, le nombre de principes : ils sont trois. Mais lesquels ? Telle est la question à laquelle il va à présent s’atteler.

1 La Physique, Vrin, trad. A. Stevens, Paris, 1999, livre premier, 184a, p.67
2 ibid., 185b, p.73
3 ibid.