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couverture du livre les Principes de la connaissance humaine de Berkeley

Résumé des Principes de la connaissance humaine (page 2)

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Supposons qu’un géomètre trace une ligne sur une figure géométrique.

On peut dire que cette ligne, particulière en elle-même, est néanmoins générale quant à sa signification, puisque, telle qu’on l’emploie là, elle représente toutes les lignes particulières quelles qu’elles soient ; car ce qui est démontré d’elle est démontré de toutes les lignes, ou en d’autres termes, d’une ligne en général 1.


Pour résumer, une idée devient générale quand on en fait un signe 2.

Les idées abstraites ne sont pas nécessaires au langage. Elles ne sont pas indispensables pour communiquer, puisque les animaux n’en font pas usage non plus mais communiquent entre eux.


Cette critique qu’opère Berkeley des idées abstraites nous permet de nous débarrasser de tout le labyrinthe d’erreurs 3 scolastique, et les controverses sans fin et stériles que cela a provoqué.

La source de cette erreur est le langage, il nous faut donc essayer de penser à l’idée pure, sans le mot, pour éviter les controverses purement verbales.


Les objets de la connaissance humaine sont :

- les idées imprimées sur les sens (sensation)

- les idées perçues par réflexion sur nos états intérieurs

- les idées formées à l’aide de l’imagination/mémoire


Les idées de sensation sont la lumière, les couleurs, etc.

Comme plusieurs d’entre elles sont souvent observées ensemble, on les considère comme une seule et même chose et on les range sous un seul nom. Par exemple, certaines collections d’idées constituent une pierre, un arbre 4, etc.


Mais on remarque qu’ outre toute cette variété sans fin d’idées ou d’objets de connaissance, il y a aussi quelque chose qui les connaît ou les perçoit, et exerce diverses opérations à leur sujet, telles que vouloir, imaginer, se souvenir. Cet être actif percevant est ce que j’appelle esprit, intelligence, âme ou moi 5.

Cet esprit n’est pas lui-même une idée mais une chose entièrement distincte d’elles, dans lesquelles elles existent ou ce qui est la même chose, par laquelle elles sont perçues 6. Cette dernière équivalence est fondamentale chez Berkeley. Elle repose en effet sur sa célèbre doctrine selon laquelle être, c’est être perçu 7(esse est percipi). Il précise en effet : L’existence d’une idée consiste à être perçue 8.


Qu’entend-on en effet par exister lorsqu’on dit qu’une chose existe ?

La table, je dis qu’elle existe : c’est-à-dire que je la vois, je la sens ; et si j’étais en dehors de mon cabinet, je dirais qu’elle existe, entendant par là que si j’étais dans mon cabinet, je pourrais la percevoir. Il y avait une odeur, c’est-à-dire elle était sentie ; il y avait une figure, c’est-à-dire elle était perçue par la vue ou le toucher 9.

C’est tout ce que l’on peut comprendre par l’expression « exister ».


Si être, c’est être perçu, alors cela a des conséquences importantes : les pensées, les passions, les idées de l’imagination, les sensations ne peuvent pas exister hors de l’esprit, autrement que dans un esprit qui les conçoit 10.

On bascule alors dans un idéalisme radical. On abandonne l’idée du sens commun selon lequel il y a un monde extérieur, dans lequel existent des choses indépendamment de l’homme :

Quant à ce qu’on dit de l’existence absolue de choses non pensantes, sans aucune relation avec le fait qu’elles sont perçues, cela semble parfaitement inintelligible. Leur esse est percipi, et il n’est pas possible qu’elles aient quelque existence en dehors des esprits ou choses pensantes qui les perçoivent 11.


On distingue en effet habituellement l’idée d’une chose, et cette chose elle-même, existant en dehors et indépendamment de notre esprit. Berkeley critique cette opinion étrangement prédominante chez les hommes que les maisons, les montagnes, les rivières, tous les objets sensibles ont une existence naturelle ou réelle, distincte du fait qu’ils sont perçus par l’entendement 12.

Mais cette idée implique une contradiction manifeste. Que sont en effet les objets mentionnés ci-dessus sinon les choses que nous percevons par les sens ? Ne répugne-t-il pas clairement que [les objets] puissent exister non perçus ? 13.

1 ibid.
2 ibid.
3 §17, p.154
4 1ère partie, §1, p.64
5 §2, p.64
6 ibid.
7 §3, p.65
8 §2, p.64
9 §3, p.64-65
10 ibid.
11 §3, p.65
12 §4, p.65
13 ibid.