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couverture du livre la Critique de la Raison pure de Kant

Résumé de la Critique de la Raison pure (page 3)


Il donne deux exemples : les jugements mathématiques (prenons la fameuse loi « deux droites parallèles ne se coupent jamais ») ou encore des lois telles que « tout changement doit avoir une cause »1.

Le changement, qui est un effet, est relié nécessairement à la notion de cause, or la relation de causalité (cause à effet), est l’une de nos catégories, ou concept pur de l’entendement.

« Contingent » est le contraire de « nécessaire ». Les jugements empiriques ou a posteriori sont contingents (le contraire est possible), les jugements a priori ou purs sont nécessaires.


D’où vient cette nécessité ?

Précisément du fait que ces concepts a priori constituent la forme de l’entendement. Donc on doit nécessairement les utiliser pour penser.

Reprenons notre métaphore : si l’on met des lunettes roses, on verra le monde en rose. Impossible pour nous de ne pas le voir en rose. La couleur rose devient un constituant nécessaire du monde. De même, les concepts a priori de notre entendement sont nécessairement utilisés pour notre expérience du monde et les jugements a priori qui se portent sur eux sont nécessaires.

Nous reviendrons sur ce point crucial par la suite. Le saisir, c’est faire un bond de géant dans la compréhension de la Critique de la Raison pure.


Retenons pour l’instant l’idée, qui reste à expliciter et fonder, que les jugements a priori sont nécessaires et universels, à la différence des jugements empiriques.


Ce serait une erreur de continuer notre lecture de l’Introduction. Nous sommes à présent armés pour lire et comprendre la Préface, ou plutôt les deux Préfaces de l’œuvre. Une fois cela effectué, nous pourrons alors revenir à l’Introduction et en lire la suite.


Revenons en arrière, et ouvrons donc la première Préface.


Le projet de la Critique de la Raison pure tient en son titre. Il est donc crucial de comprendre la signification de celui-ci : pourquoi un tel titre ?


Rappelons que la question examinée par Kant dans la Critique de la raison pure est la question épistémologique classique : « que pouvons-nous connaître ? » ou : « pouvons-nous atteindre la vérité ? ».

Kant pense qu’il y a une position intermédiaire entre le scepticisme (nous ne pouvons rien connaître) et le dogmatisme (notre connaissance des choses est réelle, idée que le dogmatique ne parvient pas à prouver et qui reste donc un dogme infondé).

Cette idée intermédiaire, c’est que notre connaissance est limitée : à l’intérieur de cette limite, notre connaissance est assurée, fondée. En dehors de celle-ci, elle est impossible.

Autrement dit : certaines disciplines représentent un savoir réel et certain, tandis que d’autres disciplines demeureront à jamais des spéculations, car leurs résultats ne pourront jamais être prouvés. Ce qu’il faut, c’est bien distinguer ces deux types de disciplines, et comprendre pourquoi les unes sont à placer du côté de la science, et les autres du côté de la simple croyance, ou de l’opinion.

Quels sont donc ces deux types de disciplines ?


On peut vérifier certaines théories par l’expérience. Ainsi, je peux vérifier que la théorie « cette pierre une fois lâchée, tombe » est vraie, en tentant, tout simplement cette expérience. On dit alors que cette théorie peut être confirmée « empiriquement ».

A l’opposé, il y a des théories qui dépassent ce que l’expérience peut nous apprendre. Car elles concernent des choses qui ne se trouvent pas dans notre monde physique. Par exemple : Dieu existe-t-il ? Ou y a-t-il une vie après la mort ? C’est uniquement en mourant, c’est-à-dire en quittant ce monde physique, que je le saurai. Tant que je vis, je n’aurai pas la réponse à ces questions, qui dépassent toute expérience possible dans ce monde.

Autrement dit, ce sont des questions meta-physiques (meta signifie : qui dépasse, extérieur et supérieur à). Elles dépassent l’expérience de notre monde physique, et ne pourront jamais être fondées sur celle-ci.


Une fois cela compris, on est plus à même de cerner la thèse de Kant : à la différence des autres disciplines, la métaphysique ne pourra jamais représenter une vraie connaissance. Elle représente simplement un ensemble de spéculations qui ne pourront jamais être vérifiées expérimentalement, et relève du domaine de la croyance. On a donc une séparation claire entre science et métaphysique.


1 Les références des citations sont disponibles dans l'ouvrage Kant : lecture suivie