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couverture du livre l'Esthétique de Hegel

Résumé de l'Esthétique (page 8)


En fait, l’absolu en lui-même, ce qu’il est, son contenu, se forme petit à petit ; il n’est pas donné dès l’origine, mais se déploie dans son être dans l’Histoire, ainsi qu’il est expliqué dans la Phénoménologie de l’esprit ou la Raison dans l’Histoire.

A ce progrès du contenu, correspond une évolution des formes dans lesquelles celui-ci se manifeste, dont les différents types d’art.


C’est précisément ce qui explique le progrès de l’art, le fait qu’à travers les époques les formes d’art aient sensiblement évolué :

Avant d’accéder au vrai concept de son essence absolue, l’esprit doit franchir une série de paliers qui se basent sur ce concept même, et à cette progression du contenu, que l’esprit se donne lui-même, correspond une progression immédiatement connue des formes de l’art, dans lesquelles l’esprit, en tant qu’esprit artistique, se donne à lui-même la conscience de soi 1.

L’art a donc pour fonction de dévoiler un contenu, celui de l’Esprit en train de se former.


Donc il est faux de croire que l’œuvre d’art peut présenter n’importe quel contenu. On ne peut dire peu importe que cette idée soit celle-ci ou celle-là, pourvu que la forme réelle, quelle qu’elle soit, représente exactement cette idée déterminée 2. C’est là confondre exactitude et vérité.

D’autre part, l’art est limité, à chaque époque, au stade de formation de l’Esprit auquel celui-ci est parvenu. Dans les premiers temps de l’Histoire, l’Esprit ne s’est pas encore formé. De ce fait les formes d’art primitives restent informes, car elles reflètent l’indétermination de l’Esprit.

Enfin, l’imperfection d’une œuvre d’art n’est jamais subjective mais l’imperfection de la forme résulte de l’imperfection du contenu 3.

A l’inverse, plus les œuvres d’art sont excellentes, plus profonde est la vérité intérieure de leur contenu et de leur pensée 4.

On a donc ici une doctrine qui fonde la beauté objective d’une œuvre d’art sur l’Histoire.


Le progrès de l’art parvient ultimement à une harmonie de l’Idée (ou Esprit, Dieu ou absolu) et de la forme artistique :

Ce n’est que dans l’art le plus élevé que l’idée et sa représentation correspondent vraiment l’une à l’autre, ou l’idée que la forme exprime est à son tour le vrai 5.

Pour résumer : Les formes de l’art ne sont rien d’autre que les différents rapports entre la forme et le contenu, rapports qui procèdent de l’idée même 6.


On peut distinguer trois principaux types d’art :


a/ l’art symbolique

Au commencement, l’idée, encore indéterminée, devient le contenu des formes artistiques.

Mais son abstraction et son unilatéralité laissent la figure extérieurement déficiente et arbitraire 7.

Cette première forme d’art représente donc plutôt une recherche de représentation que la possibilité d’une vraie représentation.

Dans l’art symbolique, l’idée n’a pas encore trouvé en elle-même la forme, c’est pourquoi elle y aspire et lutte pour l’obtenir 8. Ou encore : l’idée se cherche dans les formes mais elle ne se trouve pas (car elle reste indéterminée). Alors, inquiète, elle élève les formes naturelles même jusqu’à l’indéterminé et au démesuré ; elle chancelle de l’une à l’autre, elle frémit et fermente en eux, elle leur fait violence, les déforme et les exagère jusqu’à les dénaturer 9.

Cette forme d’art, caractéristique de l’Orient (Chine, Egypte, etc.), crée des œuvres d’art bizarres, grotesques, difformes, démesurées : Elle cherche à élever le phénomène à l’idée par la dispersion la démesure et le luxe des images 10. On pense par exemple aux pyramides.

Ce qui définit l’art symbolique : Mystère et sublimité 11.


b/ l’art classique

Cette forme d’art apparaît lorsqu’on parvient à une incarnation adéquate de l’idée dans la forme appropriée.

Mais ce n’est pas n’importe quel contenu, ni n’importe quelle forme.

Le contenu est l’Esprit, et la forme la figure humaine, puisque l’idée est la spiritualité, non pas abstraite mais déterminée : Puisque l’art a pour tâche de porter le spirituel à l’intuition de façon sensible, il doit procéder à cette humanisation, car le spirituel n’apparaît sensiblement de façon satisfaisante que dans son corps 12.


L’art classique est celui que l’on retrouve, de façon privilégiée, chez les Grecs. Les statues grecques (discoboles, athlètes, etc.) en sont une parfaite illustration.

Néanmoins, cette adéquation de la forme et du fond est en fait une limite de ce type d’art. Car il faut montrer au contraire que le contenu (l’esprit), dépasse, transcende, excède, la forme (la matière, le corps). C’est ce qui précipite le passage à la troisième forme d’art : l’art romantique.

1 p.132
2 p.134
3 p.134
4 p.135
5 p.135
6 p.136
7 p.136
8 ibid.
9 p.137
10 ibid.
11 p.138
12 p.139