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couverture du livre la Critique de la Raison pure de Kant

Résumé de la Critique de la Raison pure (page 7)


Résumons : pour connaître quelque chose, il ne faut pas simplement faire des expériences passives (c’est là la conception naïve de la connaissance) mais organiser nos expériences, les provoquer et les analyser d’après nos connaissances a priori.


On sort donc d’une conception naïve de la connaissance, celle qu’on a tendance à avoir spontanément.

Voici comment Kant décrit ce passage à une conception plus élaborée de la connaissance :

Jusqu’ici, on admettait que toute notre connaissance devait nécessairement se régler d’après les objets ; mais toutes les tentatives pour arrêter sur eux a priori par concepts quelque chose par quoi notre connaissance eût été élargie ne parvenaient à rien en partant de ce présupposé. Que l’on fasse donc une fois l’essai de voir si nous ne réussirions pas mieux, dans les problèmes de métaphysique, dès lors que nous admettrions que les objets doivent se régler d’après notre connaissance 1.


Il s’agit donc là d’une sorte de renversement : ce n’est pas à notre connaissance de se régler sur les objets, ce sont les objets qui doivent se régler sur notre connaissance (ou encore sur nos concepts a priori), pour pouvoir être, précisément, connus (c’est-à-dire pour pouvoir être objets de connaissance).

Ce renversement fait penser à celui que Copernic a instauré en astronomie : ce n’est pas le soleil qui tourne autour du spectateur, mais le contraire.

C’est là un principe fondamental chez Kant : comprendre cela, c’est comprendre le projet même de la Critique de la Raison pure dans son ensemble. Malheureusement, ce que nous venons d’expliquer ne permet pour le moment qu’une vague pré-compréhension.


Tenons nous-en pour le moment à cette précompréhension et notons que pour Kant, ce renversement réussit à souhait et permet d’établir que nous n’avons jamais la possibilité avec ce pouvoir […] d’aller au-delà des limites de l’expérience possible.


Ici, la lecture de la 2nde préface doit s’interrompre. Ce qui suit contient nombre d’allusions à des points qui ne seront éclaircis que plus tard. Nous pouvons maintenant revenir à la suite de l’Introduction, en étant mieux armés.

Nous saisissons en effet à présent à quoi Kant fait allusion lorsqu’il se réfère aux connaissances qui abandonnent même le domaine de toutes les expériences possibles […] et ont l’apparence d’élargir l’étendue de nos jugements au-delà de toutes les limites de l’expérience : la métaphysique.

Les objets d’étude de la métaphysique, les problèmes de la raison pure, sont, pour synthétiser, Dieu, la liberté et l’immortalité.


Les réflexions métaphysiques ne peuvent être confirmées ou infirmées par une expérience. Ainsi, on a l’impression que notre connaissance peut s’agrandir à l’infini, puisque rien ne peut venir nous arrêter (nous contredire), ce qui inspire à Kant cette métaphore :

La colombe légère quand, dans son libre vol, elle fend l‘air dont elle sent la résistance, pourrait se représenter qu’elle réussirait encore bien mieux dans l’espace vide d’air.

Mais c’est une illusion : l’air représente certes une résistance au vol de la colombe, mais en est également la condition, puisque par sa résistance il porte celle-ci. De même l’expérience fonde la connaissance, tout en la limitant (en venant réfuter une théorie qui prétend au statut de connaissance).

Ainsi Platon : sa théorie du monde des Idées ne se fonde sur aucune expérience, puisqu’il s’agit précisément, pour découvrir ce monde, de quitter l’expérience du monde sensible. Mais ce faisant, il ne fait que s’aventurer dans l’espace vide de l’entendement pur, et ne remarqua pas que malgré tous ses efforts, il n’avançait nullement, car il ne rencontrait rien qui s’opposât à lui et qui [puisse] lui fournir pour ainsi dire un point d’appui.


1 Les références des citations sont disponibles dans l'ouvrage Kant : lecture suivie