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drapeau anglais couverture du livre Essai sur l'entendement humain de Locke

Résumé de l'Essai sur l'entendement humain (page 5)


Locke distingue également les idées réelles qui ont du fondement dans la nature, qui sont conformes à un Etre réel, à l’existence des choses ou à leurs archétypes 1 des idées chimériques.

Or c’est le cas de nos idées simples, qui sont toutes réelles et conviennent toutes avec la réalité des choses 2. Car l’esprit ne peut produire les idées simples, mais simplement les recevoir passivement.


C’est même le cas des qualités secondes, qui certes ne sont pas dans les choses, mais sont l’effet d’une puissance qui se trouve réellement dans la chose même.


En ce qui concerne les idées complexes, c’est plus délicat. En effet, l’esprit peut mal combiner les idées simples. Dans ce cas, l’idée complexe en résultant est chimérique. En revanche, les idées complexes composées d’idées qui peuvent compâtir ensemble sont réelles.

De même les idées des substances ne sont réelles que lorsqu’elles sont composées d’idées simples qui peuvent effectivement être unies. Ce pourquoi le Centaure est chimérique : une tête de taureau ne peut se rencontrer sur un corps d’homme.


Locke reviendra sur cette question de la réalité de nos idées au livre IV de l'Essai sur l'entendement humain.

Les idées sont complètes ou incomplètes selon qu’elles représentent une partie ou la totalité de l’original réel (archétype) auquel elles se rapportent. Si nos idées simples et les modes sont complets, ce n’est pas le cas des substances.

Livre III : des mots

L’homme se sert de sons comme de signes de conceptions intérieures, de marques des idées que nous avons dans l’esprit, afin que par là elles puissent être manifestées aux autres 3. Telle est l’origine du langage.

Il serait impossible de devoir utiliser un nom pour chaque chose (du fait de notre mémoire limitée). C’est pourquoi les noms sont généraux, renvoyant à des idées générales : Tous les noms (excepté les noms propres) sont généraux, et ne signifient pas en particulier telle ou telle chose singulière, mais les espèces des choses 4.

Les mots sont des marques sensibles des idées (de celui qui s’en sert).


Mais comment se forment les idées générales auxquelles renvoient les mots ? Cela se fait par abstraction lorsqu’on sépare les circonstances du temps, du lieu, et de toute autre idée qui peut les déterminer à telle ou telle existence particulière 5.

L’idée générale désigne ce qui est commun à tous les particuliers qu’elle regroupe.


En montrant l’origine des idées générales, le mécanisme de leur formation (l’abstraction), l'auteur de l'Essai sur l'entendement humain veut s’attaquer au platonisme, qui affirme l’existence des Idées dans une autre réalité.

C’est donc dans une approche proche du nominalisme que Locke déclare que ce qu’on appelle général et universel n’appartient pas à l’existence réelle des choses, mais [ …] c’est un ouvrage de l’entendement, qu’il fait pour son propre usage et qui se rapporte uniquement aux signes 6.

De ce fait, il ne faut pas prendre au sérieux tout ce mystère des genres et des espèces dont on fait tant de bruit dans les Ecoles , et qui se réduit uniquement à la formation d’idées abstraites, auxquelles on donne certains noms 7.


Le genre et l’espèce d’une chose représentent son essence nominale, que Locke oppose à essence réelle.

Cette distinction célèbre essence réelle / essence nominale peut se résumer comme suit :

- l’essence réelle est la constitution intérieure, réelle et inconnue d’une chose, d’où dépendent les qualités qu’on peut y découvrir.

- l’essence nominale au contraire est le genre et l’espèce d’une chose. Ainsi Socrate est un homme. C’est là ce qu’il est, son essence, et il s’agit de son espèce, signifiée par un nom.

Mais ce qui vient singulariser Socrate, qui n’appartient qu’à lui, et à aucun autre homme, c’est là son essence réelle.


L’essence réelle est identique à l’essence nominale pour les idées simples et les modes, comme un triangle, mais pas pour les substances.

L’essence réelle est périssable (elle périt avec la fin de la chose), tandis que l’essence nominale est impérissable (même si le mouton périt, l’espèce « mouton » reste identique).

1 livre II, 30, §1, p.296
2 ibid.,§2
3 livre III, 1, §2, p.323
4 livre III, 1, §6, p.324
5 livre III, 3, §6, p. 329
6 livre III, 3 §11, p.332
7 livre III, 3, §9, p.331