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couverture du livre la Critique de la Raison pure de Kant

Résumé de : la Critique de la Raison pure

La Critique de la Raison pure est l’ouvrage fondamental de Kant, publié en 1781, dans lequel il analyse les différentes facultés de l’esprit, afin d’établir que notre connaissance ne saurait dépasser les limites de l’expérience.

Il entreprend de montrer que la métaphysique ne peut représenter une vraie science et qu’elle doit laisser place à la croyance.

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Du même auteur : Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique



La Critique de la Raison pure est un ouvrage difficile. En fait, cette difficulté tient principalement au fait que la Préface regorge d’allusions au contenu de l’ouvrage (de l’Introduction au dernier chapitre), qui restent incompréhensibles tant que l’on n’a pas lu celui-ci. Or la Préface dissuade souvent, du fait de ces nombreuses obscurités, de lire la suite !

Le plus simple est de commencer par l’Introduction. Celle-ci contient en effet des définitions et des distinctions essentielles. On reviendra sur la Préface une fois que l’on aura saisi leur sens. Ainsi les allusions contenues en celle-ci seront plus compréhensibles.


Cet ouvrage vise à répondre à la question : que pouvons-nous savoir ? C’est là une question classique de la théorie de la connaissance, examinée en particulier par Descartes, Locke, Hume. Nos idées correspondent-elles à quelque chose de réel, ou sont-elles fictives ? Le monde extérieur est-il réellement comme nous le pensons, et comme nous le voyons ? Nos théories sur le monde sont-elles vraies ?


Pour comprendre un auteur, il est souvent utile de savoir à quel autre auteur il s’oppose en premier lieu.


C’est à Hume, et plus généralement à l’empirisme, que Kant s’oppose, d’après ce qu’il dit lui-même.

Pour l’empirisme, l’esprit est comme une sorte de « table rase » (l’expression est de Locke), qui ne contient à l’origine aucune idée. On pourrait aussi dire : une sorte de tableau vide. C’est l’expérience qui est la source de nos idées et de nos connaissances. Par exemple, c’est en voyant la couleur rouge que l’idée de « rouge » entre en notre esprit. De même, c’est en faisant l’expérience du sentiment de la colère en nous que l’idée de « colère » se forme en notre esprit.

Les idées se forment donc par l’expérience, soit extérieure (celle du monde autour de nous) soit interne (quand l’esprit expérimente en nous certaines choses, comme pour l’exemple de la colère).

Les empiristes rejettent ainsi la théorie des idées innées selon laquelle nous naîtrions avec certaines idées déjà formées, comme celle de Dieu.


Kant s’oppose à la doctrine empiriste. Il remet en cause l'idée que l’esprit, l’intellect, ou plutôt, pour employer son vocabulaire, l’entendement, serait une sorte de milieu neutre dans lequel viendraient se former les idées.


Son idée est que l’entendement a une certaine forme. Cela signifie que l’entendement n’accueille pas les idées des choses extérieures sans les modifier, comme ce serait le cas si c’était une sorte de « table rase » neutre. En fait, pour devenir objet de connaissance, et se constituer en tant qu’idée, il faut qu’elles se modifient de manière à s’adapter à la forme de l’entendement.

Une image parlante serait celle du verre : pour pouvoir rentrer dans le verre, le liquide doit pouvoir prendre la forme de celui-ci, quelle qu’elle soit. De même, pour pouvoir se former en notre entendement, une idée doit pouvoir se plier à la forme de notre entendement.


Quelle est-elle ? Il s’agit d’un ensemble de concepts a priori, ou catégories. Ce sont des concepts fondamentaux, sur lesquels repose notre entendement en son fonctionnement même. En voici quelques exemples (nous en verrons plus tard la liste exacte) : qualité, quantité, causalité, etc.

Ainsi par exemple, un objet pour pouvoir être constitué comme objet dans notre intellect doit avoir une certaine quantité. Et de fait on voit que toutes nos idées d’objet correspondent à un objet un ou multiple, bref, doté d’une certaine quantité.

On voit intuitivement que l’idée de causalité a plus d’importance que l’idée par exemple de métal. La première est en effet un concept a priori de l’entendement, tandis que la seconde est un concept empirique. On pourrait imaginer être privé de l’idée de métal, mais l’idée de causalité est essentielle à notre intellect.

Que signifie concept « a priori » ? « A priori » signifie : qui précède l’expérience, et en est indépendant. Cela s’oppose à « a posteriori » qui désigne au contraire ce qui nous est apporté par l’expérience. « A posteriori » et « empirique » sont synonymes. De même que « pur » et « a priori » sont synonymes (un concept pur est un concept complètement a priori).

On comprend alors en quoi ces concepts fondamentaux de l’entendement sont des concepts « a priori ». En effet, ces concepts, en tant qu’ils constituent la forme de l’entendement, ne se forment pas en nous grâce à l’expérience. Au contraire, ce sont eux qui viennent permettre de penser tout objet d’expérience, et même de les constituer en tant qu’objet d’expérience.

Auteur de l'article :

Cyril Arnaud, fondateur du site Les Philosophes
Auteur des Fragments pirates, philosophie poétique, et Axiologie 4.0, philosophie des valeurs.

1 Les références des citations sont disponibles dans l'ouvrage Kant : lecture suivie