Résumé de : L'Essai sur l'entendement humain
LockeL’Essai sur l’entendement humain de Locke, publié en 1689, est un des ouvrages fondateurs de l’empirisme, l’un des courants majeurs de la théorie de la connaissance. L’expérience est à l’origine de nos différentes idées. Locke examine avec précision la formation précise de telle ou telle idée particulière (Dieu, l’infini, etc.).
L’entendement, qui est ce qui confère à l’homme sa supériorité sur les animaux, est comparable à l’œil : il nous fait voir les choses, mais il ne se voit pas naturellement lui-même.
Essayons d’inverser notre regard et de faire de l’entendement lui-même l’objet de notre examen. Peut-être cela nous permettra de déterminer la certitude et l’étendue des connaissances humaines
1.
Locke n’examinera pas pour ce faire, la nature du cerveau dans une approche physicienne ou matérialiste. Il s’agit dans l'Essai sur l'entendement humain d’identifier les différentes facultés de notre esprit, et la manière dont se forment nos idées.
Ainsi, on découvrira peut-être les limites de la connaissance, et de ce fait, on pourra identifier un domaine de réflexion où la vérité est atteignable, et un autre où cela est impossible.
C’est là pour Locke le meilleur moyen de lutter contre le scepticisme, qui doute de la possibilité d’atteindre quelque vérité que ce soit : il s’agit d’être plus fin que ce doute radical, et d’identifier le type d’idée sur lequel porte légitimement ce doute, et le type d’idée qui y résiste.
Locke précise ce qu’il entend par idée au sens général :tout ce qui est l’objet de notre entendement lorsque nous pensons
2.
Livre I : des notions innées
Dans le 1er livre, Locke s’attaque à la doctrine des idées innées, qu’on trouve chez Descartes. Cette doctrine affirme que l’homme naît avec certaines idées déjà formées dans l’esprit, comme celle de Dieu, ainsi qu'il le soutient dans ses Méditations Métaphysiques.
Locke montre que l’homme peut découvrir toutes les idées par le simple usage de ses facultés naturelles. Ainsi, l’homme ne naît pas avec l’idée du rouge en lui, mais il acquiert celle-ci grâce à la vue.
Néanmoins, certains principes sont universellement reconnus. Ne peut-on imaginer qu’ils le soient du fait de leur caractère inné ?
Locke remet en cause l’existence de principes universels. Même une tautologie du type « ce qui est est » est ignorée par une grande partie de l’humanité, par exemple les enfants.
Contre-argument : elle est innée en leur âme mais celle-ci ne les voit pas ; ils ne s’en rendent pas compte.
Locke montre que dire qu’une idée est innée signifie que l’âme aperçoit naturellement cette idée : c’est là le sens de cette doctrine. Donc il ne peut pas y avoir d’idée innée inaperçue.
En fait, la seule chose que Locke concède à l’innéisme, c’est le fait que la faculté de comprendre soit innée.
Chronologiquement, voici les processus par lesquels les idées se forment dans notre esprit :
- les sens nous font découvrir le monde, et de ce fait des idées apparaissent dans notre esprit
- celles-ci, de plus en plus familières, rentrent dans notre mémoire et nous leur donnons des noms
- l’esprit abstrait d’autres idées de ces idées amenées par les sens : ce sont les concepts généraux
- l’esprit raisonne sur ces concepts et en découvre d’autres.
Locke consacre un chapitre entier de l'Essai sur l'entendement humain aux principes pratiques, pour montrer qu’aucun d’eux n’est universel donc inné. En effet, si la morale était innée, nous serions tous moraux, et nous aurions tous des remords de conscience en cas de meurtre ou de vol, ce qui n’est pas le cas. Les règles de morale ont besoin d’être prouvées, donc elles ne sont point innées.
Locke reprend une argumentation classique chez les sceptiques, qui montre la diversité des mœurs parmi les peuples : les sacrifices d’enfants pratiqués par les Grecs ou les Romains, l’abandon des personnes âgées dans certaines peuplades, etc.
En fait, on prend pour innés des principes pratiques parce qu’on n’a pas vu ou qu’on en a oublié l’origine. Si l’on examine bien, des doctrines qui n’ont pas de meilleures sources que la superstition d’une nourrice ou l’autorité d’une vieille femme, deviennent avec le temps et par le consentement des voisins, autant de principes de religion et de morale
3.
1 Essai sur l’entendement humain, Vrin, Paris, 1989, trad. Coste, Avant-propos, §2, p.1
2 §8, p.6
3livre I, 2, §22, p.39