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couverture du livre l'Imaginaire de Sartre

Résumé de l'Imaginaire (page 3)


Il existe dans le monde extérieur des objets que l'on nomme aussi des images (portrait, reflet dans un miroir, imitation). Sont-ils réellement des images ?

On peut distinguer l’image mentale de Pierre, dans laquelle certains détails sont oubliés ; la photo de Pierre, qui comporte tous les détails mais qui manque de vie ; et enfin la caricature de Pierre, où les détails sont faux (exagérés) mais dans laquelle il y a vie.

Les trois visent à me rendre présent Pierre. Pourtant c'est à la première que l'on réserve le nom d'image. Est-ce juste ?

Dans la photo, la caricature, la matière peut être perçue par elle-même : il n'entre pas dans sa nature propre qu'elle doive fonctionner comme matière d'images 1. La photo est une chose ; la caricature est une chose.


Pour qu'il y ait image, il faut toujours une intention : je peux percevoir la photo comme un simple rectangle de couleur. Pour que j'y vois Pierre, il faut qu’ un certain concours de ma part vienne animer ce bout de carton, lui prêter le sens qu'il n'avait pas encore. Si je perçois Pierre sur la photo, c'est que je l’y mets 2.

Sartre propose donc cette définition de l'image : l'image est un acte qui vise dans sa corporéité un objet absent ou inexistant à travers un contenu physique ou psychique qui ne se donne pas en propre, mais à titre de « représentants analogiques » de l'objet visé 3.


Tout objet est susceptible de fonctionner comme réalité présente ou comme image 4 : la photo de Pierre n'est plus l'objet concret que me fournit la perception : elle sert de matière à l'image.

La psychologie classique confond souvent signe et image.

Je pense Pierre dans le tableau. Ceci veut dire que je ne pense pas du tout le tableau : je pense Pierre. 5

Dans différents types d'images comme les mimes, les portraits, etc., il s'agit d'animer certaines matières pour en faire la représentation d'un objet absent ou inexistant. La matière n'était jamais l'analogon parfait de l'objet à représenter : un certain savoir venait l'interpréter et combler ces lacunes. Ce sont ces éléments corrélatifs, matière et savoir qui ont évolué d'un cas à l'autre 6.

Le probable

Comme on vient de le voir une image ne saurait exister sans un savoir qui la constitue 7


La psychologie a fait de grands progrès grâce à Brentano, Husserl, Scheler.

Pour la vieille école française, un sentiment, ou état affectif, n’était en effet autre chose que du vécu.

Cela coupe radicalement le sentiment de son objet. Le sentiment est présenté comme une sorte de tremblement purement subjectif et ineffable. C'est la subjectivité pure, l'intériorité pure 8.

Les états vécus ne sont autre chose, dans cette approche, que des flux de qualités subjectives, inexprimables. Les sentiments n'ont pas d'objet.

Le lien entre mon amour et la personne aimée n’est au fond pour Proust et ses disciples qu'un lien de contiguïté : On a isolé le sentiment de sa signification 9.


En fait il n'y a pas d'état affectif, mais des consciences affectives.

Une joie, une angoisse, une mélancolie sont des consciences 10, qui sont, comme toute conscience, consciences de quelque chose.

Les sentiments sont des intentionnalités spéciales, ils représentent une façon -parmi d'autres- de se transcender […] La haine est haine de quelqu'un, l'Amour est amour de quelqu'un 11.

Sartre propose une expérience : Essayez de réaliser en vous les phénomènes subjectifs de la haine, de l'indignation, sans que ces phénomènes soient orientés vers une personne haïe, sur une action injuste, vous pourrez trembler, rougir, votre état intime sera tout sauf de la haine 12.

Mais l'objet n'est pas visé comme l'objet d’une représentation intellectuelle : Le sentiment vise un objet mais il le vise à sa manière qui est affective.

Le sentiment de haine est conscience de Paul comme haïssable : Le sentiment se donne comme un genre de connaissance […] Si j'aime les longues mains blanches et fines de telle personne, cet amour qui se dirige sur ses mains, peut être considéré comme des façons qu'elles ont d'apparaître à ma conscience 13. Il ne s’agit pourtant pas d’un type de connaissance intellectuelle.

1 II, 1, p.42
2 ibid., p.44
3 ibid., p.46
4 ibid., p.46
5 II, 2, p.54
6 II, 7, p.104
7 2nde partie, I, 1
8 I, 2, p.136
9 ibid., p.137
10 ibid.
11 ibid.
12 ibid.
13 ibid., p.138