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couverture du livre l'Etre et le Néant de Sartre

Résumé de l'Etre et le Néant (page 6)


Sartre examine à présent la temporalité de la conscience, c’est-à-dire la manière dont le temps apparaît à la conscience.


Il faut comprendre présent, passé et avenir comme des moments structurés d’une synthèse originelle 1.
Cela est essentiel à la compréhension du temps : il faut l’aborder comme une totalité qui domine ses structures secondaires et qui leur confère leur signification 2.
Sinon, si l’on abstrait chacun de ses moments qu’on étudie isolément, on retombe dans le fameux paradoxe aristotélicien : le passé n’est plus, le présent s’évanouit aussitôt, le futur n’est pas encore, donc le temps n’existe pas.


Il est en fait faux de considérer que le passé n’est plus. Il est, mais n’agit plus. Un événement passé demeure à sa place, à sa date, pour l’éternité 3.

Je « n’ai » pas un passé, mais je « suis » mon passé. D’ailleurs, à ma mort, je ne serai plus que mon passé. Lui seul me définira :

Le repentir de la dernière heure est un effort total pour faire craquer tout cet être qui s’est lentement pris et solidifié pour nous. En vain ; la mort fige ce sursaut avec le reste 4.

Autrement dit, par la mort, le pour-soi se mue pour toujours en en-soi 5.

Si c’est au passé que je suis ce que je suis 6, et que le passé c’est la substance 7, alors, le passé n’est pas seulement un moment temporel, c’est avant tout une loi ontologique du pour soi (tout ce que peut être un Pour-soi, il doit l’être hors de portée de lui-même) 8.


Si le passé correspond à l’en soi, le présent correspond au pour soi. En tant qu’instant infinitésimal évanescent, il est à la fois chose qui est et qui n’est pas.

Enfin, il n’y a de futur que pour la conscience : L’en soi ne peut être futur 9 alors qu’ il n’est pas un moment de ma conscience qui ne soit défini par un rapport interne à un futur ; que j’écrive, que je fume, que je boive, le sens de mes consciences est toujours à distance, là-bas, dehors 10.

Ainsi il y a un futur parce que le pour soi a à être son être, au lieu de l’être, tout simplement 11.

La diaspora désigne la cohésion qu’a gardée le peuple juif, dans sa dispersion même. On peut reprendre cette image pour caractériser le mode d’être du pour soi : Le Pour soi est l’être qui a à être son être sous la forme diasporique de la temporalité 12. En effet, il se disperse dans les trois dimensions de la temporalité (passé, présent, futur), mais c’est ce qui le constitue.


Sartre peut à présent examiner les rapports de l’homme aux autres. C’est là un mode d’existence aussi fondamental que l’être-pour-soi : l’être-pour-autrui.

3ème partie : l’être-pour-autrui

Comment savoir si autrui existe réellement ? En effet, il faut prendre conscience de ce qui me sépare d’autrui :

L’âme d’autrui est séparée de la mienne par toute la distance qui sépare mon âme de mon corps, mon corps du corps d’autrui, le corps d’autrui de son âme 13.

De plus même si l’on admet une présence immédiate de mon âme au corps d’autrui, il s’en faut encore de toute l’épaisseur d’un corps que j’atteigne son âme 14.

Mon premier rapport à autrui est de le voir en tant que corps, comme un objet. Je le chosifie. Et lui aussi me chosifie, me considère en tant qu’objet.

En fait, il reste toujours probable qu’autrui ne soit qu’un corps 15, voire une machine, comme l’ont affirmé certains philosophes (La Mettrie), puisque pourquoi ne pas réduire l’ensemble des réactions du corps à des réflexes simples ou conditionnés ? 16.

Autrui me transforme en objet, puisqu’il n’a pas accès à ma conscience : Autrui se présente comme la négation radicale de mon expérience, puisqu’il est celui par qui je suis non sujet mais objet. Je m’efforce donc, comme sujet de connaissance, de déterminer comme objet le sujet qui nie mon caractère de sujet et me détermine lui-même comme objet 17.

1 II, 1, p.142
2 ibid.
3 ibid., p.144
4 ibid., p.150
5 ibid.
6 ibid., p.153
7 ibid., p.154
8 ibid., p.155
9 ibid., p.159
10 ibid., p.160
11 ibid., p.161
12 II, 2, p.178
13 3ème partie, I, 2, p.261
14 ibid.,
15 ibid., p.262
16 ibid.
17 ibid., p.267