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couverture du livre l'Esthétique de Hegel

Résumé de l'Esthétique (page 9)


c/ l’art romantique


Cette troisième forme d’art redétruit l’union accomplie de l’idée avec sa réalité, retourne à l’opposition des deux termes, mais sous un mode plus élevé.

Il s’agit de l’art chrétien.

Dans l’art classique, la statue du Dieu se donne comme représentant parfaitement le Dieu. La vérité de celui-ci est donc bien était la figure humaine corporelle 1 qui le représentait. Dans la statuaire chrétienne, à l’inverse, la figure humaine se donne comme représentation imparfaite de la vérité du Dieu, qui est l’Esprit.

Le contenu de la représentation n’est plus le corporel mais l’intériorité spirituelle. La vérité de l’art symbolique est l’intériorité consciente d’elle-même 2 : l’esprit.

Le contenu –l’esprit- n’est plus lié à la représentation –le corps- comme si elle lui correspondait. Et cette inadéquation devient consciente, à savoir que le Dieu apparaît comme excédant le sensible, dans son incarnation même ; nous prenons conscience de cette transcendance.

Si dans l’art romantique, l’absolu requiert l’extériorité pour s’exprimer (ce pourquoi il est bien réconciliation des contraires), le sensible est accepté, mais comme inessentiel et éphémère.


Chacune de ces trois formes d’art privilégie des types d’art (architecture, musique, etc.) différents.

Ainsi dans l’art symbolique, c’est l’architecture qui est l’art prédominant. Ce travail sur la matière, pour réaliser vainement l’Idée, est caractéristique des premières époques de l’humanité.

On cherche à spiritualiser la matière par la symétrie : Grâce à l’architecture, le monde extérieur est purifié, ordonné symétriquement, enfin rendu à l’esprit 3 .


Hegel utilise une métaphore pour illustrer le passage d’une forme d’art à l’autre. L’attention accordée par l’art symbolique à l’architecture permet de construire le temple du Dieu 4.

Mais le passage à la seconde forme d’art, l’art classique, permet que se présente dans ce temps, en deuxième lieu, le Dieu lui-même 5. En effet, c’est la sculpture qui prédomine à cette seconde époque de l’art, comme en témoignent les nombreuses statues de dieux grecs.


On parvient à l’art romantique lorsque l’architecte a érigé le temple, et que la main du sculpteur y a placé la statue du dieu, ce dieu y est confronté en troisième lieu, […] à la communauté .

Puisque le contenu est l’esprit, l’art montre celui-ci dans toute sa richesse ; le matériau de l’art a dû lui aussi s’enrichir. Il est devenu couleur, puis son, puis mot. La peinture, la musique et la poésie sont les types d’arts privilégiés dans l’art romantique.

On remarque que de la couleur au mot, le matériau lui-même devient de moins en moins sensible, se spiritualise de plus en plus.


Ces trois types d’art sont les moments universels de l’idée de la beauté 6.

C’est en tant que réalisation extérieure de cette idée que s’élève le vaste Panthéon de l’art, dont l’esprit du beau qui se saisit soi-même est le constructeur et l’architecte, mais que l’histoire du monde n’achèvera que dans son développement millénaire 7.


Fin de l’introduction.


1 p.141
2 ibid.
3 p.146
4 ibid.
5 ibid.
6 p.151
7 p.152