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couverture du livre l'Esthétique de Hegel

Résumé de l'Esthétique (page 4)


Hegel prend l’exemple, dans ce célèbre passage, de l’enfant qui jette des pierres dans l’eau. Les cercles qui sont alors créés représentent une partie de lui-même, et de ce fait il se contemple lui-même, mais indirectement, dans son œuvre.

De même dans l’œuvre d’art, l’homme créateur prend conscience de lui-même :

Le besoin universel de l’art est donc le besoin rationnel qu’a l’homme d’élever à sa conscience spirituelle le monde extérieur et intérieur pour en faire un objet dans lequel il reconnaît son propre moi 1.


2/ l’art en tant que produit pour la faculté sensible de l’homme


Hegel examine le second moment de la définition traditionnelle de l’art, selon lequel l’art s’adresse à la faculté sensible de l’homme.

Selon cette conception, l’art est destiné à éveiller le sentiment, en particulier celui de l’agréable.

Des interrogations spécifiques à cette approche de l’art apparaissent alors. Par exemple : l’œuvre d’art doit-elle éveiller des sentiments a priori négatifs comme la peur ou la compassion ? Ou encore : comment est-il possible que l’on prenne un plaisir esthétique devant des toiles représentant des cadavres, des tragédies, etc. ?


Cette approche, dont Mendelssohn est pour Hegel un éminent représentant, ne mène pas loin. Car le sentiment, en son immédiateté, reste indéterminé donc abstrait :

Le sentiment est la région obscure et indéterminée de l’esprit ; ce qui est ressenti reste enveloppé dans la forme la plus abstraite de la subjectivité individuelle 2.

Ainsi la peur ne conditionne par elle-même encore aucun contenu, elle peut au contraire accueillir en elle des choses très diverses et opposées 3.

Donc toute étude de l’art reposant sur l’analyse des sentiments qu’une œuvre d’art suscite ne peut qu’être frappée par cette même indétermination, et reste vide de contenu.

A cela, Hegel propose plutôt de plonger en profondeur dans la chose, dans l’œuvre d’art, et d’abandonner ainsi la simple subjectivité et ses états 4.

Certes on peut imaginer un sens éduqué de la beauté : le goût. Mais celui-ci reste une façon de sentir immédiate. Certes, l’esthète est capable de disserter avec finesse sur les sentiments que l’œuvre qu’il contemple lui procure. Mais là où se déclenchent les grandes passions et les émotions d’une âme profonde, il n’y a plus de place pour les subtiles distinctions du goût et son petit commerce de minuties ; celui-ci sent sur ce terrain avancer le génie, et reculant face à sa puissance, il perd toute certitude et maitrise de soi 5.


Hegel examine alors la démarche opposée, qui consiste dans l’étude pure et simple de l’œuvre d’art comme chose. C’est celle de l’érudit, du connaisseur, qui étudie les caractéristiques objectives de l’œuvre, comme le lieu et l’époque de création de l’œuvre, la personnalité de l’artiste, etc.

Certes, l’érudition est indispensable pour accéder à la connaissance déterminée, voire à la jouissance même d’une œuvre d’art. Mais elle ne représente pas la dimension suprême du rapport qu’entretient l’esprit avec une œuvre d’art 6.

En fait l’érudit peut tout connaître d’une œuvre, sans rien savoir de sa vraie nature (par exemple, le fait que l’art soit la manifestation du divin, etc).


Ces deux approches opposées ont montré leur caractère également insatisfaisant.

Hegel propose une idée qui concilie celles-ci : l’œuvre d’art s’offre à la sensibilité, mais est une chose sensible qui est en même temps destinée essentiellement à l’esprit 7.

En fait, le sensible a plusieurs façons de se rapporter à l’esprit.

La sensibilité proprement dite est la faculté de toucher, voir, entendre, etc. Puis elle cherche à se réaliser dans les choses, de manière sensible : c’est le désir.

L’être désirant sacrifie les choses pour sa propre satisfaction. Le désir détruit la chose désirée : non seulement l’apparence superficielle des choses extérieures, mais les choses elles-mêmes, dans leur existence sensible et concrète 8. C’est particulièrement la liberté de la chose que l’être désirant cherche à détruire : Il ne peut laisser à l’objet sa liberté parce que son impulsion la pousse à détruire cette autonomie et cette liberté des choses extérieures, et à montrer que celles-ci n’existent que pour être détruites et consommées 9.

1 p.86
2 p.87
3 ibid.
4 ibid.
5 p.89
6 ibid.
7 p.90
8 p.91
9 ibid.