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couverture du livre les Principes de la connaissance humaine de Berkeley

Résumé des Principes de la connaissance humaine (page 4)

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Finalement, il est impossible de savoir s’il y a des corps extérieurs matériels, car soit ils peuvent être perçus, et alors ce sont des idées, soit ils ne peuvent l’être, donc leur existence ne peut être prouvée.


Il est impossible de concevoir un son, une figure ou un mouvement existant hors de l’esprit, ou non perçu. Certes, on peut imaginer des arbres dans un parc sans personne à côté pour les percevoir. Mais vous-mêmes, ne les percevez-vous pas pendant tout ce temps ? Cela ne sert donc à rien 1. En fait pour y arriver il faudrait que vous les conceviez comme existant non conçus, ce qui est une incompatibilité manifeste 2.


Berkeley affirme une propriété fondamentale des idées : elles sont inactives, passives, inertes : Il est impossible qu’une idée fasse quelque chose ou soit la cause de quelque chose 3.

Il y a donc quelque cause de ces idées dont elles dépendent, qui les produit et qui les change 4. Si cela ne peut être une idée (qui est passive), ni une substance matérielle ou corporelle (qui n’existe pas), alors il faut que ce soit une substance active incorporelle, une intelligence 5.

Berkeley la définit ainsi :

Une intelligence est un être actif, simple, non divisé […]. En tant qu’il perçoit des idées, on l’appelle entendement, et en tant qu’il en produit ou opère autrement sur elles, on l’appelle volonté 6.


On ne peut former d’idée d’une âme ou intelligence, car nos idées passives ne peuvent nous représenter ce qui agit. Pourtant si on ne peut pas la percevoir en elle-même, on peut la percevoir par les effets qu’elle produit.

Berkeley remarque que si je peux agir sur certaines idées (par exemple, imaginer un lion), d’autres ne sont pas dépendantes de ma volonté (je ne choisis pas quand j’ouvre les yeux de ne pas voir ce que je vois) : Il y a donc quelque autre volonté ou intelligence, qui les produit 7et les règles fixes de cette production sont les lois de la nature, que l’on apprend par expérience.

Ces lois de la nature en font un ouvrage cohérent où se déploie si évidemment la bonté et la sagesse de l’intelligence qui gouverne 8. C’est l’Auteur de la Nature 9, en tant qu’intelligence active, qui est cause des phénomènes. Ainsi, le feu n’est pas cause de la chaleur (rien de plus absurde pour Berkeley) ; c’est cette intelligence qui est cause de la chaleur.


On peut donc distinguer idées et choses « réelles » dans cette conception : si les choses réelles sont des idées imprimées sur les sens par l’Auteur de la Nature nos idées sont des images des choses que l’homme provoque par imagination 10.

Les premières ont plus de réalité que les secondes, en ce qu’elles sont plus fortes, plus ordonnées, plus cohérentes, mais ce n’est pas une raison pour qu’elles existent hors de l’esprit 11.


Berkeley expose une objection : il semble que sa doctrine rende le monde chimérique : nous ne verrions que des choses imaginaires, qui n’existent que dans notre esprit.

Berkeley répond que ce n’est pas le cas. Dans sa théorie, la distinction entre réalités et chimères conserve toute sa force 12. C’est celle précisément qu’il vient d’exposer plus haut ; les réalités sont des idées plus cohérentes, plus ordonnées, obéissant aux lois de la nature. En fait, les choses que je vois de mes yeux et que je touche de mes mains existent réellement. […] La seule chose dont nions l’existence est celle que les philosophes appellent matière ou substance corporelle 13.


Ainsi il ne s’agit pas pour Berkeley de proposer un nouveau scepticisme, niant la réalité du monde : Le soleil que je vois est le soleil réel 14. Plus généralement nous ne voulons pas que qui que ce soit devienne sceptique, et refuse de croire ses sens ; au contraire, nous leur donnons toute la force et la certitude imaginables, et il n’y a pas de principes plus opposés au scepticisme que ceux que nous avons posés 15 puisque ce que je vois, entends, sens, existe 16.


1 §23, p.77
2 ibid.
3 §25, p.79
4 §26, p.79
5 ibid.
6 §27, p.80
7 §29, p.81
8 §32, p.82
9 §33, p.83
10 ibid.
11 ibid.
12 §34, p.84
13 §35, p.84
14 §36, p.85
15 §40, p.87
16 ibid.