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couverture du livre la République de Platon

Résumé de La République (page 4)


Adamante émet une objection : non seulement le philosophe semble inutile à la cité, mais en plus on voit que ceux qui restent attachés à la philosophie deviennent la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à fait pervers 1.


A cela Socrate répond que le traitement que les Etats font subir aux hommes les plus sages est si dur qu’il n’est personne au monde qui en subisse de semblable 2.

Pour expliciter cela, il utilise une métaphore. Imaginons un navire, sur lequel les membres d’équipage se disputent le gouvernail, le capitaine ne sachant pas naviguer. Malheureusement, ils ne connaissent pas l’art de naviguer et bien plus, prétendent que ce n’est point un art qui s’apprenne 3 (Platon s’en prend ici aux Athéniens qui n’admettaient point que la politique fût l’objet d’une véritable science).

Ces matelots s’enivrent, s’emparent du gouvernail et naviguent comme peuvent naviguer de pareilles gens 4, c’est-à-dire conduisent le vaisseau à sa perte. Platon fait allusion ici aux démagogues, les meneurs du peuple qui préparent la ruine de l’Etat.


Or il existe un art de gouverner : Ils ne se doutent même pas que le vrai pilote doit étudier le temps, les saisons, le ciel, les astres 5. Sur ce navire, le vrai pilote qui essaierait de raisonner le reste de l’équipage serait traité par les matelots de bailleur aux étoiles, de vain discoureur et de propre à rien 6. De même, le philosophe est mal traité dans la cité. Il reste inutile à celle-ci, parce qu’on ne l’emploie pas.

Pourquoi devient-il alors « pervers », pour reprendre l’expression d’Adimante ? Du fait précisément de son inutilité. Comme toute plante qui ne se trouve pas sous le bon climat dégénère, une nature excellente, soumise à un régime contraire, devient pire qu’une nature médiocre 7.


Supposons maintenant qu’un des hommes d’équipage flatte les autres matelots, et appelle « sagesse » leur manque de science, et leurs opinions décousues sur ce qu’il convient de faire pour diriger le navire.

Il s’agit là du sophiste, qui à l’inverse du philosophe, n’enseigne pas d’autres maximes que celles que le peuple lui-même professe dans ses assemblées, et c’est là ce qu’ils appellent sagesse 8.

Platon conclut à une divergence irréconciliable : Il est impossible que le peuple soit philosophe, et nécessaire que les philosophes soient blâmés par lui 9.

Aucun gouvernement existant ne convient au naturel philosophique. Aussi on le voit s’altérer et se corrompre, comme une graine tombée sur un mauvais sol donne un fruit mauvais. Mais s’il venait à rencontrer un gouvernement dont l’excellence répondît à la sienne, on verrait alors qu’il est vraiment divin 10. Lequel ? Précisément celui que Platon est en train de décrire dans la République, celui qui régirait la cité idéale.

La réalisation de ce gouvernement parfait sera possible en convertissant par la douceur le peuple à ce programme.


Quelle est, à présent, la connaissance dont dispose le philosophe, et grâce à laquelle il peut prétendre légitimement au pouvoir ? Il s’agit de la science la plus élevée, celle de l’Idée du Bien :

L’idée du Bien est la plus haute des connaissances, celle à qui la justice et les autres vertus empruntent leur utilité et leurs avantages 11.

Nous ne connaissons pas suffisamment cette idée, et de ce fait, les autres connaissances ne nous sont d’aucun profit. En effet, inutile de posséder beaucoup de choses, si elles ne sont pas bonnes, ou de tout connaître, à l’exception du bien, et de ne rien connaître de beau ni de bon 12.


Le bien ne consiste pas dans le plaisir, comme le pense la plupart des hommes. Il y a en effet des plaisirs mauvais.

Platon pose donc dans ce livre de la République la question : quelle est la nature du bien ? C’est à cette interrogation qu’il va consacrer à présent l’essentiel de ses réflexions.

1 487b-488b, p.245
2 ibid.
3 488b-489c, p.246
4 Ibid.
5 Ibid.
6 Ibid.
7 491c-492c, p.249
8 492c-493c, p.250
9 493c-494c, p.251
10 496c-497c, p.254
11 504d-505c, p.262
12 Ibid.