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Résumé de La République (page 6)
Alors que la mathématique déduit des hypothèses d’autres hypothèses jusqu’à une conclusion, qui reste hypothétique, mais est prise, à tort, pour un principe anhypothétique, la dialectique remonte elle d’hypothèse en hypothèse jusqu’à un principe réellement anhypothétique, c’est-à-dire doté d’un degré de certitude absolu, un principe universel qui ne suppose plus de condition
1.
Platon distingue dans la République dialectique ascendante et dialectique descendante.
Si la première saisit le principe anhypothétique d’après le mouvement décrit ci-dessus, la dialectique descendante consiste à déduire, une fois ce principe saisi, toutes les conséquences qui en dépendent, et descend ainsi jusqu’à la conclusion, sans avoir recours à aucune donnée sensible, mais aux seules idées, par quoi elle procède, et à quoi elle aboutit
2.
Ainsi, la seule chose qui manque à la connaissance mathématique, pour qu’elle soit rigoureusement scientifique, c’est un fondement indépendant, qui ne soit pas posé.
Livre VII
Platon poursuit son propos par le célèbre mythe de la caverne de la République.
Nous sommes comme des prisonniers enchainés dans une caverne, et qui ne voient du vrai monde que les ombres projetées par la lumière du dehors sur le mur de la paroi du fond. Le philosophe est celui qui se délie de ses liens, tourne la tête et sort de la caverne, découvrant le vrai monde. De même, le philosophe est celui qui comprend que le vrai monde n’est pas le monde sensible, celui qu’on voit dans la vie de tous les jours, mais que celui-ci n’est qu’un reflet imparfait et une ombre du vrai monde, le monde intelligible, celui des Idées, des En soi.
La sortie de la caverne renvoie ainsi métaphoriquement à la dialectique ascendante décrite plus haut. En sortant de la caverne, le philosophe voit les vraies choses (les Idées), et par-delà finit par regarder le soleil en face (l’Idée du Bien ou principe anhypothétique).
Or il faut la voir pour se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique
3.
Platon revient à son propos initial. Nous nous demandions pourquoi le philosophe serait à même plus que tout autre, de diriger la Cité.
En fait, seul parmi les autres hommes, il a accédé par la dialectique ascendante à la contemplation de l’Idée du Bien. Par la dialectique descendante, il peut décider si telle loi est plus apte que telle ou telle autre à instaurer la justice et le bien dans la cité.
Ce savoir est si précieux que la Cité devrait obliger les philosophes à gouverner. Certains seraient en effet tentés de rester plongés dans la contemplation (theoria) de l’Idée du Bien, et s’en tenir ainsi à une vie de pure théorie (comme le prisonnier libéré qui refuse de revenir dans la grotte).
En effet, la loi ne se préoccupe pas d’assurer un bonheur exceptionnel à une classe de citoyens, mais elle s’efforce de réaliser le bonheur de la cité toute entière. Si elle forme de tels hommes dans la Cité, ce n’est point pour les laisser libres de se tourner du côté qu’il leur plaît, mais pour les faire concourir à fortifier le bien de l’Etat
4.
Il faut enseigner la dialectique ascendante aux Gardiens. Mais avant cela, il faut les initier à d’autres sciences, qui ne sont que des préludes à la dialectique, mais les habitueront à se tourner vers le monde intelligible : l’arithmétique et la géométrie (car elles sont connaissances de ce qui est toujours, et développent cet esprit philosophique qui élève vers les choses d’en haut les regards que nous abaissons à tort vers les choses d’ici-bas
5), ainsi que l’astronomie.
La dialectique est une science résumée ainsi par Platon :
Essayer sans l’aide d’aucun sens mais au moyen de la raison d’atteindre à l’essence de chaque chose et ne pas s’arrêter avant d’avoir saisi par la seule intelligence l’essence du bien 6.
Un interlocuteur de Socrate lui demande d’expliciter le contenu de cette science, mais celui-ci lui répond que cela est impossible : Tu ne serais plus capable de me suivre, car ce ne serait plus l’image de ce dont nous parlons que tu verrais mais la réalité elle-même
7.
La dialectique est pourtant viciée par les sophistes, qui en font un simple jeu, utilisé dans des joutes oratoires, à savoir l’art de contredire avec brio son interlocuteur.
1 511b-511e, p.269
2 Ibid.
3 517b-518c, p.276
4 519c-520c, p.278
5 527a-527e, p.286
6 532a-533a, p.291
7 Ibid.