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Résumé de La République (page 5)
Qu’est-ce que l’idée du Bien ?
Cette expression renvoie à la célèbre doctrine platonicienne des Idées. Résumons-la brièvement.
Pour Platon, les choses belles le sont parce qu’elles participent à l’Idée du Beau en soi, les hommes sont courageux en tant qu’ils participent à l’Idée du Courage en soi, etc.
Pour prendre l’exemple du Beau en soi (déjà exposé dans le Banquet), il s’agit de la Beauté éternelle et absolue, à laquelle participent les multiples choses belles, ces dernières n’ayant accès qu’à un beau relatif et particulier.
De même, l’Idée de l’Homme en soi représente ce qu’il y a de commun aux différents hommes.
Les Idées ne se trouvent pas dans le monde sensible, imparfait et soumis à la dégradation, mais dans une autre réalité, à laquelle on ne peut accéder que par la pensée : le monde intelligible, pur, éternel et absolu. Il s’agit de la réalité que le Créateur a prise pour modèle lorsqu’il a créé notre monde sensible, qui n’est qu’un reflet imparfait du monde intelligible.
Dans le cadre de cette doctrine, ainsi résumée, comment Platon définit-il l’Idée précise du Bien en soi dans la République ?
Il s’agit de ce qui se retrouve dans la multiplicité des choses belles et bonnes.
Pour voir quelque chose, on a besoin d’un troisième terme, intermédiaire entre la chose et l’œil : la lumière du soleil.
Or l’idée du Bien est dans le monde intelligible ce que le soleil est dans le monde du visible à l’égard de la vue et des objets :
Ce qui répand la lumière de la vérité sur les objets de la connaissance et confère au sujet qui connaît le pouvoir de connaître, c'est l’idée du Bien 1.
Celle-ci n’est-elle pas hors de toute connaissance ? Au contraire : Puisque [l’Idée du Bien] est le principe de la science et de la vérité, tu peux la concevoir comme objet de connaissance
2.
En revanche, le bien n’est ni la vérité ni la science elles-mêmes, de même que le soleil n’est pas la lumière elle-même. Le bien surpasse celles-ci : La nature du bien doit être regardée comme beaucoup plus précieuse
3.
Cette Idée est reine du monde intelligible : Les choses intelligibles tiennent du Bien leur intelligibilité, leur être et leur essence
4.
Platon dresse alors une hiérarchie des êtres selon leur degré de clarté, d’évidence et de vérité, dans un passage célèbre de la République.
Au stade le plus bas, on trouve les images des choses, leur ombre et leur reflet, appréhendés par l’imagination. On trouve ensuite les choses elles-mêmes (animaux, plantes, œuvres d’art, etc.), appréhendés par la foi. Ce sont là les deux types d’objets du monde sensible.
Au stade supérieur, dans le monde intelligible se rencontrent les objets mathématiques, objets de la connaissance discursive. Enfin au stade suprême, à la fois de l’être et de la connaissance, se trouvent les Idées, que Platon nomme également Formes, appréhendées par l’intelligence.
Pour atteindre la première partie de l’intelligible (le domaine mathématique), l’âme se sert comme autant d’images, des originaux du monde visible, et s’élève d’hypothèse en hypothèse vers une conclusion.
On sait en effet que les mathématiciens se servent de figures visibles (en traçant par exemple une diagonale au tableau), mais raisonnent en pensant non pas à ces figures sensibles elles-mêmes qu’ils viennent de tracer, mais aux originaux (les en soi) qu’elles reproduisent :
Leurs raisonnements portant sur la diagonale en soi, non sur la diagonale qu’ils tracent. Des choses qu’ils dessinent et qui ont leur reflet dans des eaux, ils se servent comme autant d’images pour chercher à voir ces choses en soi qu’on ne voit autrement que par la pensée 5.
En revanche, pour atteindre la seconde partie de l’intelligible – qui aboutit à un principe anhypothétique, l’âme devra, partant d’une hypothèse, et sans le secours des images utilisées dans le premier cas, conduire sa recherche à l’aide des seules idées prises en elles-mêmes.
Ici, la science utilisée pour atteindre cette partie supérieure du monde intelligible n’est plus selon Platon la mathématique, mais la dialectique.
1 508b-509a, p.266
2 Ibid.
3 Ibid.
4 509a, 510a, p.267
5 510a-511b, p.268