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couverture du livre L’Ancien Régime et la Révolution

Résumé de L’Ancien Régime et la Révolution (page 6)

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Comment la Révolution est sortie d’elle-même de ce qui précède (Livre II – Chapitre 20)

Tocqueville résume dans ce dernier chapitre comment la Révolution a pu surgir de l’Ancien Régime.

C’est en France que le système féodal a le plus perdu ce qui pouvait protéger et servir la population, sans se départir du système des privilèges.

La noblesse n’administre plus rien mais ses privilèges sont renforcés ce qui enflamme la passion démocratique du peuple.

Le gouvernement du roi a aspiré la totalité du pouvoir et Paris conduit le pays tout entier, rendant le pays à la merci de la moindre émeute puisque plus rien ne peut s’opposer à celui qui s’empare de l’administration centrale.

L’inexpérience de la vie politique est telle que personne ne perçoit les dangers du mouvement révolutionnaire et l’on embrasse la vision des philosophes qui ne cherchent pas à trier entre les bonnes et les mauvaises lois mais souhaitent installer un tout nouveau système de gouvernement, débarrassé des anciennes traditions et notamment de l’Eglise.

La haine de l’inégalité l’emporta rapidement sur l’amour de la liberté et un gouvernement encore plus absolu que celui des Rois ressuscita du cadavre de l’Ancien Régime.

Conclusion

L’Ancien Régime et la Révolution est le premier livre d’une plus grande œuvre que Tocqueville n’a pu achever avant son décès. Ce qui explique pourquoi il est essentiellement centré sur la description d’un Ancien Régime et que l’évènement révolutionnaire n’y est qu’effleuré.

L’intérêt de l’ouvrage est qu’il va à contre-courant de nombre d’idées reçues sur l’Ancien Régime diffusées par le « catéchisme révolutionnaire ». S’il ne nie pas les multiples injustices dont étaient victimes les paysans, il souligne également que la France prérévolutionnaire est un des pays les plus prospères et les moins répressifs d’Europe.

Paradoxalement, c’est cette relative prospérité et les bons sentiments de la classe dirigeante qui encourageront la naissance d’une Révolution.


Tocqueville a une prétention d’objectivité qui s’illustre dans sa méthode d’études d’archives et il parvient à faire preuve de distanciation dans sa description des vices et des vertus des différentes classes composant l’Ancien Régime.

Il n’est néanmoins pas difficile de ressentir la nostalgie qu’il éprouve pour la position occupée la classe aristocratique dans l’Ancien Régime et une liberté politique malmenée par l’absolutisme monarchique et démocratique.

L’ouvrage brille dans sa description de nombreux éléments qui caractérisent encore aujourd’hui le « modèle français » : l’hyper-centralisation administrative et la faiblesse des corps intermédiaires, l’inflation fiscale, la préférence pour l’égalité, la montée de l’individualisme et l’archipélisation de la France en de multiples groupes, le goût pour les systèmes politiques abstraits, la propension à blâmer le gouvernement de tous les maux tout en sollicitant continuellement son secours…

Les explications des origines fiscales de l’absolutisme monarchique et de la haine de l’inégalité, toujours vivace en France, sont particulièrement éclairantes.

Quelques réformes menées durant les dernières décennies précédant 1789 ont certes accéléré le processus, mais le livre insiste sur les origines historiques très lointaines qui aboutissent, bien involontairement, à la bascule révolutionnaire.


Selon Tocqueville, la continuité, bien plus que la rupture, prévaut entre l’Ancien Régime et la Révolution qui ne fait que reconduire, sous d’autres formes, la domination de l’Etat central sur la société civile et l’individu.

Cette thèse sera bien entendu reprise par François Furet dans son étude de la Révolution.

Il est enfin important de noter que, sur la forme, l’ouvrage impressionne par la fluidité du style, le sens des formules et l’humour dont fait preuve Tocqueville.


Auteur de l'article :

Jérôme Dugué, banquier, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Rennes.