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couverture du livre l'Esthétique de Hegel

Résumé de l'Esthétique (page 2)


L’art ne relève pas de l’imagination, mais de la pensée ; plus précisément de la pensée incarnée dans le sensible ; donc la pensée peut le prendre comme objet :

Les œuvres d’art ne sont pas des pensées et des concepts mais des développements du concept par lui-même et des aliénations dans le sensible 1.

L’ensemble de cette argumentation montre donc que l’art peut être objet d’une science : l’esthétique.

A présent, il s’agit de se demander à quoi peut ressembler une telle science.


Celle-ci doit éviter deux écueils : elle doit se distinguer à la fois de l’histoire de l’art et de la philosophie abstraite du beau, deux disciplines qui ont l’art pour objet mais le traitent de manière inappropriée pour Hegel.

L’histoire de l’art part du particulier et de l’existant, trouve son point de départ dans l’empirique 2.

Cette discipline essaie de déduire de l’étude des œuvres d’art existantes des théories sur le beau. Mais une telle façon de procéder ne peut aboutir qu’à des réflexions communes et banales, des préceptes trop généraux, donc triviaux. Un exemple qu’en donne Hegel est la réflexion d ‘Horace : Il a remporté tous les suffrages, celui qui a su mêler l’utile à l’agréable 3.

De plus, on sait depuis le Traité de la Nature humaine de Hume que l’expérience ne peut fournir des vérités nécessaires et universelles

Ainsi, ce n’est pas parce que jusqu’à présent, nous avons fait le constat expérimental que le soleil se lève chaque matin que nous pouvons en inférer une loi universelle selon laquelle le soleil se lèvera chaque matin.

De ce fait, si nous nous fondons sur l’expérience des œuvres d’art, nous ne pouvons pas découvrir des lois nécessaires et universelles en esthétique, nous nous trouvons sur un champ incertain et ouvert à toutes les disputes 4.

Hegel donne deux exemples de telles disputes sans fin ayant marqué l’histoire de l’art : celles qui ont entouré la notion de « caractéristique » de Hirst et de signification de Goethe.

De cela, Hegel conclut que l’esthétique, en tant que science du beau dans l’Art, ne doit pas se réduire à une simple histoire de l’art. Cette dernière présente néanmoins un intérêt, en termes d’érudition.


A l’inverse, la seconde approche, que Hegel appelle la philosophie abstraite du beau, dédaigne l’expérience de telle ou telle œuvre singulière, et cherche à connaître par elle-même le beau en tant que tel et à en pénétrer l’idée 5.

C’est Platon qui initie cette montée à l’universel, qui montre que les objets doivent être connus non dans leur particularité mais dans leur universalité, que le vrai n’est pas dans les bonnes actions individuelles, les beaux hommes individuels, mais qu’il est le bien, le beau, le vrai même 6.

Le problème de cette approche réside dans son abstraction. Même Platon ne peut nous satisfaire, compte tenu de l’absence de contenu qui caractérise l’idée platonicienne 7, et particulièrement celle du Beau, telle qu’elle est décrite dans le Banquet.


Ces deux approches nous montrent la marche à suivre : afin de saisir la vraie nature du beau, et constituer l’esthétique comme science, il s’agit d’unir ces deux démarches, et réunifier l’universalité métaphysique avec la détermination de la particularité réelle 8.

A quoi ressemblerait l’esthétique en tant que discipline ? Pour le déterminer, il faut saisir la nature exacte de son objet, le Beau : Ce n’est qu’après avoir déterminé ce concept que nous pourrons tracer la division, et par conséquent le plan de toute la science 9.


D’où tirer ce concept ? Traditionnellement, pour fonder la légitimité d’une science, il faut prouver l’existence de son objet, puis le définir. Ici, il nous faudrait donc nous demander : le beau existe-t-il, ou n’est-il qu’un simple plaisir subjectif ? Et en quoi consiste-t-il ?

Néanmoins, Hegel va rejeter la première question. Car prouver que le Beau existe nécessiterait un travail immense, qui dépasserait le cadre de la simple esthétique : c’est la tâche d’un développement encyclopédique de la philosophie toute entière de démontrer l’idée du beau 10.

Il suffit ici d’accepter l’existence du Beau comme une sorte de lemme 11, c’est-à-dire une proposition que l’on prend pour accordée.

1 p.63
2 p.65
3 Ars Poetica, 343
4 p.68
5 p.74
6 ibid.
7 ibid.
8 ibid.
9 p.75
10 p.78
11 p.77