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couverture du livre Essai sur l'entendement humain de Locke

Résumé de l'Essai sur l'entendement humain (page 7)


Locke cherche à identifier les limites de notre connaissance. Notre ignorance vient de notre manque d’idées, du manque de liens visibles entre nos idées, ou du manque d’examen de notre part de celles-ci.

Il revient sur l’objection : si notre connaissance ne porte que sur nos idées, comment savoir si des choses existent réellement dans le monde extérieur, au fondement de ces idées ? Peut-être sommes-nous, comme dans un rêve, confrontés à des représentations fictives qui ne renvoient à rien de réel ?

La connaissance telle que la décrit Locke n’est-elle pas une sorte de château en l’air 1?

En fait, il y a bel et bien une connaissance médiate des choses (par l’intermédiaire de nos idées).


Deux sortes d’idées sont assurément en concordance avec les choses :

- les idées simples, puisque ainsi qu’on l’a vu au livre II, l’esprit ne peut les fabriquer lui-même mais les reçoit passivement par l’expérience extérieure.

De ce fait, les idées simples ne sont pas des fictions de notre propre imagination, mais des productions naturelles et régulières de choses existantes hors de nous, qui opèrent réellement sur nous 2.


- nos idées complexes, sauf celles de substances, ne sont ni vraies ni fausses. Elles n’ont pas à être conformes aux choses, elles sont elles-mêmes des archétypes produits par l’esprit même.

Ainsi ce qui n’est pas destiné à représenter autre chose que soi-même, ne peut être capable d’aucune fausse représentation 3.

Ce qui différencie ces idées complexes des chimères, c’est qu’elles sont des archétypes, c’est-à-dire que ce sont les choses qui visent la conformité à ces idées. Donc la conformité chose-idée est elle aussi assurée.


Locke prend l’exemple du triangle : le triangle peut ne pas exister dans la réalité, il est toujours vrai de l’idée d’un triangle que ses trois angles sont égaux à deux droits. Car ce serait vrai d’un triangle s’il existait : le mathématicien est assuré que tout ce qu’il fait sur ces figures, lorsqu’elles n’ont qu’une existence idéale dans son esprit, se trouvera aussi véritable à l’égard de ces mêmes figures si elles viennent à exister réellement dans la matière 4.

De même nos idées morales sont aussi des archétypes, et de ce fait, la connaissance morale est aussi capable de certitude réelle que les mathématiques.

Pour les idées complexes, donc, si les choses venaient à exister, elles seraient conformes à l’idée, donc idées et choses sont toujours conformes.


Cela n’inclut pas les idées de substance. En effet, celles-ci visent un archétype hors de l’esprit. Les substances, se rapportant à des archétypes qui existent hors de nous peuvent en être différentes 5. Ainsi par exemple, on peut supposer dans l’idée complexe d’une substance plus d’idées simples que celles qui la composent réellement. De ce fait, les idées de substance peuvent ne pas être (et souvent ne sont pas en fait) exactement conformes aux choses mêmes.

Notre connaissance d’une substance est fondée lorsque nous constatons par expérience que dans une chose cohabitent deux idées simples.

Alors toutes les idées simples que l’on voit coexister en une substance peuvent être en toute confiance jointes à nouveau et constituer ainsi des idées abstraites de substance, car tout ce qui a été une fois uni dans la nature, peut l’être encore 6.

Néanmoins, si l’idée ainsi formée est vraie, elle n’est peut-être pas une copie très exacte. Cette connaissance se révèlera assez limitée, mais dans ces limites, elle demeure une connaissance réelle.


Locke examine certaines modalités de la connaissance : les propositions universelles, les axiomes, le jugement, etc.

Il conclut que la connaissance que nous avons de notre propre existence nous vient par intuition, tandis que c’est la raison qui nous fait connaître clairement l’existence de Dieu et quant à l’existence des autres choses, on ne saurait la connaître que par sensation 7.

Cela l’amène à examiner les rapports de la croyance, de la foi et de la raison.


1 livre IV, 4, §1, p.464
2 livre IV, 4, §4, p.466
3 ibid., §5
4 livre IV, 4, §6, p.467
5 livre IV, 4, §11, p.469
6 livre IV, 4, §12, p.470
7 livre IV, 11, §1, p. 525