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couverture du livre la Critique de la Raison pure de Kant

Résumé de la Critique de la Raison pure (page 4)


Cela est important car jusqu’alors, la métaphysique était considérée, du moins par la tradition scolastique, comme la reine des sciences. La supériorité de son objet (Dieu, etc.) tendait à laisser croire à la supériorité de ses résultats.

Avec Kant, la métaphysique est expulsée au contraire hors du domaine de la connaissance, et ne représente en rien une science ; cette position sera adoptée par l’ensemble des modernes. Ses objets, (Dieu, l’immortalité, etc.) sont rendus à la croyance, la théologie.


On est alors en mesure de comprendre le titre de l’ouvrage. Il suffit de saisir une nouvelle distinction kantienne, celle entre l'entendement, qui se contente d’analyser les données de l’expérience, et la Raison, la faculté supérieure de l’esprit qui, naturellement, s’élève au-dessus de l’expérience et forge des Idées (Dieu, etc.) qu’elle va analyser et prendre à tort pour des objets de connaissance.

« Pure » renvoie comme on l’a vu à l’idée d’ « a priori ». Un système métaphysique est en effet un ensemble de jugements a priori (ou « purs ») puisqu’ils ne peuvent se fonder sur l’expérience.

La « raison pure », c’est donc ce pouvoir de l’esprit qui nous amène à avoir des pensées métaphysiques.

Il s’agit d’en faire la « critique », c’est-à-dire de montrer que cette faculté de l’esprit ne peut constituer de vraie connaissance.

On comprend donc mieux à présent ce que Kant entend par Critique de la Raison pure. Le titre de l’ouvrage trouve maintenant son explication.


Commençons donc notre lecture de la première Préface, et découvrons ce texte qui à présent va nous sembler plus clair.

Kant commence par décrire le malheur de la raison : le fait de se poser des questions métaphysiques, qui ne pourront jamais être résolues car elles dépassent tout pouvoir de la raison humaine puisqu’elles dépassent tout usage empirique possible1.

Par exemple : Dieu existe-t-il ? Mais aussi : y a-t-il une cause première ou la chaîne des causes et des effets va-t-elle à l’infini ? Sommes-nous libres ? etc.

Ces questions sont insolubles, mais cela n’amène pas l’esprit à arrêter de les poser. Au contraire, cela donne lieu à des conflits incessants, celui des systèmes métaphysiques (celui de Platon, Leibniz, Spinoza, etc.) :

Le champ de bataille où se développent ces conflits sans fin s’appelle alors Métaphysique.


Ces systèmes étaient dogmatiques, puisqu’ils ne pouvaient prouver la vérité des premiers principes sur lesquels ils s’appuyaient. Ce qui fait que le scepticisme s’est développé, non seulement vis-à-vis de ces systèmes, mais au-delà de la possibilité de la connaissance elle-même.

On ne peut pourtant prétendre rester indifférent à ces questions métaphysiques. Cela intéresse chacun de savoir s’il est réellement libre, ou s’il y a une vie après la mort, par exemple.

Il faudrait donc établir un tribunal qui puisse, ainsi qu’on l’a vu, la garantir en ses légitimes présomptions, mais tout en sachant en revanche éconduire ses présomptions sans fondements. Autrement dit : identifier le type de propositions qui relèvent d’une connaissance fondée et celles qui relèvent de la croyance.

C’est là l’origine du projet de l’ouvrage : Ce tribunal n’est rien d’autre que la Critique de la raison pure.


C’est là un projet par nature humble, puisqu’il cherche à identifier les limites de la raison. Il s’oppose à la prétention du dogmatisme, à l’orgueil du métaphysicien, qui se fait fort d’élargir la connaissance humaine au-delà de toutes les limites de l’expérience possible, en s’engageant à démontrer la nature simple de l’âme ou la nécessité d’un premier commencement du monde.


La question principale de l’ouvrage, rappelons-le, reste toujours la suivante :

Que peuvent connaître, et jusqu’où peuvent connaître l’entendement et la raison, indépendamment de toute expérience ?


Comprenons que l’esprit va se prendre ici lui-même pour objet d’étude. L’entendement va examiner la manière dont il fonctionne lui-même. Mais c’est ce qui va faire la certitude des résultats obtenus.

En effet, si la raison s’examine elle-même, alors, pour en atteindre une connaissance détaillée, je n’ai pas besoin de chercher loin autour de moi, étant donné que je la rencontre en moi-même.

Ou encore : Rien ne peut ici nous échapper, puisque ce que la raison produit entièrement à partir d’elle-même ne peut se dissimuler.


1 Les références des citations sont disponibles dans l'ouvrage Kant : lecture suivie