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couverture du livre

Ceci est une illusion

Qu'est-ce que la théorie du narcissisme ?

Cet essai de psychanalyse écrit comme un roman met en scène des personnages fictifs ou réels afin de répondre à cette question.


Projet initial

Ceci est une illusion est un roman à tiroirs. Au départ, mon désir était de faire connaître et de transmettre la théorie du narcissisme ébauchée par Sigmund Freud à partir de 1910 et sa relecture par Jacques Lacan dans les années trente d’une manière ludique en recourant à la forme du roman.

J’en avais tout d’abord écrit une thèse universitaire, exercice qui m’avait laissé frustré et dubitatif. Cette expérience m’avait permis de vérifier, en tant que praticien, que la théorie psychanalytique nait toujours d’une ou de plusieurs rencontres, le cœur de l’exercice de la psychanalyse n’est-il pas  d’abord  et avant tout une rencontre?


J’ai donc logiquement choisi de raconter les rencontres qui ont produit ces théories, c’est pourquoi ce livre met en scène des personnages réels et connus comme Sigmund Freud, Sandor Ferenczi, André Breton, Jacques Lacan, Salvador Dali et Carl Gustav Jung et les fait dialoguer dans divers décors et diverses situations.

Si les situations sont inspirées par les nombreuses informations dont nous disposons grâce aux correspondances qu’ils ont échangé et au travail des historiens de la psychanalyse, les dialogues et les situations sont souvent inventés.

À travers leurs dialogues apparaissent les éléments de la théorie du narcissisme : la formation du moi, le rôle de l’image, la place du regard. Je pouvais ainsi montrer que la théorie psychanalytique est en constante évolution. Cette élaboration correspondant au travail psychique que les psychanalystes doivent produire pour exercer leur écoute quotidienne. La théorie est donc toujours un « work in progress ».

Au cœur du désir de savoir : l’énigme

Voilà pour les intentions mais tout cela ne suffit certainement pas à faire un roman ! C’est pourquoi j’ai conçu le roman comme un roman à énigme.

Sigmund Freud arrive à Paris en juin 1938 grâce aux bons soins de la princesse Bonaparte, en provenance de Vienne où son sort était menacé par la Gestapo. Il est en route vers Londres où il s’installera jusqu’à son décès en septembre 1939. André Breton, pape auto-proclamé du surréalisme et admirateur éperdu de l’inventeur de la psychanalyse vient le rencontrer pour le convaincre encore une fois d’accorder son intérêt aux travaux des surréalistes.

Et André Breton sera désormais notre enquêteur et, de ce fait, notre fil rouge car il se trouve en effet forcé de décrypter la phrase sibylline prononcée par Freud lors de leur rencontre. Cette énigme posée à Breton par Freud dès le début du roman sera résolue à la dernière page.

À partir de là André Breton va suivre deux pistes comme les deux fils d’une enquête qui sont aussi deux théories du narcissisme : la piste freudienne et la piste lacanienne.

Le narcissisme : un débat entre Freud et Jung.

La piste freudienne est celle qui nous fait suivre le chemin de la mémoire de Freud lors de son voyage en bateau en 1905 vers l’Amérique avec Sandor Ferenczi et Carl Jung. On les y retrouve assaillis par le mal de mer, devisant de leurs propres rêves et trouvant refuge dans le cognac, sans jamais cesser de s’interroger sur les découvertes que la psychanalyse leur apporte dans la construction du moi. On verra aussi Freud sursauter aux craquements d’une armoire dans son bureau en conversant avec Jung au sujet du narcissisme et de la démence précoce.

La force de l’illusion : une rencontre entre Lacan et Dali.

La piste lacanienne de son coté, nous fait découvrir avec Jacques Lacan le milieu surréaliste des années trente. L’image et son potentiel d’illusion y auront une place centrale, notamment dans l’article célèbre du « stade du miroir » rédigé par Jacques Lacan dès 1936.

André Breton a rendez-vous avec Lacan pour l’interroger sur Freud dans l’atelier de Pablo Picasso à Paris ou débarque le plus surréaliste des personnages : Salvador Dali. Celui-ci l’ayant invité dans sa maison de Cadaquès, nous suivrons ce dernier lors de sa visite en Espagne pour y découvrir, avec la théorie dalinienne de la paranoïa critique, un tableau sur la naissance de Narcisse que Salvador Dali viendra par la suite présenter à Londres à Sigmund Freud. Dali partageant en effet avec Breton une admiration folle pour Sigmund Freud.

Cependant, espérant avoir la clé de son énigme, André Breton organise une rencontre entre Lacan et Jung à Paris en septembre 1939 pour comprendre la phrase de Freud. Leur dialogue qui s’oriente vers le symbolisme religieux est brutalement interrompu par l’arrivée du gouvernement polonais en exil après l’invasion de la Pologne par le Reich d’Adolf Hitler.

Nous retrouverons alors Sigmund Freud, peu après le passage de Dali, dans sa petite maison londonienne, et nous l’accompagnerons vers la mort qu’il a choisie avec son médecin. Il ne nous quittera pas sans nous donner l’explication de sa phrase à André Breton.

Conclusion

Sigmund Freud affirma en diverses occasions que les artistes annonçaient les découvertes sur l’homme et les profondeurs de son esprit bien avant les scientifiques. 

La psychanalyse ne saurait donc être ce qu’elle est sans rendre hommage aux peintres, aux écrivains, aux poètes et aux philosophes qui l’ont précédé sur la voie de la connaissance, ce roman en est un témoignage. 

Auteur de l'article :

Frédéric de Rivoyre, psychologue clinicien et psychanalyste libéral en cabinet