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couverture du livre L’Ancien Régime et la Révolution

Résumé de : L’Ancien Régime et la Révolution


Que penser de la Révolution française ? Comment analyser cet événement qui semble défier toutes les grilles de lecture ?

Telle est l'entreprise audacieuse à laquelle se livre Alexis de Tocqueville dans cet ouvrage, un grand classique de la philosophie politique.



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Comme il le souligne lui-même dans son avant-propos, Tocqueville propose dans cet ouvrage non pas une histoire officielle de la Révolution française, mais une étude de mœurs de cette Révolution et surtout de l’Ancien Régime qui la précède.

A travers une étude d’archives disparates composées des cahiers de doléance des derniers Etats Généraux, des procès-verbaux d’assemblées provinciales, de correspondances des ministères et préfectures, il cherche à comprendre, par-delà la surface des institutions officielles, la manière dont se conduisait les affaires, la pratique vraie des institutions, la position exacte des classes vis-à-vis les unes des autres, les conditions et les sentiments à l’origine des opinions et des mœurs qui ont conduit tout un peuple à basculer dans la Révolution.

Tocqueville montre que les idées et les sentiments de la société française, loin de surgir de la Révolution, étaient en réalité déjà présentes et sont même à l’origine de cet évènement. Loin de faire table rase du passé, la Révolution reconduit ou recompose un grand nombre de lois et d’habitudes de l’Ancien Régime. Pour atteindre son but d’une égalité des conditions, elle s’appuie sur un appareil d’Etat construit patiemment par l’ancienne monarchie.


L’ouvrage est divisé en 25 chapitres sous forme de questions qui sont autant de paradoxes et d’énigmes résolus par Tocqueville. Il explique pourquoi la Révolution, en germe sur tout le continent européen, s’est produite en premier lieu en France et comment une monarchie sûre d’elle-même a pu s’effondrer de façon si complète et si rapide.

Tout en l’estimant inévitable, Tocqueville n’ignore pas la face sombre du processus révolutionnaire qui, en détruisant les corps intermédiaires traditionnels, retire aux citoyens toute passion commune ou besoin mutuel, isole les individus et encourage la seule défense des intérêts particuliers. La quête de richesse devient l’unique valeur et favorise le désintérêt pour les affaires publiques et favorise la mise en place de nouveaux régime liberticides, bien loin des ambitions initiales de la Révolution.

L’attachement à la liberté constitue pour l’auteur l’unique antidote à cette pente naturelle des sociétés humaines.

Une religion révolutionnaire (Livre I - Chapitres 2 et 3 et Livre II – Chapitre 14)

Tocqueville commence par expliquer que, contrairement à l’opinion répandue, la Révolution n’est pas avant tout irréligieuse.

Si la Philosophie des Lumières qui la sous-tend s’en prend au christianisme, c’est plus comme institution politique, comme Eglise, que comme doctrine religieuse.

Les écrivains ont conçu un système théorique de gouvernement pur à laquelle l’Eglise fait obstacle, quelle que soit la religion qu’elle professe, de par son attachement aux traditions, sa croyance en une autorité supérieure à la Raison, et son goût pour la hiérarchie.

De plus, les philosophes ont des raisons personnelles de s’en prendre à cette institution puisqu’elle est en charge de la censure qui les incommode au quotidien, bien qu’elle soit la plus tolérante d’Europe.

C’est ainsi que les écrivains français développent une doctrine antireligieuse, contrairement à ce qui prévaut en Amérique et en Angleterre.

La foi religieuse est remplacée par une croyance illimitée en la puissance de l’homme et sa capacité à changer la société qui marqua le tempérament de la Révolution.


Le caractère particulier de la Révolution française est sa dimension universaliste, à l’image des révolutions religieuses.

La religion prétend régler les rapports de l’homme, indépendamment des lois, coutumes et traditions de son pays ou de son époque, avec Dieu et les autres hommes.

La Révolution fait de même en considérant le citoyen de façon abstraite et en recherchant quels sont ses droits et devoirs en matière politique. Ce nouveau modèle peut s’appliquer à tous les hommes, ce qui inspire le prosélytisme et la propagande, et tend à devenir une nouvelle religion.

Tocqueville déplore néanmoins qu’en abolissant dans le même temps les lois civiles et les lois religieuses, la Révolution encourage le fanatisme dans une partie de ses rangs.


Auteur de l'article :

Jérôme Dugué, banquier, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes.